Le pétrole baisse, les craintes d’escalade des tensions au Moyen-Orient
DIA-27 octobre 2023: Les cours du pétrole accentuaient leur baisse jeudi, les craintes du marché quant à l’expansion de la guerre entre Israël et le Hamas aux pays voisins s’apaisant et laissant l’inquiétude quant à l’économie mondiale et à la résilience de la demande reprendre le dessus.
Vers 15H40 GMT (17H40 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre perdait 1,59%, à 88,70 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, baissait de 1,76% à 83,89 dollars.
« Les risques d’un conflit plus large » découlant de la guerre entre Israël et le Hamas « sont perçus comme étant en train de diminuer », commente Craig Erlam, analyste chez Oanda.
Israël a annoncé jeudi être entré avec des chars dans la bande de Gaza, pour « préparer le champ de bataille » d’une offensive terrestre évoquée à maintes reprises, au 20e jour de sa guerre contre le Hamas. Depuis le 7 octobre, plus de 7.000 personnes ont été tuées dans la bande Gaza selon le ministère de la Santé palestinien.
Depuis l’offensive du mouvement palestinien, le cours du Brent a pris 5% et le WTI seulement quelque 1,5% environ.
« Etant donné que le marché (pétrolier) est actuellement déficitaire, le risque d’une perturbation supplémentaire de l’approvisionnement aurait dû avoir un impact considérable sur les prix », remarque Caroline Bain, analyste chez Capital Economics. La montée des tensions dans la région avait conduit aux deux chocs pétroliers de 1973, puis 1979.
Selon Mme Bain, cette réaction limitée des cours s’explique par le fait « que la prime de risque liée au Moyen-Orient dans le prix du pétrole est en déclin, probablement depuis les années 1970 ».
La part du Moyen-Orient dans la production de pétrole a diminué, s’établissant à 30% environ en 2022, d’après Capital Economics. Des sources alternatives d’approvisionnement ont aussi vu le jour, notamment le pétrole de schiste américain.
De plus, « la plupart des pays disposent désormais de réserves stratégiques importantes qu’ils peuvent utiliser en cas de perturbation de l’offre », souligne Caroline Bain, qui note également que les pays « producteurs de pétrole du Golfe sont désormais beaucoup plus intégrés dans les marchés financiers mondiaux et ne voudraient pas risquer des sanctions ».
Il existe cependant toujours « un risque très réel (…) que le conflit s’aggrave et que des acteurs régionaux, qui sont de gros producteurs de pétrole, s’en mêlent », prévient l’analyste.
En parallèle, « les perspectives de la demande de brut n’ont pas été favorisées par la décision de la BCE (Banque centrale européenne, ndlr), qui a souligné la faiblesse de l’économie, et par une pléthore de données économiques américaines qui suggèrent que l’économie n’est pas au mieux de sa forme », affirme Edward Moya, d’Oanda, le niveau de demande étant lié à l’économie des pays consommateurs.
La BCE a en effet a laissé ses taux inchangés jeudi, après dix hausses d’affilée, prévenant que les risques inflationnistes, accentués par la guerre au Moyen-Orient, sont encore trop élevés pour envisager la moindre baisse.