Centenaire de sa naissance: Ahmed Ben Bella, un homme dans le siècle
DIA-04 décembre 2016: « Au cours des siècles, l’histoire des peuples n’est qu’une leçon de mutuelle tolérance, si bien que le rêve final sera de les ramener tous à l’universelle fraternité, de les noyer tous dans une commune tendresse, pour les sauver tous le plus possible de la commune douleur. Et, de notre temps, se haïr et se mordre, parce qu’on n’a pas le crâne absolument construit de même, commence à être la plus monstrueuse des folies. » (Emile Zola)
Une vie entière consacrée à la lutte. Si le mot qu’on prête à Léon Toltoï, « j’ai été un homme c’est-à-dire un lutteur », devait s’appliquer à quelqu’un c’est indéniablement à Ahmed Ben Bella qu’il s’appliquerait. L’homme naquit au milieu de la Grande Guerre, dans un milieu paysan d’une extrême pauvreté où quelques arpents de terre à Maghnia ne suffisaient pas à nourrir une famille nombreuse. Très tôt, les injustices coloniales, l’exploitation éhontée des « indigènes », le racisme des petits blancs, forgeront une conscience révolutionnaire chez le jeune homme. A dix-sept ans il adhère au Parti du Peuple Algérien (PPA) créé et dirigé par le militant indépendantiste Messali Hadj, pionnier du nationalisme. Au total, Ben Bella aura combattu toute sa vie. Appelé pour faire son service militaire, en 1940, il est sergent dans un régiment d’infanterie alpine stationné à Marseille, où il s’illustre en abattant un Stuka au-dessus du port de Marseille. Démobilisé, il sera rappelé en 1943 après l’occupation de l’Afrique du Nord par les Alliés. Affecté par mesure disciplinaire dans un régiment de tabors marocains, pour servir de chair à canon, il s’illustrera héroïquement, comme adjudant, dans la prise du Mont Cassin (Monté Cassino). Son courage et sa bravoure lui vaudront de nombreuses citations à l’ordre de sa division. Il sera décoré de la Croix de guerre avec palmes et de la médaille militaire par le Général De Gaulle en personne lors d’une prise d’armes en 1944 après la libération de Rome.
De retour en terre natale, comme des milliers de jeunes Algériens, il vivra dans la douleur et la colère la terrible répression qui s’abattit sur les manifestations nationalistes du 8 mai 1945, le jour même où les peuples fêtaient la victoire sur l’Allemagne hitlérienne. La France coloniale n’entendait pas s’amender ni son système de domination se réformer. Les massacres de Sétif, de Guelma, de Sédrata contribuèrent à ancrer définitivement dans les esprits des patriotes que les temps des palinodies politiciennes étaient révolus et que seule la voie des armes libérerait le pays du joug de l’occupation.
Une autre vie de lutte commençait. Comme conseiller municipal MTLD, élu en 1946, en charge du ravitaillement, il s’attire les sympathies de la population locale qu’il aide du mieux qu’il peut non sans s’atteler inlassablement au recrutement de militants pour son parti. Il est à ce moment un modeste cadre du parti indépendantiste. Remarqué pour sa rigueur et sa discipline, il quitte sa région pour Alger en 1947 et entre en clandestinité. A la création de l’Organisation Spéciale (OS), dirigée par Mohamed Bélouizdad, il est chargé de l’Oranie. Une pneumonie emportera Mohamed Belouizdad dans la fleur de l’âge. Hocine Aît Ahmed, jusqu’ici responsable pour la Kabylie, prend la direction de l’organisation clandestine. C’est Ahmed Ben Bella qui suggérera d’aller chercher « l’argent où il se trouve ! » pour financer l’action clandestine. Pour la petite histoire, on pense d’abord à attaquer le train Oran-Alger dans une véritable opération de western. Trop audacieux, trop risqué. Finalement c’est un petit bureau de poste d’Oran qui retient l’attention. Malgré quelques ratés, le hold up réussit et une forte somme d’argent est récupérée qui sera transportée dans le véhicule du député Mohamed Khider qui bénéficiait de l’immunité parlementaire.
