Un cadre de l'APC de Sidi M'hamed prétend "hériter" du scénario de Serge Michel sur l'Emir Abdelkader - DIA
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Un cadre de l’APC de Sidi M’hamed prétend « hériter » du scénario de Serge Michel sur l’Emir Abdelkader

DIA-29 mai 2021: Alors que on fêtait le 26 mai dernier les 138 ans de la naissance de l’Emir Abdelkader, un administrateur principal de l’urbanisme et des équipements au niveau de la mairie Sidi M’hamed à Alger, Djamel Himeur, a fait une sortie médiatique totalement ubuesque en affirmant qu’il a hérité d’un scénario inédit sur la vie de l’Emir Abdelkader. Le script en réalité a été écrit par le journaliste anticolonialiste français, ancien militant pour la cause algérienne, Serge Michel, intitulé « Le Faucon blanc », écrit dans les années 1970 pour le compte de l’ONCIC. C’est cette entreprise qui a payé le scénariste et écrivain pour rédiger ce scénario. 

Dans son interview au quotidien El Watan cet ancien cadre de l’ENA déclare: « J’ignorais, sincèrement, la valeur exacte de ce legs, de ce scénario. Lorsque j’étais étudiant j’étais un grand cinéphile. Avec des amis, nous hantions les salles de cinéma d’Alger, notamment celle de la Cinémathèque… Ce scénario évoquant le combat anticolonial français datant de plus de 45 ans. C’est comme une terre fertile en jachère, n’attendant qu’un cultivateur pour lui redonner vie, la faire revivre. C’est cela le sort de ce scénario, aujourd’hui ». 

En faisant cette sortie médiatique, Djamel Himeur a souhaité redonner vie à ce texte inédit, en appelant les professionnels du cinéma afin d’intervenir en urgence et inaugurer un travail sérieux sur cette pièce dont la valeur est inestimable. Seulement voila, Djamel Himeur n’est ni l’auteur du scénario, ni de la famille de l’auteur pour proposer le scénario à l’adaptation. Il n’a aucun droit de proposition pour un projet sur l’Emir Abdelkader. Si Serge Michel a écrit le scénario pour le compte de l’ONCIC aujourd’hui dissous, le texte appartient de droit au ministère de la Culture et non pas à Monsieur Djamel Himeur. De plus, une copie du même scénario est au niveau de la cinémathèque Algérienne qui regroupe plus de 350 scénarios de films importants algériens. Ce qui ne fait pas du leg du cadre de l’APC de Sidi Mhamed, une exclusivité. 

Pour l’histoire, Serge Michel, était un enfant du FLN. Il  prend en charge la communication : presse, radio, cinéma. Il contribue notamment à l’impression du premier journal du FLN : Résistance algérienne.

Après l’indépendance de l’Algérie, il devient le rédacteur en chef du quotidien Alger-Ce soir fondé par l’écrivain et dramaturge Mohammed Boudia. En 1960, il rencontre à Tunis Patrice Lumumba qu’il rejoint au Congo pour devenir son attaché de presse. Il est condamné à mort par le colonel Mobutu à la suite de la chute de Lumumba et doit fuir le pays. Il revient à Alger pour être l’interlocuteur de Che Guevara6et d’Amilcar Cabral à Alger. Il avait travaillé et accompagné le film la Bataille d’Alger au Festival de Venise et contribuera longuement à sa consécration en France.

Sa rédaction du scénario sur l' »Emir est surement une commande de l’Etat algérien. Il existe actuellement trois scénarios officiels du film sur la vie de l’Emir Abdelkader. Après le scénario de Serge Michel, un deuxième  scénario a été écrit dans les années 90 par Boualem Bessaih. Ce dernier avait écrit un scénario à la demande du président Chadli après le succès du film de Cheikh Bouamaama. Le troisième scénario a été rédigé par le français Phillipe Diaz en collaboration avec Zaïm Khenchlaoui, l’anthropologue et spécialiste du soufisme pour le compte de l’AARC. Malheureusement les trois projets n’ont pas été concrétisé en films cinéma. L’Etat algérien ne souhaitait pas bâclé le film cinéma sur l’Emir, qui fait souvent l’objet d’un juteux bizness.  

