LafargeHolc change de patron pour effacer le scandale syrien - DIA
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LafargeHolc change de patron pour effacer le scandale syrien

DIA-22 mai 2017: LafargeHolcim, fragilisé par un scandale en Syrie, a rapidement trouvé un successeur à la tête de sa direction. Jan Jenisch, l’actuel directeur général (CEO) du chimiste du bâtiment Sika, va prendre la tête du géant des matériaux de construction, remplaçant Eric Olsen, qui prend la porte après l’affaire syrienne. L’annonce a fait bondir le titre LafargeHolcim, mais plombé la porteur Sika.

Jan Jenisch occupera ses nouvelles fonctions à partir du 16 octobre, a indiqué LafargeHolcim lundi dans un communiqué. 

Jan Jenisch a rejoint Sika en 1996, où il a occupé diverses fonctions de management dans différents pays. En 2004, il a été nommé membre du Management Board en tant que responsable de la division Industrie. De 2007 à 2012, il a assumé la fonction de président AsiePacifique. Il a fait ses études en Suisse et aux Etats-Unis et est titulaire d’un MBA (lic. rer. pol.) de l’université de Fribourg, en Suisse. Il est administrateur non exécutif de la société cotée Schweiter Technologies SA ainsi que de la société privée Glas Troesch SA. 

Hormis de solides progrès dans la performance du chimiste de la construction sur les cinq dernières années, le dirigeant a également résisté à la prise de contrôle de Saint-Gobain.

En décembre 2014, les héritiers du fondateur de Sika avaient annoncé la cession de leurs actions, correspondant à quelque 16% du capital mais surtout à plus de la moitié des droits de vote, au concurrent français. Contesté par la direction et une partie du conseil d’administration, le projet n’a jusqu’à présent pas abouti, mais reste en suspens d’ici la décision du tribunal cantonal de Zoug cet été.

Jan Jenisch prendra la suite d’Eric Olsen, qui dirigeait le groupe depuis la finalisation du rapprochement entre les deux géants en juillet 2015.

SCANDALE EN SYRIE

En avril, M. Olsen avait annoncé sa démission précipitée pour apaiser la situation après un scandale en Syrie, bien qu’il n’en ait pas été tenu pour responsable par le conseil d’administration.

Une enquête interne avait dévoilé que Lafarge Cement Syria (LCS) avait versé à des intermédiaires en Syrie des paiements « inappropriés » entre 2013 et 2014 pour poursuivre ses activités dans le pays en guerre et limiter les exactions de divers groupes armés locaux envers les employés et les clients ou encore s’assurer un accès aux ressources nécessaires.

Selon le quotidien français « Le Monde », qui avait révélé l’affaire, ces arrangements avaient notamment profité à l’organisation État islamique (EI).

Les fonctions de M. Olsen, qui partira mi-juillet, seront assurées à titre intérimaire par le président Beat Hess.

De son côté, Sika a nommé Paul Schuler au 1er juillet pour prendre la suite de Jan Jenisch à la direction générale. M. Schuler travaille depuis une trentaine d’années pour Sika et dirige la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) depuis 2013. Il a contribué à l’amélioration de la performance de Sika et à l’intégration de plusieurs grandes acquisitions, a précisé le groupe dans un communiqué.

Dans la foulée de cette nomination, le chimiste du bâtiment a confirmé ses objectifs d’une hausse des ventes de 6% à 8% et d’une progression du résultat d’exploitation (Ebit) et du bénéfice net plus rapide que les ventes.

Sika pourra quoi qu’il arrive continuer à compter sur le « soutien total » de Cascade Investment et Bill & Melinda Gates Foundation Trust. Ces deux actionnaires de référence ont réaffirmé leur appui aux membres du conseil d’administration, à la direction et aux employés de Sika contre la tentative de reprise hostile du groupe français Saint-Gobain.

TENDANCES INVERSÉES

Le président Paul Hälg ne se laisse pas décourager par le départ de son directeur général. « Ce changement ne modifie en rien la détermination et l’engagement des membres indépendants du conseil d’administration et ceux de la direction dans leur combat pour un Sika indépendant », affirme-t-il dans une prise de position transmise à AWP.

A la Bourse suisse, les deux titres ont connu des fortunes diverses lundi. L’action LafargeHolcim a bondi de 6,3% à 57,85 CHF. A l’inverse, la porteur Sika a lâché 4,0% à 6070,00 CHF. Le SMI a progressé quant à lui de 0,69%.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), la nomination de Jan Jenisch à la tête de LafargeHolcim constitue une bonne surprise, le dirigeant étant un fin connaisseur de la branche. La phase d’incertitude est restée brève après le départ soudain de M. Olsen, ce qui est « positif ».

Kepler Chevreux a estimé que la nomination de Paul Schuler chez Sika est un « bon choix ». La solidité de la direction est ainsi préservée. Les analystes s’attendent à ce que 2017 soit profitable au groupe.

Baader Helvea a approuvé l’opération, rappelant que la réussite de Sika n’est pas liée à une seule personne mais à une équipe, contrairement à ce que pensent les marchés. Le succès du groupe devrait donc se poursuivre, selon les analystes. Pour ces deniers, Paul Schuler ne changera pas la position de la société face aux ambitions de Saint-Gobain.

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