Le chef de l’ANP fait sa rentrée militaire: Gaid Salah face à l’ombre de ses prédécesseurs
DIA- 01 septembre 2016: Le général de Corps d’Armée, Ahmed Gaid Salah a fait sa rentrée des classes avec un exercice à balles réelles à Hassi Rmel. Le vice-ministre de la Défense y a réaffirmé les capacités de l’ANP à être prête au combat, alors qu’il mène sa propre guerre de l’image.
Gaid Salah, (surnommé AGS par la troupe au nom d’un surpuissant mortier), n’a, à l’inverse de ses prédécesseurs, Mohamed Lamari ou Khaled Nezzar, à la tête de l’état-major, jamais eu bonne presse. Les procès d’intention à son égard ont été légion, parfois mêmes indécents. Mais celui que ses adversaires acharnés surnomment insidieusement « le plus vieux soldat du monde » fait preuve d’une activité remarquable et d’une forme olympique depuis qu’il a pris les rênes de l’armée il y’a 12 ans. Et l’ANP semble en être la première bénéficiaire malgré les mauvaises langues.
Car succéder à ses prédécesseurs à qui on a accordé un crédit sans limites n’est pas une mince affaire au regard des menaces sécuritaires et géographiques. Si Mohamed Lamari, chouchou des médias a été définitivement catalogué comme le « père de l’antiterrorisme » (affirmation qui reste à discuter), et si Khaled Nezzar se considère, 23 ans après avoir quitté le MDN, une sorte de « tutelle morale » de l’armée sans qu’on comprenne la légitimité d’une telle « autorité », Ahmed Gaid Salah a dut d’abord batailler contre les éléments dont une image brouillée par des médias, alimentée par d’anciens officiers à la retraite qui lui disputaient souvent son sens du commandement et ses réelles capacités à manager une machine de guerre telle que l’armée algérienne.
Certes, Gaid Salah n’est pas le plus élégant des officiers supérieurs, ni le plus avenant. Il laisse cela aux esthètes tels que le Général Benhadid. Face à la prestance naturelle de Lamari et ses fameux Marlboro au bec ou la « tchatche » volubile de Nezzar, Gaid Salah souffre de la comparaison. Mais Gaid Salah sait qu’il doit d’abord être jugé sur son bilan et au regard de l’efficacité de la démarche de la professionnalisation de l’Armée, l’actuel vice-ministre a réussi là ou ses prédécesseurs ont échoués.
Car la réalité du terrain est implacable. Jamais l’ANP n’a atteint un niveau de performance que ces dernières années. Aussi bien dans sa restructuration, son déploiement opérationnel, sa réactivité aux attaques terroristes, son interopérabilité, son efficience scientifique en armement, son adaptation aux technologies militaires et à son sens de la mobilisation patriotique –le fameux moral des troupes. Le paradoxe, est que Gaid Salah, sur lequel pèse l’allégation de l’âge avancé (76 ans), est celui-là même qui a réussi à concrétiser la mutation générationnelle au sein de l’armée. Y’a qu’à voir l’âge moyen des commandants de secteurs opérationnels, la jeunesse de l’avant-garde aux frontières, la fraicheur des officiers et sous-officiers déterminés au combat pour saisir que Gaid Salah a fait basculer l’armée dans un rajeunissement pragmatique et une alchimie intergénérationnelle qui fonctionne.
Plus que ça, Gaid Salah a surtout crée une cohérence d’ensemble dans la chaine de commandement en privilégiant une approche anti-Bonapatriste. C’est-à-dire de la proximité réelle aux troupes incarnées par des tournées incessantes au sein des unités opérationnelles et les Régions militaires. Sur ce point, il se différencie aussi de ceux qui l’ont précédés qui n’étaient pas connus pour quitter facilement leurs bureaux aux Tagarins. Une approche nécessaire au regard des défis géopolitiques : incursions à venir de Daech de Libye, soutien à l’armée Tunisienne, sécurisation de la façade maritime Nord avec la gestion des Migrants, lutte contre les trafics de drogue sur le flanc Marocain, contenir AQMI-MUJAO dans le Sahel et surtout le pain quotidien, éradiquer les résidus du GSPC qui tente de se redéployer vers l’est. Un agenda sérieux pour l’ANP dont le niveau de préparation n’a jamais été aussi optimum. Un crédit qui revient au seul Gaid Salah quoi qu’en pense ses détracteurs.
Sihem Sabor