Le prix du pétrole baisse, les investisseurs ignorent la prime de risque géopolitique
DIA-17 janvier 2024: Les prix du pétrole baissaient mercredi, le marché ignorant les tensions en mer Rouge en l’absence de ruptures d’approvisionnement en brut, et se focalisant ainsi sur les facteurs baissiers, notamment l’appréciation du dollar et la croissance chinoise décevante.
Vers 10H15 GMT (11H15 HEC), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, perdait 2,06%, à 76,68 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, baissait de 2,27%, à 70,76 dollars.
Avec les tensions au Moyen-Orient, et plus précisément les attaques en mer Rouge, « le marché du pétrole a toutes les chances de remonter, mais il rechigne à le faire », commente Tamas Varga, analyste de PVM Energy, affirmant que pour le moment « la prime de risque est absente ».
L’armée américaine a mené mardi de nouvelles frappes au Yémen, cette fois sur un site depuis lequel les rebelles Houthis qui menacent le trafic maritime international en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza, s’apprêtaient à lancer quatre missiles.
Par ailleurs, « la tension entre l’Iran et l’Irak est montée d’un cran », poursuit M. Varga.
Mardi, l’Iran avait procédé à des tirs de missiles sur ce qu’il a qualifié de quartiers généraux d' »espions » et de cibles « terroristes » en Syrie et au Kurdistan irakien autonome.
Mais pour l’instant, les tensions en mer Rouge et dans la région « se sont pas suffisantes pour donner une véritable impulsion à la hausse du prix du pétrole », expliquent les analystes d’Energi Danmark, « car l’offre mondiale reste forte ».
Sans rupture d’approvisionnement venant de la région, les investisseurs se concentrent sur d’autres facteurs.
A plus court terme, c’est d’abord l’appréciation du dollar qui affaiblit les cours du brut. Les cours de l’or noir étant libellés en billets verts, une appréciation de la devise américaine décourage les achats de pétrole en diminuant le pouvoir d’achat des acheteurs utilisant des devises étrangères.
« La Fed (Réserve fédérale américaine, ndlr) devant se montrer plus prudente en matière de réduction des taux, le dollar s’est renforcé », explique Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown.
Ensuite, de « sombres données économiques chinoises » publiées mercredi ont porté un coup aux cours selon M. Varga, la santé économique chinoise, important consommateur de brut, étant scrutée par les investisseurs.
La Chine a en effet connu en 2023 la croissance la plus faible depuis trois décennies hors période de Covid, au moment où une crise dans l’immobilier et les incertitudes économiques fragilisent la reprise pour la deuxième puissance mondiale.
Enfin, sur le plus long terme, la croissance de l’offre hors Opep+ (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés), et notamment celle des Etats-Unis, « est plus que suffisante pour satisfaire l’augmentation de la consommation », avance Tamas Varga, réduisant les risques de pénurie d’approvisionnement.
Côté gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, poursuivait sa baisse, perdant 2,9% à 28,795 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché 28,65 euros, un plus bas depuis août 2023.