L'Ambassade de France finance un festival qui déclenche une polémique en Algérie - DIA
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L’Ambassade de France finance un festival qui déclenche une polémique en Algérie

DIA-08 septembre 2018: Depuis deux jours, les rencontres cinématographiques de Bejaia (RCB), ont déclenché une polémique suite à l’interdiction du film de clôture « fragments de rêve » de Bahia Bencheikh El Fegoun.  Le film n’avait pas reçu le visa culturel pour une projection, car il comportait des vidéos postées sur youtube des animateurs du mouvement de contestations en Algérie: Tahar Belabbès leader du mouvement des chômeurs du Sud, Tarek Mameri le blogueur qui a brûlé sa carte d’électeur et qui a été condamné par la justice et des médecins grévistes à Alger, ; bref un film dont le contenu est très controversé et incite à débat sur l’avenir politique du pays. 

Les membres de la commission composés de personnalités indépendantes du mouvement cinéma: Mourad Chouihi, (Directeur du CNCA), Lamine Merbah (Réalisateur) Lyes Semiane (Ex Directeur de la cinémathèque), Salim Aggar (Réalisateur et Critique de cinéma) Nabil Hadji (Journaliste) et Najet Taibouni (Responsable cinéma à l’ONCI), ont voté à l’unanimité contre la diffusion de ce film qui incite à l’opposition politique née du mouvement des révolution arabes de 2011 en Tunisie et en Egypte. 

Les responsables des rencontres cinématographiques de Bejaia, devenus depuis quelques temps le RCB (qui rappelle un certain RCD ou MCB), affirment être une manifestation cinématographique indépendante ; or, ce mini-festival est totalement financé par l’Institut français d’Algérie (IFA) à travers son service de soutien audiovisuel. Les RCB bénéficient de billets d’avions entre Paris et Alger, d’un financement en euros et surtout font  participer l’IFA au choix des oeuvres qui sont pour la plupart des films produit ou co-produits par la France. Les films produits à Bejaia notamment amazighs et les films algériens financés par le ministère de la Culture sont totalement écartés des RCB. La manifestation qui se dit indépendante est totalement contrôlée par l’IFA, alors que la loi des festivals qui a été adoptée par le ministère de la Culture, du temps de Khalida Toumi interdit le financement des ambassades étrangères des festivals algériens qui bénéficient du financement de l’Etat. 

Pire, le président de ces rencontres et président de l’Association Projecteurs Abdenour Houchiche organisateur de la manifestation est employé et salarié à l’Institut français d’Alger comme programmateur cinéma. Un conflit d’intérêt flagrant de l’IFA, qui sait pertinemment que les financements des ambassades est soumis à une commission qui regroupe le président de l’IFA, le service culturel ainsi que le premier secrétaire de l’Ambassade de France. 

Pour éviter que cette relation soit révélée, le responsable des RCB, a été instruit par l’Ambassade de France à faire profil bas devant les médias. Ainsi, il ne participe pas à la traditionnelle conférence de presse des RCB, à la présentation des films devant les médias et surtout à la fameuse déclaration hostile au ministère de la Culture et la dénonciation de la censure en Algérie. Mais c’est lui qui signe les invitations et organise la logistique du Festival. 

L’affaire a pris des proportions politiques très extrêmes provoquant la colère des responsables du ministère de la Culture, et même de la wilaya de Bajaia et au ministère de l’intérieur qui a déclenché une enquête sur cette affaire. Un responsable au département de Mihoubi a notamment déclaré : « On peut accepter qu’un festival soit financé par l’IFA dans le cadre de la coopération, mais qu’on ne  nous présente pas comme des censeurs alors qu’en France la majorité des films qui évoquent la guerre d’Algérie sont interdits dans les festivals français et surtout interdits d’exploitation dans les salles. » 

Lors de la clôture, les RCB ont tenté de jouer à la victime, en annonçant leur arrêt afin de pousser le ministère de la Culture à revenir sur sa gestion des visas des films. Mais en provoquant, cette polémique gratuitement, les RCB ne savent pas qu’ils vont déclencher une révision du mode de financement des festivals et surtout créer un conflit entre cette manifestation et le ministère de tutelle, qui ne sera sûrement pas en sa faveur.   

Amir Hani  

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