Burkino- stratégie

DIA-26 août 2016: On parle souvent de sacrifier la liberté de chacun à la liberté collective. Stupidité ! Il n’y a pas de liberté collective : il n’y a que des libertés individuelles (Jean Charles Harvey).  

Quelque soit le support médiatique que je lis ou écoute, j’entends parler de cette polémique suscitée par le burkini. Je suis assez contente de voir qu’au Maghreb, ce sujet est considéré comme de moindre importance. Relater la possibilité de porter ou non le burkini ne relèverait que d’un bavardage sans fond. Quant aux anglo-saxons, ils s’interrogent pour savoir quelle mouche à bien pu piquer la France cet été : peut-être la dengue ? Ou peut-être même la fièvre du politique ? Je ne m’explique pas cela autrement que par une bonne vieille stratégie de communication politique comme on sait si bien les faire en France. Serait bien idiot le politicien qui ne surferait pas sur le débat le plus lucratif du moment ? Les gens ont peur, les gens écoutent et veulent qu’on les sauve car s’en est trop des bombes, de la crise, du chômage etc… etc…

Beaucoup de français seraient d’accord avec moi lorsque je dis que le burkini ressemble beaucoup plus à une tenue de plongée ou de surfer qu’à une tenue de sorcière ! Est-ce que la tenue de plongée dérange ? Ben non ! C’est super smart un surfer ou une surfeuse, c’est même sexy ! Mais une burkinette, c’est beaucoup moins attrayant… Pourquoi ? On se le demande ! Parce que c’est issu d’une autre culture ? Ce n’est pas encore la réponse qui justifie la haine des pouvoirs locaux sinon on aurait réagi au facekini des japonaises qui cherchent à garder leur peau de nacre. Tandis que la musulmane cache ses charmes, le surfer se protège de la violence du courant, les adeptes du maillot deux pièces ne sont en rien dérangées… elles bronzent toujours autant et soutiennent véhément leurs congénères voilées et leur droit d’usage de la plage. Où est le problème alors ?

Le problème est au-delà du vêtement, au-delà des habitudes de chacun, au-delà du burkini… le problème, c’est que le spectre du terrorisme islamique est derrière chaque visage maghrébin, chaque barbe, chaque jupe trop longue, chaque voile… sur la plage ou dans la ville. Voilà les conséquences de ces actes perpétrés par des barbares et qui sont reprises pour le compte d’ambitieux. Voilà comment d’autres instrumentalisent cette peur à des fins politiques. C’est dans ce climat de tension qu’a choisi, le champion d’enfoncement des portes ouvertes (Nicolas Sarkozy), pour annoncer sa candidature aux présidentielles. Celui qui a pour habitude de générer des problèmes qui colleront aux solutions toutes faites, préparées à l’avance et mises au frigo en attendant le bon moment pour les ressortir. Le spécialiste de l’Islam de France. Le nouveau législateur des Religions aseptisées. Celui qui a tout compris et qui répondra aux attentes de chaque français. Voilà que les pro-sarkozyste ratissent large surtout du côté des électeurs du Front National.

L’un des lieutenants est David Lisnard, un certain maire de Cannes ! Tiens Cannes mais ça nous dit quelquechose ! Ce dernier est en passe de réaliser une mission de haute importance. Deux ans de mandat et un seul crédo qui tourne en boucle, celui de vaincre les incivilités dans cette ville-rêve dont le paysage idyllique se passerait bien des chiffres exorbitants de la délinquance. Ainsi David Lisnard a pour challenge de faire de Cannes une ville laboratoire où se testera l’éternelle politique pro-policière de l’ancien parti de l’UMP et du, désormais, parti des Républicains. Les caméras urbaines sont légions, les effectifs de la police municipale sont augmentés et une police montée fait des rondes en continu dans le centre-ville. Connaissant un fort succès, la campagne « stop aux incivilités » étend ses prérogatives et s’adapte à l’air du temps.L’attentat de Nice et la peur qui s’en suit, suscite une politique préventive extrêmement dure et discriminatoire. L’arrêté promulgué à cet effet, a soigneusement été rédigé dans ce sens … grâce au climat de peur, on ne prend plus de gant !

Il est certain que derrière cet objectif noble visant à stopper l’incivilité se cache des méthodes dignes de la Mafia. Des politiques de bonnes mœurs qui ont tendance à semer la zizanie entre les communautés. Effectivement à trop vouloir gagner des voix, ils détruisent tous les efforts déployés après les attentats afin de promouvoir le « Vivre Ensemble ».

Il était évident que le Conseil d’Etat allait refouler cet arrêté discriminatoire mais en attendant la couverture médiatique dont il a fait l’objet a eu son petit effet. Ces professionnels de communication ont donné le ton de leurs objectifs politiques et ont dragué ainsi l’électorat adéquat. Une excellente stratégie s’est déroulée sous nos yeux réveillant la peur de certains et la solidarité d’autres. Entre les deux, les musulmans sur qui ont tape quand on veut faire passer un message…

Décidément certains politiques ne reculent devant rien, pas même de marcher sur les pas du Front National afin de renouveler leur mandat. La peur, la discrimination, la division sont des moyens comme les autres. Un électeur qui a peur est un électeur qui cède au plus offrant.

S.T