Ali Fawzi Rebaïne : « La prochaine APN sera une assemblée de milliardaires… »
DIA-15 février 2017: Dans la conférence de presse qu’il a animée, ce jour, au siège national de son parti, le président d’Ahd 54 n’a été tendre ni avec le pouvoir, ni avec les partis, les organisations de la société civile et les personnalités qui lui sont proches. Les élections législatives du 4 mai prochain ont été, en effet, l’occasion pour Ali Fawzi Rebaïne de, carrément, les descendre en flammes. Dans certains cas, en des termes violents. Toute son intervention préliminaire était articulée autour d’une « sentence » péremptoire : « Toutes les conditions sont réunies pour que l’actuelle configuration de l’APN soit reconduite », s’est-il insurgé. En clair, pour que les partis du pouvoir y restent largement majoritaires. Sauf que dans la suite de ses propos et dans ses réponses aux journalistes, il est clairement apparu qu’il ne visait pas que ces partis. Plus particulièrement, le FLN qu’il a, ironiquement, qualifié « de parti qui n’a jamais perdu une élection ». Et ce, comparativement au sien qui, a-t-il précisé sur le même ton, « bien qu’ayant pris part à toutes les élections, il n’en a remportées aucune ». Le président d’Ahd 54, sans le dire ouvertement, a, en effet, clairement laissé entendre que les partis du pouvoir, ou qui en sont proches, seront les vecteurs de la mainmise programmée des « forces de l’argent » sur l’APN. A la « sentence » précitée, il a ajouté une autre par laquelle il a fait part de sa certitude que « la prochaine APN sera une assemblée de milliardaires ». Comme pour dire que tout cela est programmé d’avance, Ali Fawzi Rabaïne n’a pas hésité à dire que « l’argent sale (allait) inonder la campagne électorale ». Dans la foulée, et dans un rapprochement par trop suggestif, il a ajouté que « lors des prochaines Législatives, on retrouvera tous ceux qui ont détruit l’économie nationale et participé à l’élaboration de la politique d’austérité et de la Loi de finances 2017 qui sont en train d’appauvrir le peuple ». Et de citer pêle-mêle Sellal, Bouchouareb, Chakib Khellil, Saadani et même Cherif Rahmani. Qui sont, a-t-il poursuivi, « tous accusés de corruption ». Sauf que le président d’Ahd 54 ne s’est pas limité à ces accusations. Il est allé jusqu’à dire, dans ce qui semble être une première, qu’ils ne doivent leur « tranquillité » que parce qu’ils ont « le soutien des militaires qui continuent de faire de la politique ». Conscient, à l’évidence, que la virulence de ses propos et la conviction qu’il a affichée que les « jeux étaient déjà faits », sonnaient quelque peu faux avec la décision de son parti de prendre part aux Législatives de mai prochain, Ali Fawzi Rebaïne a expliqué celle-ci par le fait que « Ahd 54 ne croyait pas à la politique de la chaise vide ». Et que sa participation aux élections « faisait partie de son combat politique ». Dans une dernière salve contre le pouvoir dans son intervention préliminaire, le président d’Ahd 54 a mis au défi celui-ci « de laisser, le jour des élections, les chaînes de télévision nationales privées couvrir, en direct, l’événement ». Un défi, a-t-il déclaré, que « le pouvoir ne relèvera jamais… »
Mourad Bendris