Le chef de la diplomatie suisse : le décret du président Trump est une violation des Conventions de Genève
DIA-30 janvier 2017: Tout a basculé pour Samira Asgari, une généticienne iranienne spécialisée dans les maladies infectieuses, une pointure dans son domaine, qui a été stoppée à l’aéroport, elle qui devait passer les 3 prochaines années à Harvard, pour continuer des études entamées à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, avec une bourse du Fonds national suisse de la recherche. L’ironie du sort, le jour même où elle reçoit son visa pour entrer aux USA, le président américain Trump signe son décret interdisant aux ressortissants de 7 pays dont l’Iran d’entrer à son pays. Désormais elle se retrouve bloquée en Suisse, sans travail et sans appartement et surtout avec un rêve brisé, après 5 ans d’études à l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Ses compétences lui ont valu cette bourse à Harvard, a rapporté le site swissinfo.ch qui a titré : « Le décret de Trump coupe les ailes à une scientifique iranienne en Suisse ».
Position du gouvernement suisse
Pour Didier Burkhalter, le chef de la diplomatie suisse et Conseiller Fédéral, « le décret de Trump soulève un profond débat de valeurs sur la question de la prévention contre le terrorisme » en ajoutant :« oui, pour la lutte contre le terrorisme, et non à fouler aux pieds les droits fondamentaux et le droit international. Que l’on pratique la discrimination d’un pays ou d’une religion au nom de la lutte contre le terrorisme, est une chose qu’on a pas l’habitude de faire et que nous ne tenons pas à faire » dira t-il sur RTS . Et de poursuivre que « cette décision pour lutter contre le terrorisme, va dans la mauvaise direction, on peut le faire moins brutalement et plus efficacement. Un pays comme les Etats Unis, doit travailler avec les autres nations, en terme de lutte contre le terrorisme et d’accueil de réfugiés ». Le président américain, a-t-il violé les conventions de Genève, dont la Suisse est dépositaire ? «C’est clair comme l’eau de roche, quand il y a des gens en provenance des pays en guerre comme la Syrie par exemple, il y a un devoir humanitaire de les accueillir, de leur apporter protection et tous les pays qui ont signé la convention de Genève adhérent à qu’il y ait du bon sens finalement ». En ce qui concerne le paradoxe entre parler de l’ouverture du monde occidental, ce décret de Trump et les risques que cela représenterait, il dira : « je partage toutes les craintes lorsqu’ il y a augmentation de discrimination dans un monde dans lequel on a connu une augmentation de l’extrémisme violent ; concrètement cela veut dire que, plus vous attisez les frustrations d’un certain groupe de la population, plus vous les qualifiez généralement d’une manière négative et plus vous risquez d’accroitre encore les dangers du terrorisme ».
Yasmine Yahia