Huawei perd l'Amérique et une partie de l'Europe mais gagne l'Afrique - DIA
43066
post-template-default,single,single-post,postid-43066,single-format-standard,qode-listing-1.0.1,qode-news-1.0,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_grid_1400,footer_responsive_adv,hide_top_bar_on_mobile_header,qode-content-sidebar-responsive,transparent_content,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-4.12.1,vc_responsive

Huawei perd l’Amérique et une partie de l’Europe mais gagne l’Afrique

DIA-08 juin 2019: En signant, le 31 mai dernier un protocole d’accord avec Huawei, en pleine crise entre Washington et Pékin, l’Union africaine (UA) se positionne de facto contre les velléités de Trump dans cette guerre froide technologique autour du géant chinois. Pour l’Afrique, les enjeux sont importants.

C’est donc un pied au nez que l’UA vient de faire à Trump, qui n’a pas manqué de solliciter le soutien du continent vis-à-vis du géant chinois, allant jusqu’à proposer à certains pays africains une aide financière, en contrepartie de la fermeture de leur marché à Huawei.

D’abord, ce positionnement est stratégique. En effet, le géant chinois, à l’instar de la Chine, a tissé sa toile en Afrique avec une première conquête en 1998 au Kenya. Depuis, ce sont plus d’une quarantaine de pays africains qui utilisent les solutions du géant chinois. De Casablanca au Cap, d’Abidjan au Caire, en passant par Alger Huawei a su s’imposer.
En effet, Huawei est devenu en l’espace de quelques années, le second vendeur de smartphones en Afrique, avec une part de marché de 12,75%, derrière le coréen Samsung.
Plus important encore, le géant chinois a contribué très fortement à la mise en place et à la modernisation d’énormes pans de l’infrastructure informatique des réseaux de télécommunication d’une trentaine de pays africains, notamment dans les grands pays du continent: Afrique du Sud, Maroc, Egypte, Algérie, Cameroun, Ethiopie, Zambie, Angola, etc.

En outre, Huawei est engagé en Afrique dans des programmes portant sur les dernières technologies, notamment WCDMA, GSM, CDMA, NGN, Datacom, réseau à large bande, réseaux intelligents, vidéo surveillance, intelligence artificielle, internet des objets, etc.

Cette position dominante s’explique par le fait que Huawei est l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’infrastructures et d’appareils intelligents dans les domaines des technologies de l’information et des communications (TIC). Le géant chinois est l’un des rares à disposer des solutions intégrées dans quatre domaines: réseaux de télécommunications, technologies de l’information, dispositifs intelligents et cloud computing.
En clair, en matière de télécommunications, l’Afrique ne peut plus se passer du géant chinois qui domine très fortement le marché de la 4G et des infrastructures. Une domination qui s’annonce écrasante au niveau de la 5G naissante.
Aujourd’hui, Huawei est à l’origine de la construction de plus de 70% des réseaux internet 4G africains. Le géant chinois est également très bien positionné pour la 5G naissante, en accompagnant les géants des télécoms africains.
Cette domination de Huawei sur le marché africain s’explique par le fait qu’aucun autre fournisseur n’est capable de construire une infrastructure de télécommunication à un meilleur coût, de qualité supérieure et à ce rythme soutenu.
Ensuite, si l’Afrique est dépendante de Huawei, c’est qu’aussi la majorité des pays africains ne disposent pas suffisamment de ressources financières pour financer des projets colossaux dans les domaines des TIC. En conséquence, ces pays recourent à des prêts et à des subventions chinois.

L’Etat et les banques chinoises initient donc, globalement, les financements des grands projets réalisés par Huawei en Afrique, à travers des prêts à taux préférentiels, ce qui est loin d’être souvent le cas pour les armes européennes ou américaines, aux ressources beaucoup plus limitées et surtout devant répondre à certaines contraintes réglementaires.
En outre, Huawei bénéficie de l’impact de la coopération sino-africaine. Cette coopération s’est d’ailleurs renforcée au cours de ces dernières année pour faire de la Chine le premier partenaire économique de l’Afrique.
Depuis une décennie, la Chine est de loin le plus grand partenaire commercial de l’Afrique et aussi le premier investisseur au niveau du continent, très loin devant les Etats-Unis. Raison pour laquelle les forums Chine-Afrique sont les plus courues par les présidents et les chefs de gouvernement africains.
Il y a là de quoi, quand on sait que la Chine finance et construit plus de la moitié des infrastructures (barrages hydroélectriques, ports, aéroports, routes, ponts, centrales électriques, etc.) du continent.

A ce titre, lors du Forum sur la coopération sino-africaine de septembre 2018, la Chine a promu une aide de 60 milliards de dollars supplémentaires au développement du continent, dont 15 milliards de dollars d’aide gratuite et de prêts sans intérêts dans le cadre de son «Belt & Road initiative».
Il s’agit là d’un projet gigantesque, pour lequel tous les pays d’Afrique entendent tirer prot, comme en atteste la forte présence de 40 chefs d’Etat et de gouvernement au 2e Forum de coopération international Belt & Road, organisé du 25 au 27 avril dernier.
En outre, les pays africains étant souvent très endettés vis-à-vis de Pékin, à l’heure des investissements, ils n’ont pas d’autre choix hormis celui de recourir à l’aide de la Chine, très peu regardante sur les contextes sociaux et environnementaux, en matière de prêts octroyés.
C’est ainsi que depuis 2000, la Chine est devenue le principal créancier de l’Afrique. Les prêts accordés par le gouvernement, les banques et les entreprises chinoises ont dépassé 125 milliards de dollars, selon les données du cabinet américain China Africa Research Initiative (CARI, Université

A elle seule, la Chine pèse aujourd’hui plus de 15% de la dette extérieure globale africaine. De plus, de nombreux pays africains ayant peu de réserves en devises pour financer certains projets, la Chine offre des solutions avec des offres de financement taillées sur mesure, baptisées «Financement angolais». En contrepartie d’un prêt pour la réalisation d’un projet d’infrastructure, le pays africain accorde des concessions dans l’exploitation de ressources naturelles (pétrole, or, cobalt, gaz, fer, etc.) à la Chine.
Enfin, concernant le risque de sécurité, si cher aux occidentaux et selon lequel la technologie de Huawei, fondée en 1987 par un ancien ingénieur de l’armée chinoise, représente un risque pour la sécurité en permettant au gouvernement chinois d’espionner les entreprises et les pays, les Africains savent d’ores et déjà qu’ils sont impuissants face à cette situation.
D’ailleurs, l’année dernière, des accusations ont été portées sur la Chine, accusée d’espionner le siège de l’Union Africaine d’Addis-Abeba. Un siège, du reste, construit et offert par la Chine à l’Afrique et dont le système informatique est principalement installé par Huawei.
Selon des informations révélées en 2018 par le quotidien Le Monde, les informaticiens de l’institution panafricaine avaient découvert qu’entre minuit et 2 heures du matin, les serveurs étaient très actifs, alors que personne ne travaillait à ce moment-là dans l’immeuble abritant le siège de l’Union africaine.
Des données informatiques de l’organisation ont donc été transférées à plus de 8.000 kilomètres de là, vers des serveurs basés à Shanghai, mégalopole chinoise.

0Shares