Trump, celui qu’on n’attendait pas ? - DIA
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Trump, celui qu’on n’attendait pas ?

DIA-12 novembre 2016: Cela commence comme un « joke » mais finit par une affirmation réelle. Si cela prêtre à rire, on rit jaune voire orange… la nouvelle couleur du désarroi !  Pour dire vrai, j’ai beau regarder les choses en face, je n’arrive toujours pas à y croire comme toute la communauté internationale et les américains eux- mêmes. Pourtant c’était prévisible ! Une fois passé le choc du coup de pelle, j’en viens à me dire que j’ai vraiment hâte de voir quelle sera son action ? J’aime beaucoup son slogan de campagne [Make America great again ] mais je doute de son aboutissement. J’en doute toute en me disant que je ne devrais pas ! Etant donné la surprise, on ne devrait plus se laisser aller aux certitudes dictées par la Raison. La seule chose de certaine, à l’heure actuelle, c’est que le meilleur comme le pire peuvent advenir. Pourquoi une bonne partie de l’Amérique s’est-elle tournée vers D.Trump ? Quelles conséquences en découlent à court, moyen et long terme ?

L’abstention : un choix regrettable

Avant de commencer tout semblant d’explication, il faut savoir que contrairement aux Européens, les Américains élisent une personnalité avant d’élire un Curriculum Vitae. Le pays du tout est possible, du rêve américain et de la Pensée Positive attend d’un candidat de l’émotionnel, de l’inconditionnel, de l’espoir et des discours galvanisant. L’Amérique rêve de ce héros hollywoodien qu’elle n’a eu de cesse de mettre en scène tout au long de son cinéma. D’ailleurs Donald Trump joue un peu sur son inexpérience et en fait une force. Contrairement à H. Clinton, il prétend ne pas rouler pour l’ « establishment » qui délaisse les intérêts des américains. On se croirait presque dans le film Mr Smith au Sénat[i] dans lequel le héros s’enrôle dans la politique, avec pour seul bagage, une droiture sans faille et l’enseignement des Pères Fondateurs sous le bras. Un héros idéaliste et victorieux, porté aux nues par le peuple qui le distingue afin de  vaincre  le système corrompu[ii] … on reconnait bien les contradictions de D. Trump qui dénonce un système capitaliste qui a pourtant fait sa fortune.

L’idée du vote-sanction fait donc son chemin et vient conforter la position de ce nouveau président. L’Amérique déçue opte pour l’abstention laissant   l’Amérique “repliée et blanche” reprendre sa revanche. Le très ambitieux programme d’Obama aurait certainement nécessité un mandat supplémentaire afin d’être mené à sa totale application. Hilary Clinton est considérée comme incapable d’entendre les préoccupations économiques des Américains surtout les plus démunis. Une partie de l’Amérique n’a pas voté Trump pour ses qualités d’orateur outrancier mais pour son éventuelle politique protectionniste. Akram Belkaid explique très cette surdité des Démocrates depuis la crise financière et économique de 2008. Ils en paient le prix fort aujourd’hui. La crise financière et ce qu’elle a engendré comme drames et catastrophes a constitué une occasion perdue pour les démocrates qui n’ont pas su mener leur aggiornamento en matière de politique économique. Rien de fondamental n’a été remis en cause depuis ce séisme. La dérégulation enclenchée par le duo Reagan-Thatcher et poursuivie par Bill Clinton, la financiarisation croissante de l’économie et la sacralisation du libre-échange demeurent des dogmes qu’Hillary Clinton a juste feint d’égratigner. Comment s’étonner ensuite que des Etats industriels comme l’Ohio ou le Michigan lui tournent le dos ? L’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) a détruit des millions d’emplois industriels aux Etats-Unis. Des emplois bien payés, pourvus d’une couverture sociale et bénéficiant de droits syndicaux. Contrairement à ce qu’affirment (aujourd’hui encore !) les chantres de la mondialisation heureuse, ils n’ont jamais été remplacés par des postes équivalents[iii].

Donald Trump n’a pas non plus recueilli les voix de tous les déçus. La plupart des électeurs désenchantés n’ont pas reportés sur les Républicains mais ont préféré voter blanc. Seulement 54 % de la population américaine s’est rendu aux urnes, ce qui est considéré comme le tôt de participation le plus bas depuis les années 2000. Entre la peste et le choléra, le choix était tout aussi contraignant d’un côté comme de l’autre ! Les grands électeurs ont permis à D. Trump de l’emporter avec 290 voix contre 210 pour H. Clinton. On en vient à regretter le suffrage universel direct !

