Maroc: quatre leaders du "Hirak" condamnés à 20 ans de prison - DIA
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Maroc: quatre leaders du « Hirak » condamnés à 20 ans de prison

DIA-27 juin 2018: Quatre des meneurs du mouvement de contestation sociale qui agité le Maroc en 2016-2017, dont Nasser Zefzafi, ont été condamnés mardi soir, à Casablanca, à 20 ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ».

La peine la moins lourde pour les 53 accusés jugés pour leur participation à ce mouvement dit du « Hirak » se limite à 5.000 dirhams (environ 450 euros) d’amende. Les autres vont de deux à 20 ans de prison, selon le verdict prononcé par la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca en l’absence des prévenus.

Nasser Zefzafi, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid ont été condamnés à 20 ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurite de l’Etat », un chef d’accusation passible selon les textes de la peine de mort.

Trois autres accusés, Mohamed Haki, Zakaria Adehchour et Mahmoud Bouhenoud ont été condamnés à 15 ans de prison, sept à 10 ans de prison, également pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ».

Sous le choc, des proches des accusés, présents dans la salle d’audience, ont poussé des cris de détresse quand les peines les plus lourdes ont été prononcées au terme de neuf mois de procès, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Ce sont des peines très lourdes. L’Etat a échoué dans ce test de respect des droits de l’homme et des libertés essentielles, tout comme l’indépendance de la justice », a déclaré l’un des avocats de la défense, Souad Brahma. 

« Les peines sont très légères par rapport à ce que prévoit la loi et à la façon dont ils se sont comportés devant le juge », a commenté pour sa part Mohamed Karout, l’un des avocats des parties civiles qui représentaient l’Etat et ses agents.

Dix accusés ont été condamnés à 5 ans de prison et 2000 dh (180 euros) d’amende, huit à 3 ans et 1000 dh amende (90 euros), et 21 à deux ans et 5000 dh (450 euros).

Les avocats de la défense comptent faire appel après concertation avec les accusés.

Comme ses co-détenus, Nasser Zefzafi avait boycotté les derniers jours d’audience pour dénoncer la « partialité » de la justice et a refusé de prendre la parole à la fin du procès-fleuve qui s’était ouvert en septembre.

Cet ancien chômeur de 39 ans devenu le visage du mouvement avec ses talents d’orateur, avait été arrêté pour avoir interrompu le prêche d’un imam ouvertement hostile au mouvement dans une mosquée d’Al-Hoceïma, l’épicentre de la protestation qui a secoué la région historiquement frondeuse et marginalisée du Rif.

Les manifestations déclenchées par la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en octobre 2016, ont fait plus de 600 blessés parmi les forces de l’ordre et engendré sept millions de dirhams de dégâts matériels (environ 630.000 euros), selon les avocats des parties civiles.

Environ 450 personnes, selon des associations, ont été arrêtées pendant les manifestations généralement pacifiques mais parfois marquées par des heurts entre forces de l’ordre et protestataires, avec des blessés des deux côtés.

L' »approche sécuritaire » des autorités a été critiquée par des associations de défense des droits de l’Homme, qui ont dénoncé la « répression » du mouvement et des actes de « torture » contre certains manifestants après leur arrestation.

A l’annonce du verdict, quelques rares militants présents à l’audience ont scandé des slogans de solidarité, comme « vive le Rif » ou « Nous sommes Zefzafi ».

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