La même année, à la suite d’un tract diffusé à Paris par deux ou trois militants dits « berbéristes », au sein de la fédération de France du MTLD, Aït Ahmed, qui est injustement soupçonné d’être impliqué, refuse de dénoncer les auteurs du tract et sera démis de la direction nationale de l’OS pour reprendre la responsabilité de la région de Kabylie. Ahmed Ben Bella le remplace. Au printemps 1950, à la suite d’une maladresse de responsables dans l’Est du pays, la police entame le démantèlement de l’organisation. Militants et responsables tombent les uns après les autres. Ben Bella sera parmi les derniers arrêtés. Il sera condamné à huit années de détention.
En 1952 il s’évadera de la prison de Blida, en compagnie de Ahmed Mahsas, gagnera l’Egypte en passant par Paris pour y rejoindre Khider et Aït Ahmed qui constituaient ce qu’on appelle la délégation extérieure du MTLD. Le parti est en crise. Les jeunes militants de l’OS piaffent d’impatience et dénoncent les atermoiements de leur direction. Le conflit est ouvert entre Messali Hadj et ses partisans d’un côté et les membres du Comité Central de l’autre. Cette crise de légitimité qui aura de graves conséquences sur le déroulement des évènements ultérieurs, poussera les « activistes », anciens de l’OS ou simples militants abandonnés à leur sort, à choisir une troisième voie, celle de la préparation de l’insurrection armée. Au Caire, Ben Bella est chargé de l’action militaire. Dernier dirigeant de l’OS, il connait les caches d’armes, les militants les plus déterminés, la valeur de chacun. Il est le chef incontesté. Son aura et sa force de conviction sont telles que les jeunes officiers révolutionnaires qui dirigent l’Egypte avec le Colonel Nasser, ont une totale confiance en lui. Il incarne à leurs yeux le militant désintéressé et courageux qui n’aspire qu’à lutter pour libérer son pays. Ils lui fourniront l’argent et les armes pour alimenter l’insurrection.
Pour lui comme pour ses anciens compagnons de l’OS (les Aït Ahmed, Benboulaïd, Didouche, Boudiaf, Benmhidi, Bitat) seul le slogan de l’indépendance par la voie des armes permettra de ressouder les rangs des nationalistes. Issus du peuple profond, ils savent son impatience et sa foi. Il suffira d’allumer la mèche pour que tout s’embrase.
Enfant d’un siècle de fureur, plus que d’autres, Ben Bella aura marqué de son empreinte l’histoire de notre pays. Prisonnier de la France à la suite du premier détournement d’avion de l’histoire, il sera nommé, depuis sa cellule, 1er Vice-Président du premier gouvernement provisoire de la république Algérienne (GPRA sous la présidence de Ferhat Abbas). Pourquoi lui et pas les autres dirigeants historiques emprisonnés ? La réponse est dans la question. Pourquoi c’est autour de lui, de sa personne, que se nouera et se dénouera la crise de 1962 opposant des ministres d’un même gouvernement sur la question centrale de la légitimité historique ? La réponse est aussi dans la question et pas seulement dans sa popularité et son immense prestige.
Il n’est pas dans la nature des choses que des histrions, grimés en historiens, se mêlassent de questions pour lesquelles ils n’ont pas compétences et profèrent des jugements qu’ils voudraient définitifs à partir de convulsions métaphysiques, d’accointances politiques et idéologiques et souvent, hélas, de préférences régionalistes. Des polémiques féroces où la diffamation pure et simple a servi d’arguments ultimes à quelques excités n’ont pas rendu service à la nécessaire écriture de l’Histoire par les Historiens, quand bien même les témoignages sérieux d’acteurs de seconds plans seront toujours les bienvenus.