Amir Hani  

2 Comments

  • Mellah hocine
    29 mai 2021 16:48

    Serge Michel ? Un nom que beaucoup d’Algériens ne connaissent pas , tellement l’histoire d’Algérie , la vraie , fut détournée. Depuis 1962 , jamais au grand jamais le cours de l’histoire fut aussi détourné au profit de ceux qui sont arrivés pour prendre le pouvoir . Les véritables patriotes furent effacés et parmi eux ce Serge Michel :
    Qui est Serge Michel ? Un homme de presse, un dessinateur, un peintre, un écrivain et un conseiller politique ? Il y a de ça. Aussi. L’écrivain Jean-Claude Carrière dit de lui qu’il fut le fantôme de son siècle.
    Enfant effronté de la France et incontrôlable de l’Algérie, Michel se présentait lui-même comme un « rebelle homologué du côté des dingues de la liberté1 ». Celui qui aimait la lettre A — pour Amour, Anar, Alcool, Algérie, Agitateur et Afrique — fut l’attaché de presse de Lumumba et l’ami de Ferhat Abbas. Ernesto Guevara lui aurait proposé de rallier ses rangs et Mobutu tenta de le neutraliser. Plus qu’une trajectoire individuelle, la fresque folle d’une époque : celle de la décolonisation.
    Réellement c’est Lucien Douchet qui préféra devenir Serge Michel lorsqu’il quitta l’Europe pour l’Algérie, au début des années 1950. Il a trente ans et toute la vie à prendre au cou. L’Algérie n’est pas encore en guerre mais la contestation nationaliste s’organise . Michel explore Alger la blanche ; sa lumière retient tout particulièrement son attention. Puis la Casbah. Les têtes de moutons, les oranges, les tomates et les poivrons, ardeur des couleurs, plumes, poissons et volailles… Michel aiguise son sens politique , ecoute, apprend. Se lie d’amitié avec Ferhat Abbas, futur Président du gouvernement provisoire de la République algérienne, l’appelle bientôt « Pépé » et travaille pour lui en écrivant dans la revue de son mouvement, La République algérienne. Dessine, aussi, et ne tarde pas à contribuer à la presse nationaliste algérienne — caricaturant les flics, les bourgeois et les militaires, chambrant le régime colonial. Va-t-on l’accepter, lui le Français, le gaouri, l’étranger, l’Européen ? Il l’espère…
    Michel planque des armes et des tracts sous son lit et, sous le patronyme de Xavier, se rend en Suisse pour participer à l’impression du journal Résistance algérienne.
    Le drame algerien avance et hanté la tête de Serge ,
    « Les bourlingueurs n’ont jamais fait l’affaire des structures clandestines, nécessairement subordonnées à la discipline et à l’autorité. »
    Des incendies prennent la nuit par surprise. Une trentaine d’attentats, au même moment, aux quatre coins du pays. Une organisation militaire, le tout nouveau Front de libération nationale, brandit un drapeau vert et blanc en lieu et place du tricolore. Nous sommes le 1er novembre 1954 et la guerre éclate sans dire son nom. Leur but ? Leur charte n’a pas la main qui tremble :
    « 1) La restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.
    2) Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. » Par quels moyens ? « Tous les moyens ».
    Mitterrand envoie, alors, six cents hommes en renfort et Michel découvre le soulèvement dans la presse. Les périodiques indépendantistes sont saisis : qu’à cela ne tienne, il continue de produire dans une imprimerie clandestine. Il apprend, fin 1955, que les autorités françaises s’apprêtent à l’arrêter et s’enfuit pour Marseille muni de faux papiers. La femme de Francis Jeanson — qui donnera son nom aux réseaux de soutien au FLN — le cache quelque temps sur Paris. Jeanson, proche de Sartre, écrira dans Notre Guerre (publié en 1960 et saisi une semaine après) qu’ils n’étaient en rien des traîtres : au contraire, leur « trahison » était un signe de « fidélité à la cause française et à la cause humaine». La justice n’est pas une affaire juridique. Mais si Michel s’avérait fort sympathique et bon militant, avouera le philosophe, il ne l’a pas engagé à ses côtés pour porter des valises : le dessinateur était à ses yeux trop aventurier, trop imprévisible.
