DIA-21 Août 2019: L’actuel ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, est le ministre le plus actif et le plus médiatisé du gouvernement. Alors qu’il a été limogé et démis de ses fonctions de procureur général de la Cour d’Alger en 2015, par l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Zeghmati revient en force avec le départ de ce qui est appelé la «3issaba» (la bande qui désigne l’ancien Pouvoir).

En 2015, Zeghmati avait lancé des mandats d’arrêt contre Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie et un des hommes forts de Bouteflika. Aujourd’hui, la tendance est inversée dans la mesure où Zeghmati a été réhabilité par l’actuel Pouvoir suite à sa nomination au poste de procureur général de la Cour d’Alger en mai dernier, avant de se voir promu ministre de la Justice, garde des Sceaux, deux mois plus tard.

Ainsi, celui que Bouteflika et l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, avaient limogé, devient le premier responsable de la Justice et s’apprête même à juger son ancien bourreau, Louh.

La forte médiatisation de Zeghmati, intervient aussi en symbiose avec la lutte menée contre la corruption, sachant que l’ancien pouvoir avait érigé la corruption en système de gestion et de gouvernance.

Zeghmati a ainsi contribué au récent mouvement des magistrats opéré par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah avec la nomination des magistrats et hommes de droit à même de mener la lutte contre la corruption.

Dans cette optique, la nouvelle présidente du Conseil d’Etat, Farida Benyahia a affirmé que la lutte contre la corruption sous toutes ses formes ainsi que la récupération de l’argent public pillé ou détourné constituent l’une des priorités les plus importantes pour le secteur de la justice.

Cette opération est pilotée par Zeghmati qui est plus médiatisé que le Premier ministre Noureddine Bedoui.

Mieux encore, Zeghmati est le seul ministre du gouvernement Bedoui qui n’a pas été nommé par l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Il a été désigné au poste de ministre de la Justice le 31 juillet dernier suite au limogeage Slimane Brahmi.

Ainsi Zeghmati a cet avantage et privilège de ne pas faire partie de l’équipe de Bouteflika et se retrouve ainsi bien placé pour lutter contre la corruption. Dans ce cadre, certaines parties lui prêtent des ambitions plus importantes pour devenir Premier ministre voire candidat à la présidence de la République dans la mesure où il pilote la lourde mission de lutte contre la corruption, une des principales revendications du Hirak depuis le 22 février dernier…

Amir Hani