Chitour veut remplacer le français par l’anglais, critique le LMD et les…footballeurs
DIA-09 mars 2020: Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chems-Eddine Chitour, s’est montré très critiques envers le système LMD qu’il trouve révolu compte tenu des développements que connait le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Evitant de s’attaquer ouvertement à ses prédécesseurs, il a appelé à évaluer les 10 années du système LMD qui a « laminé les formations technologiques ».
Le ministre veut ainsi « donner au LMD une teinte avec l’introduction d’un nombre de modules pour être en phase avec les exigences de l’heure ». A cet effet il a rappelé que l’Algérie en 1990 formait près de 8 000 ingénieurs, contre 2 000 ingénieurs.
Le ministre entend donner une autre nouvelle vision à l’université algérienne, en « formant des créateurs de richesses pour rendre l’étudiant capable d’innover et de créer sa propre entreprise », ajoutant que « l’université doit être un énorme incubateur de start-up et de micro-entreprises à même de créer une recherche utile ».
A ce titre, il a évoqué le pôle universitaire de Sidi Abdellah qui compte 12 000 places pédagogiques et six cités universitaires, et veut en faire la Silicon Valley à la taille de l’Algérie, pour reprendre ses propos.
Il a aussi plaidé pour « l’ouverture des écoles de mathématiques, de biologie, des nouvelles technologies de la biologie, des sciences économiques quantitatives et de droit où les meilleurs enfants d’Algérie auront la possibilité, de par leur génie propre et leur savoir, d’être mis dans un environnement adéquat afin de donner le meilleur d’eux-mêmes ».
Il a aussi regretté qu’un footballeur touche 40 fois plus que le salaire d’un enseignant universitaire, appelant à réhabiliter ce dernier. Il a qualifié cette situation de « malheur ».
Remplacer progressivement le français par l’anglais
Le ministre a relevé que nos universitaires créent de l’information scientifique et technique et réalisent des travaux scientifiques, mais ne publient pas dans des revues qui ont une visibilité, d’où la nécessité de les aider à mettre en place des sociétés savantes et des revues dans lesquelles ils auront la possibilité de publier leurs travaux ». Pour ce faire, il a recommandé « d’aller vite vers la langue anglaise ».
« Il n’est pas question de supprimer le français qui est une langue scientifique, néanmoins le mouvement dans le monde fait que l’anglais demeure la langue la plus parlée et l’Algérie ne doit pas rester en marge », a-t-il encore commenté, soulignant que « l’Algérie doit y aller de façon résolue sans catastrophisme ».
M. Chitour l a relevé que « désormais, les thèses devront être soutenues en anglais pour permettra aux chercheurs de publier leurs travaux », appelant en même temps les universitaires à consentir des efforts pour que les projets de fin d’études soient élaborés en anglais.
A une question sur l’instauration d’une « université payante », M. Chitour a répondu par la négative : « il n’y aura pas d’université payante ». Il a plaidé pour une université qui « crée de la richesse ».
Pour ce qui est de l’instauration d’une université privée, il a estimé qu’elle sera « un complément de manière à prendre en charge une partie des étudiants disposant de moyens pour poursuivre leurs études », relevant qu’il préférait la « création d’écoles et d’instituts étrangers en Algérie, telle que l’université américaine tout en respectant les fondamentaux de l’Algérie ».
Par ailleurs, il a rappelé que la « priorité est de l’université est de séparer l’aspect pédagogique qui relève strictement de l’enseignant, de l’aspect gestion qui est du ressort du recteur ». Il aussi appelé à ne pas encombrer l’université et le ministère de tutelle par des questions d’ordre social, précisant ces œuvres sociales universitaires représentent 1/3 du budget de l’Enseignement supérieur, soit 120 milliards DA ».
« La vocation du ministère est d’améliorer le niveau intellectuel de l’étudiant » et non de gérer des grèves sur la restauration et le transport, a-t-il dit, appelant à » ouvrir le dossier des œuvres sociales dans la transparence ».
Le transport des étudiants, assuré par l’entreprise Tahkout, reflète la complexité et la profondeur du dossier des œuvres sociales de l’université.
Mohamed Nassim