Elections législatives : Alliances et reconfiguration de la scène politique en vue - DIA
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Elections législatives : Alliances et reconfiguration de la scène politique en vue

DIA-13 mars 2017: Après plusieurs jours d’effervescence, la scène politique nationale s’est, depuis le 5 du mois en cours, sensiblement calmée. Une grande partie de l’agitation, provoquée essentiellement par la confection des listes électorales, que connaissaient les différents partis ayant annoncé leur participation aux Législatives du 4 mai prochain s’est, en effet, estompée ; l’opération en question s’étant achevée et les listes élaborées déposées, à la date-limite du 5 mois du mois courant, auprès des services compétents du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Sauf qu’il est attendu que cette effervescence reprenne de plus belle dans les tout prochains jours. La préparation de la campagne électorale et la mise en place de la logistique nécessaire pour sa réussite vont bientôt faire entrer les différents participants, parmi lesquels des « indépendants », dans une nouvelle « période agitée ». Ce qui, somme toute, est tout à fait normal : une élection étant, par essence, un moment privilégié pour ceux qui y prennent part pour davantage faire connaître leur programme et, substrat de celui-ci, leur vision du devenir du pays. La particularité de celle du 4 mai prochain est, à l’exception notoire des formations de la mouvance islamiste, l’absence d’alliances entre les partis devant y prendre. Même quand ceux-ci appartiennent à la même famille idéologique ou sont, conjoncturellement, proches. Une absence qui découle de la volonté, ouvertement exprimée, au demeurant, de leurs responsables respectifs de ne pas en contracter avant la tenue des prochaines législatives. Le cas le plus illustratif de cette volonté d’aborder en solo le prochain rendez-vous électoral est incontestablement celui des formations se réclamant du programme du président de la République. Ou qui ne font aucunement mystère de leur appui à ce dernier. Aussi bien le FLN, le RND et TAJ, pour le premier groupe, que le MPA et l’ANR, pour le second, se sont, en effet, inscrits dans cette démarche. Que le secrétaire général du MPA, a parfaitement explicité. Lors de sa dernière rencontre avec la presse, Amara Benyounès a déclaré que « son parti a préféré aller en solo aux prochaines législatives pour jauger de son poids auprès de l’électorat ». Et ce, non sans ajouter que « la question des alliances se posera après la proclamation des résultats ». Sauf que, l’une dans l’autre, ces deux déclarations/précisions laissent supposer que le souci de jauger de leurs poids respectifs auprès de l’électorat cache, pour les cinq formations précitées, un espoir quelque peu inavouable : celui de se présenter, le moment de la mise sur la table de la question des alliances, dans les meilleures conditions possibles. En clair, dans une position rendue forte par la concrétisation – souhaitée, pour certains, et attendue, par les plus forts – de l’espoir précité de bons résultats, qui leur permettrait de négocier au mieux, non pas leur défense du programme présidentiel ou leur appui à son concepteur, mais leurs places respectives dans l’alliance qui s’annonce : un regroupement de ces partis n’étant pas du tout à écarter après les Législatives du 4 mai prochain. Et ce, comme l’ont clairement laissé entendre, en maintes occasions, nombre de leurs responsables. Cette « alliance qui s’annonce », de par les contours de nouvelle Alliance présidentielle qu’elle prendrait immanquablement, peut expliquer, même si c’est en partie, les deux regroupements – la fusion entre le MSP d’Abderrezak Makri et le FC d’Abdelmadjid Menasra, d’un côté, et la coalition formée par le FJD d’Abdallah Djaballah, Ennahda de Mohamed Douibi et Harakat El-Bina d’Ahmed Dane, de l’autre –  qui se sont produits dans la mouvance islamiste ; des regroupements qui pourraient constituer une première étape dans la voie d’un rassemblement plus large de toutes les composantes de cette mouvance. Nombre d’observateurs de la scène politique nationale ne sont pas loin de penser, en effet, que la reconstitution d’une Alliance présidentielle, mais cette fois-ci, plus élargie, signifiera, à terme, et dans le cas où elle demeurera dispersée, un effritement plus grand de cette dernière et, dans un délai plus éloigné, un rétrécissement plus grand de son audience au sein de la société et, partant, une perte irrémédiable de son poids en tant que force politique. Sans être pour autant contre lesdits regroupements, une forte tendance au sein du MSP, incarnée par Abou Djerra Soltani, voit, pour son parti, du moins, l’évitement d’une telle perspective dans un retour dans le giron du pouvoir. Une position qu’elle n’est pas près d’abandonner surtout qu’elle semble convaincue que la fusion du MSP avec le FC va dans le sens de son renforcement: Menasra n’étant pas connu, en effet, pour être un opposant radical au pouvoir. Et ce, contrairement au président du MSP qui semble se complaire dans cette position. Une position à laquelle il semble tenir. En marge de la conférence de presse qu’il a animée le 8 mars dernier au siège de son parti, Abderrezak Makri a déclaré à DIA que la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique) « n’était pas morte et qu’après les élections du 4 mai, elle reprendrait ses activités ». Sauf que la précision sur le fait que la reprise des activités se fera après le rendez-vous électoral précité n’est pas fortuite. Tout indique, en effet, que cette reprise se fera en tenant impérativement compte des résultats qui en découleront. Comme le président du MSP est convaincu que son parti ne peut être que sur le podium, il ne faut pas être grand clerc pour déduire que, pour lui, « la CNLTD d’après le 4 mai » ne peut que s’inscrire dans la vision de son parti. Nul doute que de telles prétentions ne seront pas acceptées par l’autre poids lourd de la CNLTD qu’est le RCD. Surtout si, comme le clament ses responsables, il obtient des résultats satisfaisants.    Mais également leur partenaire dans l’ICSO (Instance de coordination et de suivi de l’opposition), Talaie El-Houriyet de l’ancien chef du gouvernement, Ali Bendflis. Qui a pris le soin, alors qu’il a décidé de boycotter l’élection du 4 mai prochain, de ne pas rejoindre « les fidèles à la Plateforme de Mazafran », un groupe de (petits) partis, membres de l’ICSO, qui a, dans une conférence de presse tenue le 15 février dernier, vertement dénoncé la participation des partis de la CNLTD à cette élection. Tous ces faits, auxquels il y a lieu d’ajouter l’état endémique de désunion qui caractérise les partis se réclamant du (mythique ?) camp démocratique, laissent entrevoir une reconfiguration du champ politique national. D’aucuns n’écartent pas, en effet, la possibilité que ce dernier, en l’absence d’un camp démocratique uni, pourrait se caractériser, au lendemain du 4 mai prochain, par l’émergence de deux pôles dominants : l’Alliance présidentielle élargie et une mouvance islamiste totalement ou en partie unifiée, auprès desquels évoluerait un ensemble de partis qui, tenant à leurs identités politiques respectives, refusent de rejoindre tout regroupement.

Mourad Bendris   

 

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