Affaires de montage automobile et de financement de la campagne de Bouteflika : les accusés nient tout
DIA-03 mars 2020: La première chambre pénale près la Cour d’Alger a poursuivi au troisième jour les audiences dans le cadre du procès en appel des accusés impliqués dans les deux affaires relatives au montage automobile et au financement occulte de la campagne électorale pour la Présidentielle d’avril 2019, dont d’anciens cadres du ministère de l’Industrie, des hommes d’affaires et des membres la campagne électorale de l’ancien candidat, Abdelaziz Bouteflika.
L’ancien cadre du ministère de l’Industrie et membre de la commission d’investissement, Aghadir Ammar a nié son implication dans l’octroi d’indus avantages, rappelant que l’ancien ministre Mahdjoub Bedda l’avait mis à la retraite.
De son côté, l’ancien cadre au même ministère, Meghraoui Hassiba, accusée de conclusion de contrats en violation de la législation et d’octroi d’indus avantages, a déclaré être « victime » dans cette affaire, ajoutant qu’elle ne disposait pas de prérogatives nécessaires pour octroyer des avantages.
Elle a fait savoir que l’ancien ministre, Youcef Yousfi l’avait chargé « d’informer 40 opérateurs que leurs dossiers avait été acceptés par le Conseil national de l’investissement (CNI) ».
Le juge a convoqué, de nouveau, l’ancien cadre au ministère de l’Industrie, Tira Amine pour l’auditionner concernant les charges retenues contre lui. L’accusé a dit qu’il était membre de la commission d’évaluation technique « qui n’a aucune relation avec le montage automobile » et que sa « mission consistait seulement à donner l’avis et à soulever son rapport au ministre' », ajoutant qu’il avait démissionné en mars 2017 en raison d’anomalies, mais aussi pour avoir été chargé de recevoir les opérateurs directement alors que cela relevait des prérogatives d’autres responsables.
« La commission a étudié avant ma démission, 26 dossiers de montage automobiles et a émis un avis favorable pour 19 dossiers », a-t-il ajouté. Répondant aux questions de la défense des autres accusés, il a reconnu avoir connu le fils de l’ancien ministre, Abdesselam Bouchouareb, qui était alors enseignant dans la même école de formation qu’il fréquentait.
Le juge a entendu dans la matinée, Ahmed Chaid, trésorier de la direction de campagne de l’ancien Président, Abdelaziz Bouteflika et les hommes d’affaires Mohamed Bairi et Ali Haddad, ainsi que d’anciens cadres du ministère de l’Industrie.
Répondant aux questions du juge lors de cette audience, le trésorier de la direction de campagne de l’ancien Président, Ahmed Chaid a fait savoir que c’était le « frère de l’ancien président de la République Said Bouteflika qui l’avait chargé de collecter les fonds pour le financement de la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2019, à travers l’ancien président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad ».
Le même accusé a reconnu avoir collecté « un montant de 75 milliards DA », avant d’avouer qu’il avait signé les chèques pour le retrait des fonds.
Pour sa part, l’homme d’affaires Mohamed Bairi a rejeté toutes les charges retenues contre lui, affirmant avoir « obtenu une parcelle de terrain à Boumerdes suite à une demande introduite en 2011 ».
Interrogé par le juge et le Procureur général, l’homme d’affaires Ali Haddad a, lui aussi, rejeté les charges pour lesquelles il est poursuivi, reconnaissant toutefois avoir « déposer au niveau du siège de la direction de campagne de Bouteflika à Hydra, un chèque libellé au nom de l’homme d’affaires Ahmed Mazouz », ce-dernier ayant « refusé de se déplacer en personne au siège de la direction ».
A la question de savoir pourquoi avoir déposer les fonds de la direction de campagne de l’ancien Président au siège de son entreprise à Dar El Beida (Alger Est), Ali Haddad dira « je l’ai fait à la demande de Said Bouteflika pour des raisons sécuritaires ».
Lors du deuxième jour du procès, le président de la chambre pénale avait auditionné l’ancien ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, les hommes d’affaires Hassan Larbaoui, Mazouz Ahmed et Fares Sellal, qui ont rejeté les accusations retenues contre eux.
Pour sa part, l’ancienne wali de Boumerdes, Nouria Yamina Zerhouni ,entendue le même jour, a rejeté les accusations relatives à l’octroi de terres et d’avantages indus et la conclusion de contrats en violation de la législation.
L’ancien ministre des Transport et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane a affirmé avoir rejoint le siège de la permanence « le 5 mars 2019 » et était resté jusqu’au 11 mars, « date à laquelle M. Bouteflika avait renoncé à candidature ». Affirmant n’avoir pas participé au financement de la campagne électorale, il a reconnu néanmoins avoir consulté la liste des personnes impliquées dans le financement de la campagne.