Que cache la symbolique du geste de l’Ambassadeur de France envers Larbi Ben Mhidi ?
DIA-20 novembre 2024: L’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, s’est rendu aujourd’hui au carré des Martyrs du cimetière d’El Alia. À la demande du président français, et en son nom, il a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Larbi Ben M’hidi. Ce geste, (le deuxième du genre pour un diplomate français) qui a été approuvé par les autorités algériennes, possède une forte connotation politique et historique.
Le premier pas a été déjà fait par le président français Emmanuel Macron, le 1 novembre Dernier (La date n’a pas été choisie par hasard). Ce jour-là, le président français a eu un mot pour le chef historique de la révolution algérien en charge de la zone autonome d’Alger, le présentant comme un « héros national » pour son pays.
C’est d’ailleurs à travers un communiqué de l’Élysée, (Pas de déclaration visuelle) qu’il a indiqué que celui qui avait fait partie des six leaders de l’insurrection (Il ne parle pas de révolution) du 1er novembre 1954, avait été assassiné par des militaires français « placés sous le commandement du général Aussaresses« . L’information avait été faite par l’ancien chef des parachutistes lui-même en 2001 dans son « livre « : « Services spéciaux Algérie 1955-1957 : Mon témoignage sur la torture » paru aux éditions Perrin.
« La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune, se poursuivra », souligne le communiqué, précisant que l’objectif d’Emmanuel Macron est « d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée ».
« C’est aussi en pensant aux générations futures que le chef de l’État se fait devoir, encore et toujours, de chercher les voies de la réconciliation des mémoires entre les deux pays », précise l’Élysée.
Souvent présenté par ses compatriotes comme le « Jean Moulin algérien », le dirigeant du FLN a été assassiné en 1957 par le général Paul Aussaresses, qui l’a avoué au début des années 2000, démentant la version officielle qui avait maquillé son décès en tentative de suicide.
Il n’y a eu aucune réaction officielle des autorités ou des personnalités algériennes à l’annonce du président Macron, sur l’assassinat de Ben Mhidi. Et pour de nombreux observateurs algériens, le geste aujourd’hui de l’Ambassadeur Stéphane Romatet ne donnera lieu à aucune réaction des autorités algériennes. D’ailleurs, c’est la deuxième fois qu’un ambassadeur français acte ce genre de geste politique et diplomatique en Algérie. L’Ambassadeur François Gouyette, avait déposé le samedi 8 mai 2021 une gerbe de fleurs en hommage aux victimes des massacres de mai et de juin 1945 à Sétif et dans le Nord-Constantinois.
Seulement voilà, Emmanuel Macron reconnaît cette exécution historique à un moment où les tensions sont vives entre la France et l’Algérie, notamment après la déclaration de l’Élysée sur le Sahara occidental, suivi d’une visite d’État très calculée au Maroc.
Salim Bey