Une Amérique divisée

Le séisme Trump ébranle une société américaine fragilisée par les problèmes économiques et, de ce fait, favorise l’émergence d’une frange extrémiste et fascisante de la population des campagnes. Le désespoir est tel qu’ils prennent sur eux et ferment les yeux sur les discours et l’attitude outrancière de ce futur président en fonction. On avale bien des couleuvres aux Etats-Unis de la faillite, ceci dans l’espoir de retrouver un niveau de vie décent. Ce vote de la dernière chance ne sera-t-il pas le coup de grâce assenée à cette fragile Amérique ? Les larmes, les refus et les rassemblements des anti-Trump rendent compte de cette société divisée en ce qui concerne les moyens d’atteindre la sécurité économique et sociale.

La diplomatie crispée

La politique est aussi une affaire de diplomatie internationale, les différentes réactions des chefs d’Etat et des populations sont à la hauteur de l’événement.    F. Hollande fait contre mauvaise fortune bon cœur, en rappelant que la France et l’Amérique cultive une longue amitié. L’Amérique a beaucoup soutenu le pays lors des attaques terroristes etc… inutile de rappeler qu’à cette époque, c’était Obama au pouvoir. Je pense qu’Hollande a très nettement conscience qu’une nouvelle page de l’histoire franco-américaine s’ouvre et que pour ce faire, une discussion franche s’impose ! Les termes ronflants de notre président adepte des mises au point tortueuses qui tournent toujours  autour du pot. La politique protectionniste des Etats-Unis touchera-telle la France comme D. Trump l’a annoncé dans son programme ? L’amitié y suffira-t-elle ?

         Angela Merkel s’est montrée ferme sur les valeurs communes que doit respecter D. Trump afin de maintenir l’entente cordiale entre leurs deux pays La démocratie, la liberté, le respect du droit et de la dignité humaine, quels que soient l’origine, la couleur de peau, la religion, le sexe, l’orientation sexuelle ou les opinions politiques. Sa mise en garde ne cache pas son inquiétude quant aux conséquences néfastes d’une politique déraisonnée.  Celui qui dirige ce grand pays [que sont les Etats-Unis], compte tenu de sa puissance économique considérable, de son potentiel militaire et de son rayonnement particulier, a une responsabilité vis-à-vis du reste du monde.[iv]

         La mise au point est de mise avec les Européens. Avec les Russes, les relations ont de tout temps été tendues et ne sont pas encore au beau fixe. Le seront-elles un jour ?[v] On  scanderait presque God save America ! Mais il devra également protéger le monde des menaces populistes qui guettent les sociétés en crise. Qu’en sera-t-il pour nos élections ? La trumpisation de la France et du reste du monde est-elle en marche ? Deux solutions sont envisageables : soit le peuple français est vacciné de l’abstention soit au contraire il est conforté dans l’idée que les populistes sont la voie. Nous aurons trop peu de recul pour juger des conséquences néfastes de ce choix de Trump mais tablons sur le vote de raison, même si ce n’est plus à la mode. Les urnes nous le diront ! En toute connaissance Ghandi disait que nul ne peut nous abaisser sans notre consentement. Quelle leçon doit-on en tirer ? Les partis politiques quels qu’ils soient devront faire l’effort d’écouter le peuple, beaucoup trop ignorés jusqu’ici.  Affaire à suivre …

S.T. (Paris, 12 nov. 2016)

[i]   Film de Franck Capra, 1949.

[ii]   http://oumma.com/223905/une-americaine-musulmane-sexplique-vote-faveur-de-don

[iii]  Akram Belkaid, La chronique du blédard : Trump, un séisme salvateur (pour la gauche) ? Le Quotidien d’Oran, jeudi 10 novembre 2016

[iv]  En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/10/la-mise-en-garde-d-angela-merkel-a-donald-trump_5028703_829254.html#vuH17MtxkJPFPoZc.99 

[v]  http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/11/entre-poutine-et-trump-incertaine-lune-de-miel_5029420_829254.html

 

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