Les Berbères au Maghreb: beaucoup de revendications, quelques droits - DIA
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Les Berbères au Maghreb: beaucoup de revendications, quelques droits

DIA- 12 janvier 2018: Les Berbères, dont la fête de Nouvel An, « Yennayer », est décrétée jour férié vendredi en Algérie, une première au Maghreb, regroupent des populations autochtones d’Afrique du Nord qui revendiquent une plus large reconnaissance identitaire et culturelle.

Les Berbères dont la présence est antérieure à l’arabisation et l’islamisation se nomment eux-mêmes « Imazighen », pluriel de « Amazigh » qui signifie « homme libre » dans leur langue, le tamazight, différente de l’arabe. Les Berbères sont présents dans plusieurs pays du Maghreb et au Sahara.

ALGERIE

Le pays compte 10 millions de Berbérophones, soit environ un quart de la population et lutte de longue date pour des revendications identitaires, longtemps niées par l’Etat qui s’est construit autour de l’arabité.

Majoritairement concentrés en Kabylie (est d’Alger), les Berbères sont également présents dans le centre, l’Est et le grand Sud.

Le tamazight est devenu la deuxième langue officielle avec l’arabe dans la Constitution de 2016.

MAROC 

Au Maroc, pays du Maghreb qui compte le plus de Berbères, de nombreuses voix réclament de rendre férié le jour du Nouvel An amazigh, alors que celui des calendriers lunaire (musulman) et grégorien le sont déjà.

Les militants s’appuient sur la reconnaissance par la nouvelle Constitution (2011) de leur langue comme idiome officiel au côté de l’arabe.

L’une des conséquences les plus notables de cette officialisation a été l’apparition de l’alphabet tifinagh sur les bâtiments publics, en plus de l’arabe et du français.

Depuis 2010, une chaîne de la télévision publique marocaine, Tamazight TV, est consacrée à la promotion de la culture amazighe.

Un projet de loi, en cours d’examen par le gouvernement, prévoit de diversifier l’apprentissage des langues dans les écoles, avec notamment une généralisation de la langue amazighe.

Il y a quelques années, des députés avaient fait sensation en s’exprimant en berbère au Parlement.

L’administration marocaine continue toutefois de refuser sporadiquement d’inscrire des prénoms berbères dans les registres de l’Etat civil.

Le drapeau amazigh, dont l’emblème représente les « Imazighen », constitue un marqueur fort lors des manifestations dans les régions berbérophones, comme le Rif (nord). 

D’après un recensement de 2004, 8,4 millions de Marocains -sur plus de 30 millions- utilisent l’un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelit).

Pour Yennayer, des célébrations ont lieu chaque année dans les principales régions berbérophones.

LIBYE 

Persécutés sous la dictature de Mouammar Kadhafi, qui niait leur existence, les Amazighs s’estiment marginalisés et réclament le « droit » à l’officialisation de leur langue, au même titre que l’arabe, et à une représentation équitable au Parlement.

Ils représentent 10% de la population et vivent notamment dans les montagnes à l’ouest de Tripoli ou dans le sud désertique.

Depuis la chute du régime en 2011, leurs revendications sont de plus en plus pressantes. Le drapeau amazigh flotte sur tous les bâtiments publics au côté du drapeau libyen, et souvent seul dans leurs régions d’origine.

Des manuels scolaires en langue amazighe ont vu le jour, même s’ils ne sont pas homologués par le ministère de l’Education (du GNA, gouvernement internationalement reconnu).

Les Amazighs réclament des mécanismes leur permettant de faire valoir leurs spécificités culturelles dans la future Constitution.

Dans le projet de Constitution entériné au Parlement, qui attend d’être soumis à référendum, les langues parlées par les différentes communautés, le tamazight notamment, sont reconnues comme faisant partie du patrimoine culturel libyen. Mais l’arabe reste pour l’instant la seule langue officielle.

TUNISIE

En Tunisie, le poids démographique des Amazighs est méconnu, les statistiques par ethnie ou langue étant interdites. 

Outre les zones du sud, la majorité réside à Tunis, du fait de l’exode rural.

Les Berbères se disent victime de marginalisation, d’exclusion et de déni de leurs spécificités culturelles, de la part d’un État qui s’identifie dans sa Constitution comme étant de langue arabe et de religion musulmane.

Selon le président de l’association tunisienne de la culture amazighe (ATCA), Jalloul Ghaki, si 50% des Tunisiens sont d’origine berbère, moins d’un pour cent parle encore le dialecte (chelha).

« Il n’y a pas de volonté de l’Etat de préserver le patrimoine culturel amazigh, quasiment absent des programmes scolaires », déplore un autre militant, Nouri Nemri. 

La majorité des militants souhaitent « des réformes à petits pas », dans le but que « le peuple tunisien reconnaisse la culture amazighe comme une part de l’identité tunisienne », avec par exemple « un espace dans les médias ».

Depuis la révolution de 2011, ces médias et la société civile se montrent plus ouverts. Le ministre des droits de l’Homme avait marqué Yennayer en 2017 en souhaitant bonne année à ses concitoyens berbères.

AFP 

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