Les années post indépendance sont à revisiter depuis ce seul postulat. Le choix du modèle socialiste de développement faisait l’unanimité du personnel politique de l’époque. Quelqu’un comme Hocine Aït Ahmed, qui fut député à la première assemblée nationale, sous régime de parti unique donc, trouvant même trop timides les engagements du Président Ben Bella en matière d’autogestion et de nationalisations des moyens de production. Il n’est, semble-t-il, guère que Krim Belkacem, parmi les chefs historiques à n’être pas suffisamment convaincu par le modèle qui fit l’unanimité des congressistes de Tripoli.
Le coup d’Etat du 19 juin 1965 mit un terme à une expérience qui commençait à tracer son sillon dans la paix retrouvée. Plus aucun maquis, plus de wilaya dissidente, des prisons qui se vidaient de leurs occupants, des retrouvailles entre acteurs révolutionnaires, une atmosphère d’apaisement, une Algérie qui finissait de panser ses plaies et se construisait dans la sérénité, c’est à cela que ce coup de force militaire mit un terme sans rien régler, à ce jour, du contentieux historique. Au contraire, les fils de novembre tous disparus, l’Histoire tronquée fait place à l’usurpation.
Le centenaire de la naissance de Ahmed Ben Bella, ce géant de notre histoire, coïncide avec la disparition de son ami Fidel Castro. Le dernier des héros populaires et des révolutionnaires qui ont tant fait espérer l’humanité souffrante.
Sa fille Mahdia Ben Bella
BAHLOUL
C’est sa fille qui a écrit cet article, pas étonnant qu’elle en dise que du bien. C’est du foutage de gueule. Ben Bella qui est responsable du démantèlement de l’OS (en livrant ses amis), qui a cautionné le coup d’Etat de 1962 de clan d’Oujda des frontières au détriment du GPRA et des authentiques moujahids de l’intérieur, et qui a posé les bases de la dictature algérienne. Tu parles d’un bon bilan.
algerino
J’allai poster un commentaire,mais dieu merci je retrouve ici des Algériens sain de corps et d’esprit et qui connaisse la véritable histoire de ce traitre parmi d’autres…comme Ayoub ll..Bahloul..wissem..et je crois qu’ils ont tout dis..bravo a eux..et cela me donne de l’espoir qu’un jour l’Algérie retrouvera le bon chemin
Ouali Bouchakour
L’histoire nous a appris que Ben Bella et Boumédienne étaient des despotes chacun à sa manière,voire le livre de Chérif Belkacem,qui a fait partie des gouvernements des deux présidents. Les historiens doivent s’y mettre, on est très en retard pour comprendre les tenants et aboutissants de notre glorieuse révolution détournée (dixit Rachid Mimouni).
A titre d’illustration, j’ai rencontré le colonel Salah Boubnider de la wilaya 2, qui était en poste dans les années 80 à l’ambassade d’Algérie en Libye et qui avait enregistré 17 demandes de thèses de recherche sur la guerre d’Algérie par des étudiants libyens. A son grand étonnement l’université Algérienne n’a pas été aussi curieuse.
A titre de complément d’information le colonel Boubnider a été déposé à la veille de l’indépendance par son adjoint qui était soutenu par l’EMG de Boumediene, pour avoir commis le crime de lèse majesté d’avoir soutenu la légalité et le GPRA. En conclusion, on a beaucoup à apprendre de notre histoire.
malek
les dés étaient jeté bien avant, ce qu’aurait fait benbella en 1962, l’aurait fait un autre..de toute maniere,
tout le filtrage et l’assainissement procédés depuis 1955, allait dans un sens que l’algérie de n’importe quelle maniere allait vers l’independance, le reste de guerre de position…
l’homme lui même ALLAH YARHMOU, YARFERLOU….il a été HOMME…