Le Brésil ébranlé par une affaire de viande contaminée: l’Algérie est-elle touchée?
DIA-22 mars 2017: L’Algérie devrait s’inquiéter étant l’un des importateurs de la viande brésilienne, mais déjà et selon, O globo, l’Union Européenne, la Corée du Sud, la Chine et le Chili ont annoncé des mesures temporaires restreignant l’entrée de la viande brésilienne sur leurs marchés. Et ce suite à une opération d’inspection irrégulière menée le 17 mars dernier, par plus de 1000 agents de la Police Fédérale aux abattoirs du Brésil. Au total 21 entreprises exportatrices sont soupçonnées de commercialiser de la viande avariée, dont de grosses boites telles que BRF Brésil laquelle est accusée de payer des pots de vin pour éviter la fermeture d’une unité à Mineiros (GO) et qui aurait exporté des produits contaminés et JBS. Ainsi que de petits sociétés exerçant dans le domaine du froid telles que Mastercarnes et Peccin, Parana. Cinq de ces 21 entreprises ont été suspendues à titre préventif dont 4 sont empêchées d’exporter vers L’UE et Hong Kong. L’enquête qui est en cours a donné lieu à 26 arrestations préventives, 11 emprisonnements temporaires, ainsi que 111 recherches de personnes impliquées. Le plus grand exportateur de viande au monde fait face à une grosse affaire d’octroi de licences dans laquelle seraient impliqués des inspecteurs du ministère de l’Agriculture et de l’approvisionnement du bétail. Le président Temer pour rassurer les principaux pays clients a convié 19 ambassadeurs à un barbecue dans un restaurant dimanche à Brasilia, soulignant que cette affaire ne devrait pas porter préjudice à toute la filière.
La viande Brésilienne est exportée vers 150 pays, pour un total de 10 milliards de dollars en ce qui concerne le bœuf et le poulet.
Selon le Centre de la sécurité alimentaire de Hong Kong, « la qualité de la viande en provenance du Brésil est sujette à caution », motif invoqué pour suspendre temporairement les importations de viande congelée ou réfrigérée, ainsi que de volaille.
Les exportations de viande de boeuf vers Hong Kong ont rapporté 718 millions de dollars au Brésil en 2016, d’après les chiffres du gouvernement brésilien.
Pour ce qui est de la volaille, Hong Kong occupe le cinquième rang, avec des importations à hauteur de 357,2 millions de dollars.
Le Mexique et le Japon ont rejoint mardi soir la liste des pays qui ont suspendu depuis dimanche leurs importations en provenance du Brésil.
Lundi, d’autres marchés importants avaient tourné le dos au Brésil, y compris la Chine, deuxième acheteur de viande bovine et de poulet. En tout, une demi-douzaine de marchés ont annoncé des mesures.
La Corée du Sud a néanmoins décidé mardi de lever la suspension de distribution de volailles déjà importées, après avoir obtenu des autorités brésiliennes la confirmation qu’aucune viande avariée n’était entrée dans le pays.
L’Union européenne a quant à elle demandé « au Brésil de retirer immédiatement tous les établissements impliqués dans la fraude de la liste » des sociétés approuvées par l’UE pour l’exportation, selon Enrico Brivio, un porte-parole de la Commission européenne.
Sur 21 usines soupçonnées d’avoir commis des irrégularités, quatre ont une licence d’exportation vers l’UE.
Le principal syndicat européen d’agriculteurs Copa-Cogeca a saisi l’occasion pour appeler de nouveau à la prudence dans les négociations en cours entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) autour d’un accord de libre-échange.
La Russie, qui dépend largement de l’importation de viande brésilienne depuis qu’elle a décrété un embargo sur les produits américains et européens, a demandé des informations aux autorités sanitaires du Brésil.
La crise a pris une telle ampleur que le ministre de l’agriculture, Blairo Maggi, prévoyait déjà une telle défection lundi. « Nous nous attendons à ce que plus de 30 pays remettent en question le pays (comme fournisseur de viande) en raison de cette affaire », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à Brasilia.
Ce scandale, qui implique deux multinationales brésiliennes de l’agroalimentaire, JBS et BRF, « pourrait faire dérailler la reprise économique du pays », s’est inquiété le cabinet d’analyse Capital Economics, car « le Brésil fait face à une perte potentielle d’exportations d’environ 3,5 milliards de dollars, l’équivalent de 0,2% du PIB ».
Au moins trente personnes ont été arrêtées et plusieurs usines de transformation de viande ont été fermées. Selon le journal Folha de Sao Paulo, les 21 usines incriminées représentent pourtant seulement 1% de ces exportations.
Dans un discours prononcé mardi, le président Michel Temer a considéré les quantités « insignifiantes », rappelant que le Brésil dispose de 4.383 usines de transformation de viande et que 184 lots de viande parmi les 860.000 commercialisés ont été visés.
Pour rassurer les pays importateurs, M.Temer a même invité dimanche plusieurs ambassadeurs à dîner dans un restaurant de viande grillée à la broche.
Amel Bouchaib