Les investisseurs préfèrent le Maroc et la Tunisie : L’Algérie marquée au fer rouge
DIA-02 novembre 2016: Les initiatives internationales d’aides et d’investissements au profit de certains pays touchés par la crise se multiplient ces derniers temps. La Tunisie et le Maroc ont un total soutien et appui de la part des bailleurs de fonds qui font la queue pour les secourir : A leur tête la France et le Qatar ! Contrairement à l’Algérie qui bien que plongée dans une situation tout aussi chaotique que ses voisins, ne bénéficie guère de cette attention. L’Algérie semble être marquée au fer rouge.
La tenue récemment de la COP 22 à Marrakech (Maroc) et avant-hier la conférence internationale sur l’investissement en Tunisie à l’horizon 2020, semble être des exemples très illustratifs et révélateurs sur l’ampleur de ce « phénomène ». Il semblerait que nos voisins essayent de court-circuiter par tous les moyens le Forum Africain d’investissement et d’affaires qui devrait avoir lieu du 03 au 05 décembre prochain à Alger, et ce, en raflant tout avant sa tenue.
En effet, un bref coup d’œil sur les bilans des deux événements cités (COP22 et conférence international sur l’investissement de Tunisie) permet de mesurer à quel point les pays riches et les bailleurs de fonds sont prêts à débourser pour voler au secours de ces deux pays et les sauver de la crise.
Pour ce qui est de la COP22, les pays riches se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars d’ici 2020, ou même avant, pour soutenir les projets d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique. Plus de 81 millions de dollars ont été promis par les pays au Fonds pour l’adaptation, dépassant ainsi son objectif pour l’année. Le Fonds d’investissement de Marrakech pour l’adaptation (MICA), lancé à cette occasion a été doté de 500 millions de dollars.
Concernant l’événement Tunisien, les premiers chiffres témoignant du soutien des pays représentés révèle o combien la Tunisie est importante aux yeux des pays riches et des bailleurs de fonds. Ainsi, le Canada a annoncé avoir l’intention d’investir 24 millions de dollars en Tunisie au cours des quatre prochaines années. La France a promis un investissement de 1.1 milliard de dollars sur quatre ans, et promet encore que les dettes françaises seront bientôt converties en projets en Tunisie. Le Koweït a octroyé à la Tunisie un prêt de 500 millions de dollars. L’usine à cash Qatarie à quant à elle offert un don immensément généreux de 1.250 milliard de dollars. La Suisse 250 millions de dollars, et la Turquie 500 millions de dollars. L’Allemagne envisage un investissement de 1.4 milliard de dollars sur quatre ans. L’Union Européenne de son coté consacre 407 millions de dollars, la banque Européenne de reconstruction et de développement 650 millions de dollars sur cinq ans. La Banque Mondiale 4 milliards de dollars sur quatre ans, le Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social (FADES) : 1,5 milliard de dollars, Banque Européenne d’Investissement (BEI): 2,5 milliards d’euros sur 4 ans, et le Fonds Saoudien au développement: 600 millions de dollars.
La dégringolade des IDE en Algérie
Au vu de ce bilan, on peut affirmer que la Tunisie bénéfice de toute l’attention. Toutefois, l’Algérie qui est un pays tout aussi touché par la crise ne bénéficie pas d’un tel intérêt. Dans ce sens, il est légitime de se demander pourquoi une telle discrimination ? Y’a-t-il des raisons derrière ce « boycott » ? L’Algérie est mise sur le banc de touche quand il s’agit d’aide et d’investissement. Pourtant on assiste à un ballet diplomatique sans précédent ces derniers mois. Plusieurs Ministres et présidents de différents pays se sont rendus en Algérie. Ces derniers ont à chaque fois promis des investissements, mais jusque-là rien n’a été fait, ou fait mais avec des sommes bien moins importantes que celles accordées à la Tunisie. L’Algérie a toujours été généreuse et a montré sa bonne foi envers les pays en difficultés. Preuve en est, elle a épongé les dettes de plusieurs pays africains, et juste hier le Premier Ministre Abdelmalek Sellal présent lors de la conférence internationale sur l’investissement disait : « l’Algérie n’a jamais abandonné et n’abandonnera jamais la Tunisie ».
A titre d’illustration, les chiffres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié dernièrement démontrent le déficit d’attractivité en matière d’investissements directs étrangers (IDE) en Algérie. Le rapport fait état d’une réelle dégringolade de l’intervention du capital étranger en Algérie au cours de l’année 2015 où il n’a été enregistré que 587 millions de dollars d’IDE contre 1,5 milliard de dollars en 2014, soit une diminution de 60%.
Quoi qu’il en soit le prochain Forum Africain d’investissement et d’affaires d’Alger permettra de voir la place qu’occupe l’Algérie dans les plans des autres pays.
Lamine Réda