Abdelmadjid Attar (ancien ministre): "Ce n'est pas la transition énergétique qui pose problème mais c'est plutôt la rente pétrolière..." - DIA
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Abdelmadjid Attar (ancien ministre): « Ce n’est pas la transition énergétique qui pose problème mais c’est plutôt la rente pétrolière… »

DIA-14 mai 2017: Dans une déclaration faite en marge des travaux du 4ème Colloque organisé par Club Energy, une structure relevant de l’Association des ingénieurs d’Etat diplômés de l’Institut algérien du pétrole (IAP), portant sur « la vision et les facteurs de succès pour la transition énergétique en Algérie », Abdelmadjid Attar, ancien ministre et ancien haut dirigeant et haut cadre de la SONATRACH, a résumé en quelques mots la problématique de cette rencontre.  « Ce ne sont pas la transition énergétique et la sécurité énergétique qui posent problème », a-t-il, en effet, déclaré. Précisant davantage sa pensée, il a ajouté que le problème qui se pose aujourd’hui à l’Algérie c’est « la rente pétrolière ». Et d’ajouter: « Il est aujourd’hui aberrant et dangereux d’avoir une économie totalement dépendante des hydrocarbures où toutes les opérations sont financées par cette rente ». Se voulant, à l’évidence, plus explicite, l’ancien patron de SONATRACH n’a pas hésité à déclarer que si « l’Algérie avait une économie diversifiée, les transition et sécurité énergétiques ne seraient aucunement un problème ». Une manière de dire que la priorité des priorités aujourd’hui est « la concrétisation, au plus vite, d’une telle économie ». En clair que l’Algérie a urgemment besoin « d’une transition économique qui permettrait de financer le développement du pays non pas à partir de la rente pétrolière mais d’autres richesses ». Et ce sont ces richesses qui, selon Abdelmadjid Attar, financeront la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables: « Il serait aberrant de financer le développement de ces énergies à partir des énergies fossiles », a-t-il fait remarquer à ce propos. Dans la lancée, il a fait part de sa conviction que la maîtrise de la consommation ne peut pas être obtenue par le seul recours à l’augmentation des tarifs des différentes énergies consommées: « Il ne faut pas comprendre la maîtrise de la consommation comme sa réduction mais plutôt comme sa rationalisation pour arriver à ne consommer que ce dont on a besoin », a-t-il poursuivi en guise d’explication. Revenant aux énergies renouvelables, l’ancien ministre de l’Hydraulique et des Ressources en eau, s’est prononcé sur « leur rapide développement » surtout que, a-t-il ajouté, « les avancées technologiques réalisées ont fortement fait baisser les coûts de leur exploitation ». Une opportunité que l’Algérie doit saisir en essayant, a-t-il dit, « d’attirer le maximum d’investisseurs étrangers ». Pour ce faire, Abdelmadjid Attar a souhaité que les pouvoirs publics introduisent, au plus tôt, « des amendements idoines dans la loi sur les hydrocarbures », notamment dans ses dispositions relatives « à la fiscalité pétrolière ». Abdelmadjid Attar n’a pas été la seule personnalité présente à ce 4ème Colloque du Club Energy a pointé du doigt les pouvoirs publics quant à leur gestion du secteur des hydrocarbures. Sid Ahmed Ghozali, ancien ministre de l’Energie et ancien chef du gouvernement, a été quant à lui autrement plus critique. Dans une déclaration à la presse faite en marge des travaux de cette rencontre, il s’est demandé, avec un scepticisme très apprent, « si (ceux-ci) avaient une vision claire de l’utilisation que l’on peut en faire pour assurer le développement du pays ».

« La non prorogation de l’Accord d’Alger serait une catastrophe… »

Pour l’ancien patron de la SONATRACH, la prochaine réunion des pays OPEP et non-OPEP prévue pour se tenir le 25 du mois en cours pour discuter de la situation du marché pétrolier et, plus particulièrement, des fluctuations que connaît le prix du baril de pétrole, sera déterminante. Surtout pour les pays producteurs. « Dans le cas où l’accord de réduction des prix n’est pas prorogé de six autres mois, ce sera la catastrophe pour les pays producteurs », a-t-il affirmé dans un point de presse tenu en marge des travaux du 4ème Colloque du Club Energy, une structure relevant de l’Association des ingénieurs d’Etat diplômés de l’Institut algérien du pétrole, qui se tient, aujourd’hui, à l’Ecole supérieure du commerce de Koléa, dans la wilaya de Tipaza. Abdelmadjid Attar n’écarte pas, en effet, dans ce cas, « une baisse du prix du baril au-dessous de la barre des 40 dollars ». Un scénario d’autant plus  inquiétant, s’il venait à se réaliser, qu’aujourd’hui, « personne ne contrôle le marché ». Un constat auquel a également abouti Nourredine Aït-Laoussine, ancien haut cadre du secteur de l’Energie et actuel président de NACHOLSA S.A., une société de conseils dans le domaine de l’énergie installée à Genève, en Suisse. Pour celui-ci, en effet, les différents intervenants dans le marché ont des stratégies différentes, liées à leurs intérêts nationaux étroits. A titre d’exemple, il a cité le cas des Etats-Unis qui se sont lancés dans une exploitation effrénée de leurs hydrocarbures de schiste. Au point qu’aujourd’hui, leur production de gaz est constituée, à hauteur de 50%, par du gaz de schiste. Mais également celui de l’Arabie saoudite qui utilise, pour défendre ses intérêts, alternativement, une stratégie de défense de ses parts de marché et ce, en inondant le marché de pétrole quitte à faire chuter drastiquement ses prix. C’est ce qui se passe depuis juin 2014. Et une stratégie de réduction de l’offre pour éponger le surplus de pétrole sur le,marché et, partant, provoquer un relèvement de ces mêmes prix. C’est ce qui explique son adhésion à l’Accord d’Alger du mois de novembre 2016. Sauf que cet « égoïsme » dans les positions n’est pas pour aider à l’adoption d’une position commune et stable des pays producteurs de pétrole. Une situation qui n’est pas, a-t-il ajouté, pour rendre la sérénité à ces pays qui depuis la chute des prix du pétrole de juin 2014 ont perdu quelque « 1000 milliards de dollars… »

Mourad Bendris

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