Attaque de drones des rebelles yéménites contre des sites pétroliers en Arabie Saoudite
DIA-14 septembre 2019: Une attaque de drones revendiquée par les rebelles yéménites a provoqué des incendies samedi dans deux installations pétrolières du géant Aramco en Arabie saoudite, troisième attaque du genre en cinq mois contre des infrastructures du mastodonte pétrolier.
Les rebelles Houthis ont revendiqué les deux précédentes attaques, en mai et en août, sur des installations d’Aramco dans le royaume saoudien, pays dont les forces sont engagées au côté du pouvoir au Yémen contre les rebelles.
“A 04H00 locales (01H00 GMT) les équipes de sécurité d’Aramco sont intervenues pour éteindre des incendies dans deux installations visées par des drones” à Abqaiq et Khurais, a indiqué le ministère de l’Intérieur du premier exportateur mondial d’or noir.
“Les deux incendies ont été maîtrisés”, a-t-il ajouté dans un communiqué relayé par l’agence officielle SPA, sans préciser la provenance des drones, s’il y a eu des victimes ou si l’attaque a entraîné la suspension des opérations. Une enquête a été ouverte.
Les autorités saoudiennes ont renforcé la sécurité autour des deux sites visés, empêchant les journalistes de s’approcher pour constater l’étendue des dégâts. De la fumée s’élevait au dessus des deux sites pétroliers.
Dans un communiqué relayé par leur chaîne de télévision Al-Massirah, les Houthis ont fait état d’“une opération d’envergure contre des raffineries à Abqaiq et Khurais”.
Les Houthis, soutenus politiquement par l’Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite, revendiquent
Menace sérieuse
Le site d’Abqaiq, situé à 60 kilomètres au sud-ouest de Dahran, principal siège du géant pétrolier, abrite la plus grande usine de traitement du pétrole d’Aramco, selon son site internet.
Khurais, à 250 kilomètres de Dahran, est l’un des principaux champs pétroliers de l’entreprise publique qui prépare son entrée en bourse, initialement prévue pour 2018 mais reportée en raison de la chute des cours du brut sur le marché mondial.
Les Houthis affirment agir en riposte aux frappes aériennes de la coalition militaire menée par le royaume saoudien, qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen déclenchée par une offensive des Houthis en 2014 qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Pierre angulaire du programme de réformes engagé par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour diversifier l’économie saoudienne ultra-dépendante du pétrole, cette introduction sur les marchés doit avoir lieu “bientôt” selon le nouveau PDG d’Aramco, Amin Nasser.
Les attaques des rebelles yéménites montrent qu’ils disposent d’armes sophistiquées et constituent une menace sérieuse pour l’Arabie saoudite et plus particulièrement pour ses installations pétrolières, selon des experts.
Le 17 août, les Houthis avaient dit avoir mené une attaque à l’aide de dix drones, “la plus massive jamais lancée en Arabie saoudite”, contre le champ de Shaybah (est), qui avait provoqué un incendie “limité” selon Aramco sur une installation gazière, sans faire de blessés.
Le 14 mai, les Houthis avaient revendiqué une attaque de drones dans la région de Ryad, contre deux stations de pompage d’un oléoduc reliant l’est à l’ouest du royaume, qui avait entraîné l’interruption temporaire des opérations sur l’oléoduc.
Tensions
Cette attaque avait ajouté aux tensions grandissantes dans la région du Golfe, après des attaques et des actes de sabotages contres des pétroliers en mai et juin, imputés par les Etats-Unis et son allié saoudien à l’Iran qui a nié toute implication.
La destruction d’un drone américain, entré dans l’espace aérien iranien selon Téhéran, avait fait craindre un embrasement général. Le président américain Donald Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.
Le site d’Abqaiq, attaqué samedi, avait déjà été la cible d’une attaque à la voiture piégée revendiquée par le réseau Al-Qaïda en 2006. Les deux assaillants, morts dans l’attaque, n’avaient pas réussi à pénétrer dans l’enceinte de l’usine de traitement et deux gardes avaient été tués.
En 2014, un tribunal saoudien avait condamné à mort un homme lié à cette attaque et deux autres avaient été condamnés à 33 et 27 ans de prison, selon un média d’Etat.