Elon Musk prend le contrôle de Twitter et licencié des dirigeants
DIA-28 octobre 2022: «L’oiseau est libéré», a tweeté Elon Musk. L’homme le plus riche du monde, patron de Tesla et Space X, vient officiellement d’acquérir jeudi 26 octobre le réseau social Twitter pour la somme de 44 milliards de dollars, ont annoncé plusieurs médias américains, dont Reuters et le New York Times.
L’encre à peine séchée sur le contrat, la première décision du bouillonnant chef d’entreprise a été de limoger la direction du réseau à l’oiseau bleu, qu’il accuse de l’avoir induit en erreur sur le nombre de faux comptes de la plateforme. Selon des personnes proches du dossier, le directeur général Parag Agrawal, le directeur financier Ned Segal et le directeur des affaires juridiques et des politiques Vijaya Gadde ont été remerciés. Agrawal et Segal se trouvaient apparemment au siège de Twitter à San Francisco lorsque l’accord a été conclu et ont été accompagnés vers la sortie.
Ces derniers jours, les signaux que l’opération était imminente s’étaient multipliés. Le multimilliardaire s’était notamment rendu au siège de Twitter mercredi, se rebaptisant «Chief Twit» sur son profil – «twit» voulant dire «crétin» en anglais. Jeudi, les employés du groupe avaient reçu une invitation à une réunion générale pour le soir même, finalement annulée «jusqu’à nouvel ordre». D’après le Wall Street Journal, les banques participant au financement de l’opération avaient aussi commencé à envoyer l’argent le jour même. De plus, le New York Stock Exchange, où Twitter est coté, avait indiqué dans une notice que l’action de la plateforme serait suspendue vendredi avant l’ouverture de la séance.
Pressé par le temps et la justice
Elon Musk était pressé par le temps: une juge chargée de régler un contentieux entre les deux parties leur avait donné jusqu’à vendredi pour se mettre d’accord, faute de quoi un procès aurait lieu en novembre. L’opération traînait en effet depuis l’annonce fin avril d’une offre d’acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecœur par Twitter. L’entrepreneur avait cherché à s’en extraire unilatéralement début juillet, accusant l’entreprise de lui avoir menti, mais le conseil d’administration de la société a saisi la justice. À quelques jours de l’ouverture d’un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.
Le patron de Tesla avait déjà indiqué dans les jours précédents à des investisseurs qu’il comptait, à terme, licencier quasiment 75% des 7500 employés de Twitter, selon des informations publiées la semaine dernière par le Washington Post. «La partie la plus facile pour Musk était d’acheter Twitter», a estimé Dan Ives, analyste pour Wedbush, jeudi dans une note. Pour l’homme le plus riche du monde, l’enjeu désormais sera de «réparer cet actif en difficulté». L’opération restera, selon cet analyste, comme «l’une des acquisitions technologiques les plus surpayées» de l’histoire.
Une plateforme «infernale»
Se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d’expression, Elon Musk a déjà indiqué qu’il entendait assouplir la modération des contenus, ravivant les inquiétudes sur un possible regain d’abus et de désinformation sur la plateforme. Il a, par exemple, ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après l’assaut du Capitole en janvier 2021.
L’entrepreneur s’est employé jeudi à rassurer les annonceurs en affirmant qu’il voulait permettre à toutes les opinions de s’exprimer sur le réseau social, mais ne voulait pas en faire une plateforme «infernale» où tout serait permis. Il est «important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence», a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux entreprises qui achètent de la publicité sur le réseau social. «Cela dit, Twitter ne peut évidemment pas être un endroit infernal ouvert à tous, où tout peut être dit sans conséquence», a-t-il ajouté.