La vision de Zuckerberg pour Facebook menacée par les affaires politiques - DIA
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La vision de Zuckerberg pour Facebook menacée par les affaires politiques

DIA-21 mars 2018: Faire de Facebook un réseau social qui connecte le monde: la vision ambitieuse de Mark Zuckerberg a donné naissance à un géant de l’internet mais se retrouve contrariée aujourd’hui par un scandale de détournement des données de dizaines de millions de ses utilisateurs à des fins politiques.

Les dernières révélations sur l’utilisation par l’entreprise d’analyse de données Cambridge Analytica viennent s’ajouter à celles sur la diffusion de fausses informations et assombrissent l’image du réseau social.

Ce dernier s’est affirmé mardi « scandalisé d’avoir été trompé » par Cambridge Analytica et affirmé qu’il faisait tout pour protéger les données de ses utilisateurs.

Mark Zuckerberg, aujourd’hui âgé de 33 ans, a lancé Facebook de son dortoir à l’université de Harvard en 2004 alors qu’il n’avait pas 20 ans. Moins de quinze ans plus tard, le réseau social possède les données de quelque deux milliards d’utilisateurs dans le monde dont peuvent user les annonceurs pour mieux cibler leurs messages publicitaires, principale ressource financière de l’entreprise.

Souvent loué pour sa capacité à connecter les gens, voire pour sa contribution à la démocratisation de la société, Facebook est maintenant confronté à un dur retour à la réalité. 

« J’avais le sentiment en 2011 que les technologies numériques étaient par nature démocratiques et nourriraient des révolutions démocratiques dans le monde », indique Dannagal Young, professeur à l’université du Delaware spécialisé dans les réseaux sociaux.

Si sa contribution à des mouvements comme le printemps arabe, « Black Lives Matter » ou encore « #MeToo » a été essentielle, les révélations liées à Cambridge Analytica mettent en lumière un aspect beaucoup moins reluisant du réseau social. « Les gens qui utilisent ces plateformes n’en comprennent pas le modèle économique », estime Mme Young. « Ils ne comprennent pas que tout ce qu’ils font et partagent a une valeur marchande ».

– Pas de filtres –

« Si le modèle économique repose sur la vente des données des utilisateurs, tout peut sembler très démocratique mais cela implique aussi un élément de surveillance qui sape ces valeurs », ajoute cette professeure.

La réputation de Facebook a commencé à souffrir en 2016 avec les premières révélations sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine par le biais de la propagation de fausses informations.

L’accès de la firme britannique Cambridge Analytica –liée à la campagne électorale de Donald Trump — aux données personnelles de 50 millions d’utilisateurs sans le consentement de ces derniers soulève maintenant des protestations et demandes d’enquêtes des deux côtés de l’Atlantique.

L’entreprise a démenti avoir utilisé ces données pour aider M. Trump à être élu. 

Mark Zuckerberg, dont la tournée à travers les Etats-Unis à la rencontre des Américains en 2017 avait donné lieu à des spéculations sur ses éventuelles ambitions présidentielles, avait alors fait part de sa vision de construire « une communauté mondiale » pour le nombre grandissant de personnes déçues par les institutions politiques traditionnelles.

Mais les déboires affrontés par son entreprise l’ont également amené à se donner dorénavant comme mission de « réparer » le réseau social.

Emily Vraga, professeur en communications à l’université George Mason reconnaît que Facebook a beaucoup fait ces derniers mois pour éliminer les fausses informations. « Mais j’aimerais en voir plus », indique-t-elle. Un des moyens pourrait être, selon elle, de rendre l’algorithme de Facebook accessible aux chercheurs et même au public pour que celui-ci soit davantage informé du mode de fonctionnement du réseau.

– « Agents perturbateurs » –

Roger Kay, analyste-consultant chez Endpoint Technologies Associates, souligne que Facebook est confronté à un phénomène qui touche aussi d’autres entreprises numériques dont les ressources sont exploitées dès lors qu’elles sont adoptées par le grand public.

Les réseaux sociaux « commencent par être perçus comme un moyen formidable de connecter les gens et ensuite ils sont pollués par des agents perturbateurs », juge-t-il. Il serait impossible pour Facebook d’examiner tous les contenus qui transitent par le réseau et d’éliminer ceux qui ne devraient pas y être, souligne l’analyste. « On ne peut pas nettoyer quelque chose qui compte deux milliards d’utilisateurs. Il n’y a pas assez de gens pour le faire », constate-t-il.

Facebook n’est pas la seule entreprise à exploiter les données de ses utilisateurs, rappelle-t-il. « Mais n’est pas la cause du problème. Le problème c’est celui de l’empreinte numérique à long-terme ».

Dannagal Young estime que, de manière un peu naïve, Mark Zuckerberg semblait penser « qu’en ouvrant à tout le monde, la vérité finirait par sortir ». 

« Il se pourrait que 98% des gens sur Facebook soient de bonne foi » mais « il n’en faut pas beaucoup pour saper tout le système », ajoute-t-elle.

Une solution serait de voir les utilisateurs prêter plus d’attention à la protection de leurs données privées et à ce qu’ils partagent. « Nous avons beaucoup plus de contrôle que nous le pensons. Si les utilisateurs en nombre suffisant changeaient leurs paramètres, Facebook serait obligé de répondre », affirme-t-elle. 

« Mais cela demande beaucoup d’éducation »

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