Bedoui rate sa première sortie médiatique : défaillance dans la communication gouvernementale
DIA-14 mars 2019: Le Premier ministre, Noureddine Bedoui, a indiqué à l’occasion de sa première sortie médiatique ce jeudi, que le futur gouvernement qu’il dirigera sera technocrate. Entendre par là que le gouvernement sera composé de ministres techniciens et non politiciens.
En d’autres termes, les ministres issus des partis politiques ne seront pas désignés au sein de ce gouvernement. Il n’y aura ni ministres des partis pro-pouvoir, ni ministres des partis d’opposition, alors que le poste de ministre est plutôt politique avant d’être technique.
Or, il se trouve que l’ancien diplomate Lakhdar Brahimi, qui a été reçu par le Président Abdelaziz Bouteflika, s’est empressé de déclarer que le futur gouvernement comprendra en son sein des représentants des partis politiques et d’autres parties de la société civile. Brahimi est en pleine contradiction avec Bedoui !
Autre imperfection de Bedoui qui manque de charisme et de sens de communication. Le nouveau Premier ministre qui a paru crispé lors de la conférence de presse, n’a pas été aidé par son service de communication.
Par tradition, le discours du Premier ministre est distribué aux journalistes de la presse nationale afin d’éviter les incompréhensions. En ayant le discours sous la main, les risques d’erreur des journalistes est considérablement réduit. Mais il se trouve que le chargé de communication de Bedoui a failli à sa mission en gardant à son niveau le discours du Premier ministre.
Il faut relever qu’au temps d’Ahmed Ouyahia, non seulement le discours est remis aux journalistes mais il est mis en ligne sur le site du Premier ministère. Le chargé de communication de Bedoui, qui s’occupe beaucoup plus du protocole que de la communication, n’a rien fait de cela, ce qui relève d’une erreur impardonnable !
Le vie-Premier ministre, Ramtane Lamamra tente de remédier à ces imperfections, mais force est de reconnaître que Lamamra a du mal à se défaire de son costume de diplomate. Il s’exprime bien et correctement certes, mais son discours reste élitiste et surtout diplomatique.
Son passage à la Chaîne 3 de la Radio nationale a laissé les Algériens sur leur faim en raison de ses tournures diplomatiques, alors qu’il aurait du prôner un discours simple, populaire et compréhensible, à l’exemple d’Ahmed Ouyahia qui avait une grande facilité du verbe et cet art de faire passer ses messages.
Mais la plus grande erreur de communication de Bedoui était linguistique, puisque le nouveau premier ministre s’est exprimé en arabe classique plus proche de la langue de bois que du langage du peuple. Le premier patron du gouvernement était censé créer un climat de confiance et compréhension entre lui et la société. C’est raté!
A cela s’ajoute l’unilinguisme de la conférence qui n’a pas aidé les nombreuses chaînes étrangères notamment françaises qui diffusait la conférence en direct. A une question en français de la représentante du quotidien d’Oran, Bedoui a répondu en arabe en donnant une réponse aussi complexe que floue.
Il est clair que le nouveau premier ministre n’a pas préparé sa conférence de presse, ce qui a mis dans la gène le vice premier ministre Lamamra, qui était cadré au mauvais moment par les caméras de la télévision publique.
Amir Hani