Sanofi vend Doliprane au groupe d’investissement américain CD&R
DIA-11 octobre 2024: Le conseil d’administration de Sanofi s’est réuni pour décider qui, du français PAI allié à d’autres fonds étrangers ou de l’américain CD&R, (Clayton, Dubilier & Rice) rachèterait une partie de sa division dédiée à la santé grand public. Le laboratoire français a confirmé vendredi matin être entré en négociations avec CD&R pour lui céder une part majoritaire d’Opella. Selon Les Echos, le fonds offrirait une valorisation de 15,5 milliards d’euros pour cette entité qui commercialise également le Dulcolax, la Lysopaïne, ou le Maalox, représente 12% du chiffre d’affaires actuel de Sanofi et emploie 11.000 salariés.
Clayton, Dubilier & Rice, LLC ( CD&R ) [ 1 ] est une société américaine de capital-investissement . C’est l’une des plus anciennes sociétés d’investissement en capital-investissement au monde. Fondée en 1978, CD&R a géré des investissements de plus de 30 milliards de dollars dans environ 90 entreprises, représentant un large éventail de secteurs d’activité, avec une valeur transactionnelle globale supérieure à 140 milliards de dollars. Environ la moitié des investissements de CD&R ont concerné des cessions d’entreprises
CD&R détenait des participations dans, entre autres, B&M Retail, Envision Healthcare , The Hertz Corporation , Hussman International, Rexel (un distributeur de pièces et d’équipements électriques) et US Foods (un distributeur de services alimentaires à large gamme), Sally Beauty , Diversey, Inc. , VWR International , Brake Bros , Kinko’s (maintenant FedEx Office , anciennement FedEx Kinko’s), Uniroyal Goodrich Tire Company et Lexmark .
Le gouvernement n’a pas attendu l’annonce officielle de Sanofi, vendredi matin, pour réagir. Dès jeudi soir, le cabinet du ministre délégué à l’Industrie, Marc Ferracci, estimait que CD&R «est un fonds d’investissement sérieux qui présente des perspectives positives pour le développement global d’Opella ainsi que pour les sites implantés en France». En France, le fonds américain a par le passé investi dans Conforama, alors en difficultés, Rexel ou Spie.
À l’inverse du cas Biogaran, leader des médicaments génériques en France que Servier comptait envisager de céder à un acteur indien, le ministère de l’Industrie ne semble pour l’instant pas désireux contrecarrer cette opération. Il estime que le choix de Sanofi «ne remet en question ni la production en France du Doliprane ou des autres médicaments essentiels produits par Opella en France, ni l’approvisionnement du marché français». Le dossier est aussi suivi de près à l’Élysée et Alexis Kohler, son secrétaire général, avait reçu CD&R la semaine dernière.
Ce projet de cession ne remet en question ni la production en France du Doliprane ou des autres médicaments essentiels produits par Opella sur notre territoire, ni l’approvisionnement du marché en ces médicaments. »
Sanofi a annoncé il y a un an son intention de se séparer de cette division santé grand public – un mouvement qu’ont déjà réalisé la plupart de ses concurrents. Pfizer et GSK se sont ainsi séparés d’Haleon, désormais coté en Bourse, et Johnson & Johnson de ce qui deviendra Kenvue (Neutrogena, Aveeno et Listerine…). L’objectif de Sanofi comme de ses concurrents est de pouvoir se concentrer sur le développement de médicaments innovants, une activité très différente de la santé grand public, plus proche de l’univers de la grande consommation.
Le directrice générale actuelle d’Opella, Julie Van Ongevalle, a d’ailleurs effectué une partie de sa carrière chez Estée Lauder avant de rejoindre Sanofi. Avec un chiffre d’affaires de 5,3 milliards d’euros en 2023, Opella est le numéro trois mondial d’un secteur très éclaté, derrière Haleon et Kenvue. En 2020, l’entreprise perdait encore des parts de marché. Depuis lors, le portefeuille de marques a été dépoussiéré, pour n’en conserver que 45%. Sanofi a concentré ses efforts et ses investissements sur 15 grandes marques, qui représentent aujourd’hui 80% du chiffre d’affaires. Son portefeuille s’est par ailleurs enrichi de l’acquisition de Qunol l’année dernière, sur le segment très porteur des compléments alimentaires.