    Il assiste Taïeb Boulahrouf, du FLN, et aide Ferhat Abbas, réfugié dans le Vaud après avoir à son tour rallié le Front, dans l’écriture de ses discours — plus que de l’aide, même : un témoin fera savoir que Michel les écrivit, à cette période, dans leur intégralité.
    Michel œuvre dans l’ombre : il préfère les coulisses aux estrades et aime assister, conseiller, apporter son savoir-faire. Foin des feux de la rampe : l’anarchiste n’ignore probablement rien des lumières aveuglantes du pouvoir. Il écrit, scénarise (entre mille autres, un projet de film sur l’émir Abd el-Kader), organise des stages à l’université d’Alger, forme des journalistes, travaille pour le Ministre de l’Information et de la Culture, assiste Visconti et aide Pontecorvo, le réalisateur de La Bataille d’Alger. Et fonde une famille — une prénommée Claudine lui a donné trois fils : Igor-Nourredine, Ivan-Nadir et Mahdi. L’Histoire s’écrit à grand renfort de lieux communs : la Révolution ne manque jamais de dévorer ses enfants ; gueule de bois, confettis et cendres tièdes ; Ben Bella est renversé par Boumédiène puis, deux ans plus tard, Zbiri tente à son tour de renverser le président putschiste. Michel ne parvient plus à supporter le caractère autoritaire du régime militaire de Boumédiène. Michel ne parvient plus à supporter le caractère autoritaire du régime militaire de Boumédiène. Le communiste Henri Alleg — torturé durant la guerre par la soldatesque française — décide, non sans amertume, de quitter l’Algérie pour écrire, un jour, dans Mémoire algérienne : « Contre ces opposants, le nouveau pouvoir n’hésiterait pas à utiliser les pires moyens légués par l’époque coloniale, y compris la torture. Michel écrira dans Nour le voilé que le FLN « n’avait plus rien de révolutionnaire » . Il avait croisé Amílcar Cabral à Alger et ce dernier l’avait prévenu : l’indépendance est une étape, une étape seulement, les véritables ennuis commenceront ensuite…
    Serge Michel touche une pension de l’État en tant qu’ancien moudjahid et vivote comme il le peut. Le soleil semble soigner sa santé déclinante. Il peint et ne quitte plus sa djellabah blanche, se liant d’amitié aux Berbères mozabites et continuant de manger du porc durant le mois de Ramadan — on l’accepte pas à pas et l’intègre même à la discussion des affaires courantes.
    Le tournant , le GIA frappe, en Algérie comme en France, et lance un ultimatum en 1993 : tous les étrangers seront tués s’ils ne partent pas sous un mois. Nombre de leurs combattants ont été formés en Afghanistan ou en Bosnie-Herzégovine. Mais Michel refuse de s’en aller — ses amis, arabes, kabyles et européens, commencent à tomber un à un. La terreur se répand. Son domicile est caillassé, son chat décapité. Il finit par s’envoler pour Paris au printemps 1994 et, avec quelques journalistes algériens en exil, participe, une fois de plus, à la fondation d’un quotidien : Alger info international. Ils déposent le bilan six mois plus tard ; Michel n’a plus de logement, il erre, sans un sou ou presque, lisant inlassablement Michauxet Cioran.
    La fleur tomba le 24 juin 1997 dans le Val-de-Marne. Il avait, la veille, passé des appels en vue d’être « rapatrié » en Algérie. Cet homme que personne ne connaît en France reçoit, là-bas, des obsèques nationales : les officiels du régime escortent son cercueil. On l’enterre à El Alia, dans un carré chrétien. Oraison funèbre et haie d’honneur de scouts musulmans.
    Serge Michel , un long fleuve semé d’embûches se jeta sur le bord sud de la Méditerranée. Repose en Paix frère de lutte.

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