Arabie Saoudite : le chef de l’Autorité de divertissement limogé à cause d’un cirque
DIA-19 juin 2018: Les autorités saoudiennes ont limogé le chef de l’organisme officiel pour le divertissement, créé dans le cadre d’un vaste programme de création de centres culturels et de loisirs, a annoncé lundi l’agence de presse officielle SPA.
L’agence n’a pas précisé les raisons pour lesquelles il a été écarté. « Ahmad al-Khatib, président de l’Autorité générale du divertissement, a été démis de ses fonctions », a-t-elle annoncé laconiquement.
Le site d’information pro-gouvernemental Sabq a indiqué que M. Khatib a été licencié pour un spectacle de cirque controversé à Ryad, qui comprenait des femmes portant des « vêtements indécents ».
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux semblait montrer une interprète féminine dans un costume rose serré, attirant l’indignation des ultra-conservateurs saoudiens.
Le licenciement du chef de l’organisme officiel pour le divertissement intervient en pleine campagne de libéralisation initiée par le prince héritier Mohammed ben Salmane qui a mis fin à des décennies d’interdiction de conduire des femmes et d’accès aux cinémas, et qui a permis des concerts mixtes.
« Les cyniques qui rejettent à la légère les défis colossaux auxquels (le prince) est confronté dans ses réformes sociales devraient regarder cette vidéo de jeunes saoudiens qui dénoncent avec passion la présence d’un cirque russe avec des artistes féminines dans leur pays », a tweeté Ali Shihabi, directeur du groupe de réflexion pro-Saoudien basé à Washington, Arabia Foundation.
La vidéo postée par M. Shihabi montre des monologues de plusieurs hommes qui insistent sur la nécessité de respecter les principes islamiques.
Le royaume a annoncé la levée à partir du 24 juin de l’interdiction de conduire faite aux femmes. Mais une vague d’arrestations en mai, notamment de femmes ayant milité pour le droit de conduire et la fin du système de tutelle masculine, a jeté une ombre sur ces réformes.
En février, l’Arabie saoudite, qui applique une version rigoriste de l’islam, a annoncé son intention d’investir sur dix ans 64 milliards de dollars dans le divertissement avec des projets de construction de cinémas et d’un opéra, ainsi que de concerts d’artistes occidentaux.
Cette réforme entend stimuler les dépenses intérieures de divertissement, le royaume peinant à sortir d’un marasme pétrolier depuis 2014. Les Saoudiens dépensent actuellement des milliards de dollars par an pour voir des films et visiter des parcs d’attractions dans les centres touristiques voisins comme Dubaï et Bahreïn.