La justice face à sa crédibilité : différence de traitement réservé aux anciens du régime
DIA-07 mai 2019: La justice algérienne joue gros en ces temps des arrestations, d’emprisonnement, de marches et manifestations populaires. Le traitement des différentes affaires par la justice risque d’éclabousser ou de renforcer sa crédibilité, sachant que cette justice a été longtemps instrumentalisée au service des barons et de certains hommes politiques.
En ce sens, les images montrées par les chaînes de télévision sur l’arrestation des personnes ou responsables impliqués dans des affaires portant atteinte à la sécurité du pays ou des affaires liées à la corruption, reflètent les dysfonctionnements de cette justice.
Les hommes d’affaires et industriels Ali Haddad, Issaâd Rebrab et les frères Kouninef ont été remis à la justice dans des fourgons de la Gendarmerie nationale. Ils ont été arrêtés comme des vulgaires accusés. Il est vrai que Haddad et les frères Kouninef étaient proches du pouvoir et avaient bénéficié de grandes largesses ayant porté atteinte à l’économie nationale, ce qui n’est pas le cas de Rebrab qui a été condamné pour moins que cela.
En parallèle, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, le ministre des Finance et ancien gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Loukel et l’ancien Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le Général-major Abdelghani Hamel, s’étaient rendus pour comparaître devant le tribunal de Sidi M’hamed dans des véhicules officiels. Pis encore, ils s’étaient rendus avec leurs gardes rapprochées !
A ce titre, Loukal a bénéficié de privilèges au tribunal de Sidi M’Hamed quand il avait accédé par une autre entrée de manière à ce que les citoyens et les caméras ne l’aperçoivent pas.
Idem pour Said Bouteflika, le frère et conseiller spécial de l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le patron des services secrets en Algérie (Direction des services de sécurité DSS, ex-DRS), Bachir Tartag et le Général à la retraite, Mohamed Mediene dit Toufik, qui n’ont pas été transportés dans des fourgons au tribunal militaire de Blida. Au contraire, ils ont paru plutôt décontractés et marchaient come si de rien n’était.
Les images de Rebrab, Haddad d’un côté et celles d’Ouyahia, Lakel, Said Bouteflika, Tartag et le Général Toufik d’un autre côté, reflètent une justice plutôt controversée, ce qui risque de susciter le courroux des manifestants qui marchent et se révoltent depuis le 22 février dernier. Les chefs d’accusation ne sont pas en adéquation avec le traitement réservé aux uns et aux autres.
Amir Hani