Disparition de Haddadou, un berbériste et linguiste prolifique - DIA
37895
post-template-default,single,single-post,postid-37895,single-format-standard,qode-listing-1.0.1,qode-news-1.0,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_grid_1400,footer_responsive_adv,hide_top_bar_on_mobile_header,qode-content-sidebar-responsive,transparent_content,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-4.12.1,vc_responsive

Disparition de Haddadou, un berbériste et linguiste prolifique

DIA-22 novembre 2018: Le spécialiste en linguistique Mohand Akli Haddadou s’en est allé un peu trop tôt. De l’humble avis de chercheurs et spécialiste l’ayant côtoyés , cette sommité du verbe amazigh, décédée lundi dernier suite à une longue maladie à l’âge de 60 ans, , aurait été d’un précieux apport à l’Académie algérienne de la langue amazighe dont la mise sur pied est prévue avant la fin de l’année 2018.  
A la salle des profs du département de langue et culture amazighe (DLCA) où enseignait le défunt, des enseignants évoquent un spécialiste en linguistique qui avait formé la majorité d’entre eux. Lydia Guerchouh, maître de conférences au DLCA, spécialité linguistique, qui a connu Mohand Akli Hadadou tout au long de son cursus universitaire d’abord comme enseignant, puis comme encadreur en Magistère, regrette une « grande perte » et un chercheur « indispensable » pour ce département où il a formé la plupart des enseignants.
Devenu son enseignant d’histoire de la langue amazighe au DLCA, elle garde de lui le souvenir d’un prof au visage angélique, toujours souriant, très compétent et disponible pour ses étudiants, mais aussi un militant engagé et sincère qui était attaché au message de Mouloud Mammeri dont il était l’élève et dont il disait qu’il était son père spirituel.
Ce qui a aussi marqué le collègue de cette enseignante, Kaci Saadi, c’était la grande culture de Mohand Akli Hadadou, un passionné de mythologie berbère. « Il était une encyclopédie pluridisciplinaire. Il nous enseignait l’histoire de la langue amazighe, le lexique berbère mais aussi il nous avait fait découvrir beaucoup de civilisations occidentales », se souvient-il.
Ce même enseignant a relevé que le défunt était en outre, un grand connaisseur de la culture musulmane, un volet, selon lui, peu connu du parcours de ce chercheur dont une des premières publications est « Le Rêve et son interprétation dans l’islam » (Alger, ENAL 1991) et qui avait également fait des traductions de quelques sourates du Coran.
Ouvert à toutes les langues et cultures, Mohand Akli Haddadou avait aussi une excellente maitrise du français et de l’arabe. Sa disparition est une grande perte pour le département et pour la culture algérienne arabo-berbéro-musulmane, a ajouté M. Saadi qui a observé que le chercheur encadrait 4 à 5 doctorants qui devront apprendre à poursuivre leur chemin sans lui pour honorer sa mémoire.
De son côté, Said Chemakh, enseignant-chercheur au département de langue et culture Amazighe de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a indiqué que le défunt était un homme de terrain dont l’ensemble des travaux sont importants et qui ne lésinait pas sur l’effort. « Il était parmi les premiers enseignants du département de tamazight en 1990, et sa production, prolifique du reste, s’inscrit dans la continuité des travaux de Mouloud Mammeri et Salem Chaker », a-t-il dit. 
Pour sa part, le directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de tamazight (CNPLET, relevant du ministère de l’éducation nationale), Abderrezak Dourari, a évoqué un homme d’ouverture dont l’engagement pour tamazight était aussi une « forme d’ouverture sur les autres cultures », ajoutant que  »malgré son handicap physique, il ne s’était pas incliné devant la difficulté et a même réussi à le dépasser grâce à son engagement dans le travail pour la préservation et la promotion de la langue et la culture amazigh ».
Une de ses étudiantes, Azzi Lamia, actuellement en Master II spécialité linguistique, évoque un enseignant disponible, ponctuel malgré sa maladie, et qui encourageait les étudiants à s’exprimer. « Lorsque nous présentions un exposé, il nous mettait toujours à l’aise. J’ai toujours le trac de présenter mon travail mais avec lui je n’ai jamais eu la moindre phobie. Il nous encourageait à nous exprimer en nous disant : exprimez vous même si vous pensez que ce que vous dite est faux », se souvient t-t-elle.
Rendant hommage à la mémoire du disparu, à l’ouverture, mercredi des travaux d’un colloque international sur « Le système de santé face à l’évaluation », le recteur de l’université Mouloud Mammeri a rappelé la modestie et la discrétion de Mohand Akli Haddadou qui a apporté sa touche et marqué la culture et la langue amazighe grâce à ses travaux qui on fait « avancer la langue amazighe », a-t-il dit. Une minute de silence a été observée en sa mémoire avant l’entame des travaux de cette rencontre.(APS)
0Shares