Après une longue éclipse, Rahabi revient sur la scène politique et fustige des cercles hostiles à l'Algérie et proches du Maroc - DIA
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Après une longue éclipse, Rahabi revient sur la scène politique et fustige des cercles hostiles à l’Algérie et proches du Maroc

DIA-11 décembre 2020: L’ancien diplomate et ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi a relevé, jeudi à Alger, l’existence d’une stratégie de « tension permanente » développée par certains cercles proches du Maroc, visant à  contraindre l’Algérie à « changer de priorités ».

« Beaucoup de stratèges proches du Maroc développent cette stratégie de tension permanente », a-t-il déclaré sur LSA direct, soulignant que l’objectif escompté de cette « guerre d’usure » est d’obliger le pays à « changer de priorités ».

Selon M. Rahabi, l’Algérie a toujours été sous tension permanente sur les questions internationales, notamment sur la question palestinienne.

« On nous demande toujours de faire des concessions sur la question palestinienne. Ne nous l’avons pas fait », a-t-il affirmé, faisant savoir que « beaucoup de pays étrangers y compris des pays amis, avaient demandé à l’Algérie en 1988 de reporter le Conseil national palestinien tenu à Alger parce qu’il y avaient des menaces ».

Evoquant l’intervention militaire du Maroc à El Guerguerat, l’ancien ministre a soutenu que le « Maroc jouit d’un soutien diplomatique direct et inconditionnel de la France au Conseil de sécurité de l’ONU « , mais également, d’un  » soutien financier à l’effort de guerre des pays du Golf ».

« Il a incontestablement joué la carte de la Palestine en se rapprochant de l’entité israélienne pour ne pas aller jusqu’à normaliser avec lui par ce qu’il y a probablement des résistances à l’intérieur », a-t-il ajouté.

Interrogé sur l’absence de volonté chez le Maroc pour renouer le processus de négociations avec les Sahraouis, l’ancien diplomate a estimé que « le Maroc se sent puissant, à chaque fois que ses alliés pensent que l’Algérie est faible ».

Il a rappelé, à ce titre, que le Maroc a décidé de suspendre sa participation aux travaux de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en 1995, lorsque l’Algérie vivait une situation sécuritaire très difficile.

Affirmant que le conflit au Sahara occidental est « une question de décolonisation », M. Rahabi a rappelé que le Maroc a pris des engagements internationaux pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.

Il a relevé, à ce titre, la nécessité d’amener le Conseil de sécurité de l’ONU à assumer ses responsabilités vis-à-vis du peuple sahraoui, regrettant l’absence d’envoyé spécial au Sahara occidental.

Il a plaidé, en outre, pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme comme préconisé par l’Algérie.

Il a estimé, à ce titre, sue la question du Sahara occidental « n’empêche pas le Maghreb de se construire ».

Les chefs d’Etat des pays du Maghreb qui se sont réunis à Zeralda en 1988 et à Marakech en 1989, a-t-il poursuivi, « avaient décidé de découpler la question du Sahara occidental de la question de la construction maghrébine ».

Il a affirmé, dans ce contexte, que les déclarations de l’ancien chef d’Etat tunisien, Moncef Merzouki, sur le Sahara occidental sont « tout à fait scandaleuses ». Ce dernier ne reconnait pas aux Sahraouis le droit d’avoir un Etat sous prétexte qu’ils ne sont que 200.000.

« Moi, je connais beaucoup de pays, y compris dans le monde arabe, qui sont moins de 200.000 autochtones. Et il y a plus de 50 pays membres de l’ONU qui ont moins de 200.000 habitants », a-t-il tenu à préciser.

« Il est regrettable qu’un ancien président, de surcroît un pays ami, tienne un discours qui relève de l’anthropologie coloniale. Je trouve cela extrêmement navrant de la part d’un ancien président tenu par une obligation de réserve en matière de politique étrangère », a-t-il ajouté

L’Algérie est encerclée

Commentant le dernier éditorial de la revue de l’ANP « El Djeich », M. Rahabi a estimé que l’armée « a pour mission d’affiner, de renforcer et de consolider le lien avec le peuple », estimant que « le lien ne doit pas être distendue entre le peuple et son armée ».

« Le peuple doit s’identifier à son armée en termes de protection du pays et l’armée doit s’identifier à son peuple par ce que c’est l’armée qui doit diffuser la sérénité, c’est l’armée qui doit absorber les inquiétudes de la société dans des situations conflictuelles, parce que nous sommes dans une situation conflictuelle difficile », a-t-il expliqué.

Il a cité, à ce titre, le conflit en Libye, au Mali et la crise d’El Guerguerat qui a suscité une tension entretenue par le Maroc.

« L’Algérie est encerclée, c’est une réalité. Il y a des conflits armés à nos frontières, il y a une implication militaire directe de puissances étrangères », a-t-il affirmé, ajoutant « cela est largement suffisant pour sonner la mobilisation ».

« C’est largement mobilisateur de l’opinion publique, des institutions et de la classe politique algérienne », a-t-il soutenu.

Il a fait remarquer, dans ce contexte, que « l’Algérie n’est membre d’aucun système de défense militaire collectif ».

Cette situation, a-t-il poursuivi,  » vous donne certainement une autonomie et une souveraineté dans la décision militaire mais exige de vous beaucoup de moyens et une grande vigilance ».

« Fort heureusement, nous comptons des amis traditionnels qui ont soutenu le combat de l’Algérie pour l’indépendance », a-t-il ajouté, citant la Chine et la Russie avec lesquelles « l’Algérie entretient des relations militaires privilégiées ». 

Abordant la dernière résolution du Parlement européen sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, l’ancien diplomate a affirmé que « la question des droits humains est traitée de manière sélective par l’Occident ».

Sur un autre plan, M. Rahabi a pointé du doigt « l’égoïsme » de l’UE qui a consacré moins de 3% de ses investissements à l’étranger pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, regrettant que l’Algérie soit perçue par les pays européens comme « un marché, un fournisseur sûr de matières premières et un bouclier contre la migration clandestine et le terrorisme ».

Il a dénoncé, en outre, le paiement des rançons aux terroristes dans la région du Sahel, jugeant cette approche occidentale « paradoxale ».

Par ailleurs, l’ancien ministre a annoncé le lancement d’une ou deux initiatives politiques destinées à « relancer la vie politique » et à « sortir de l’état de léthargie » dès le retour du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au pays.

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