Classement DIA: Les 10 personnalités politiques qui ont marqué l’année 2019
DIA-01 janvier 2019: Comme chaque fin d’année, DIA vous présente le classement de la rédaction des personnalités politiques de l’année. Cette année a été exceptionnelle et plusieurs personnalités se sont illustrés durant l’année. Nous nous sommes contentés néanmoins de 10 personnalités les plus marquante de 2019:
Le général Ahmed Gaïd Salah, mission accomplie !
Le défunt Général de Corps d’Armée Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP, avait vu juste quand il avait convoqué le corps électoral pour le 15 septembre. Ainsi, le calendrier établi a fixé l’élection présidentielle pour le 12 décembre, soit quelques jours avant la mort de Gaïd Salah, lequel aura ainsi accompli sa mission de doter l’Algérie d’un président élu et de partir, ce qui lui a valu le qualificatif de «lion de l’Algérie».
Abdelmadjid Tebboune, le Président du changement
Abdelmadjid Tebboune aura été le grand vainqueur de la présidentielle. Après s’être débarrassé de l’étiquette du FLN, il a décidé de ne pas inviter les députés à son investiture, avant de supprimer le qualificatif de «Son excellence» (fakhamatohou). Laminé par Saïd Bouteflika et les autres membres de la bande, Tebboune a aujourd’hui le devoir de rétablir et de recouvrer la confiance des Algériens.
Abdelaziz Bouteflika, un président qui a raté sa sortie d’El Mouradia
Triste fin pour celui qui n’a jamais voulu être «un quart de président». Une expression qu’il avait prononcée il y a 20 ans avant de finir dans le « panier » de l’Histoire. En voulant se porter candidat pour un 5ème mandat consécutif, Bouteflika a fait sortir les Algériens dans la rue pour l’empêcher de continuer de présider l’Algérie. Il a fini par démissionner pour être vilipendé par tout un peuple qui veut l’effacer de l’Histoire de l’Algérie.
Ramtane Lamamra, un diplomate qui a raté ses affaires étrangères
Il aurait pu revenir dans le futur gouvernement de Tebboune par la grande porte, mais en acceptant le poste de vice premier ministre et ministre d’Etat et des affaires étrangères, la tentation était grande pour celui qui est considéré à ce jour le meilleur chef de la diplomatie algérienne encore en vie. Ramtane Lamamra, qui avait été « viré » après le fameux sommet africain organisé par le FCE de Haddad, a accepté de revenir aux affaires après le Hirak en acceptant de partager la table avec Bedoui. Mais après le ratage de la conférence de presse post hirak, le chef de diplomatie s’est effacé au profit de son élève « Boukadoum » disparaissant une nouvelle fois du champ politique algérien.
Azzedine Mihoubi, de la Culture à la présidentielle 2019
En quittant le palais de la Culture de Kouba, l’ex ministre Mihoubi était donné par certains observateurs comme mort politiquement et médiatiquement. Mais contre toute attente, l’ex député RND de Sétif a quitté la culture et les livres pour revenir à la politique et a pu contre toute attente récupérer le puissant appareil politique laissé par Ahmed Ouyahia, le RND.
Mieux encore, Mihoubi qui était jusque-là intérimaire au bâtiment des asphodèles s’est porté candidat à l’élection présidentielle de décembre 2019. Mihoubi a même tenu en haleine les médias puisqu’il s’est présenté à un certain moment comme le favori de la présidentielle, avant de retourner à la scène politique. Battu à l’élection présidentielle, il entend confirmer sa vraie autorité sur le RND en décrochant le poste définitif de SG du RND en 2020.
Ali Benflis, le grand perdant de la présidentielle
Ali Benflis aurait dû quitter la politique en 2003 quand il avait été limogé de son poste de chef du gouvernement. Il aurait aussi pu raccrocher en 2004, quand il avait perdu la présidentielle contre l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il aurait pu également ne pas se présenter en 2014, pour affronter un Bouteflika malade, mais puissant. En d’autres termes, il aura fallu attendre 15 ans pour qu’il comprenne qu’il fallait démissionner de la politique où il a servi d’éternel lièvre.
Abdelkader Bengrina, un nouveau visage pour l’islamisme politique
Le président du Mouvement EL Bina, Abdelkader Bengrina, est bien parti pour devenir le porte-drapeau des islamistes dans le paysage politique national pour au moins une dizaine d’années ou plus. Il remplace ainsi le MSP de Abderrezak Makri qui avait servi le Pouvoir au temps de Bouteflika, sachant que le MSP avait remplacé le FIS-dissous dans les années 1990. Bengrina qui a été ministre du Tourisme au temps de Liamine Zeroual, a de beaux jours devant lui. Sa deuxième place à la Présidentielle l’a conforté et surtout placé son mouvement El Bina, comme première force politique durant la présidentielle, avant les élections législatives.
Lakhdar Bouregaa, un moudjahid éternel opposant
Il y a quelques mois, les jeunes et même certains médias ne connaissaient pas parfaitement Lakhdar Bouregaa. Mais depuis le 30 juin et son arrestation après une plainte du ministère de la Défense qui l’a poursuivi pour « outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée », Bouregaa est devenu une figure de proue du Hirak. Et pourtant cet ancien commandant de Youcef Khatib, chef de la wilaya IV, a passé sept ans en prison avant d’être libéré en 1975. Il avait été accusé de coup d’Etat contre Boumédiene. Mais en réalité il a payé sa sympathie à Ait Ahmed et à son parti le FFS. Aujourd’hui, ce moudjahid opposant qui est toujours en prison demeure le symbole des authentiques moudajhidines.
Karim Tabou, le socialiste de la politique algérienne
Quand Ait Ahmed lui avait confié le parti alors qu’il avait 35 ans, Karim Tabou était pour certains un débarqué voir un privilégié de Da Lhou. Et pourtant Karim Tabou, était un politique racé comme Ait Ahmed. Un politique capable de s’exprimer à la perfection en trois langues (Arabe, français et Kabyle) avec un discours de qualité. Il était déjà le meilleur Secrétaire national de sa génération au FFS. Une qualité qui n’était pas appréciée au sein de ce parti par les vieux dinosaures. Avant même la mort de Ait Ahmed, Karim Tabou a été chassé du FFS et poussé à créer son propre parti. Mais Tabou qui était de tous les plateaux de télévision, est devenu avec d’autres figures une icône du hirak. Son emprisonnement n’a fait qu’augmenter sa popularité et surtout confirmer son statut d’opposant politique par excellence.
Ahmed Ouyahia, un homme face à son destin
Lors d’une émission télévisée, le Premier Ministre Ouyahia a été invité à se déclarer sur ses ambitions présidentielles, Ouyahia très cultivé avait repris la fameuse phrase : « La présidentielle c’est l’histoire d’un homme et de son destin». Cette citation prend tout son sens quand il s’agit de parler du parcours étonnant d’Ahmed Ouyahia. Un homme qui a consacré sa vie au service de l’Etat et qui se retrouve en prison pour une durée de 15 ans. Son tord : être l’homme au « service » du pouvoir, l’homme des sales besognes, tout en caressant l’espoir d’être un jour président. Ouyahia avait tous les atouts pour l’être, il était le seul homme politique algérien à être nommé quatre fois au poste de chef de l’exécutif, plus de 35 ans dans les coulisses du pouvoir, mais sa carrière a pris un coup, quand il est jeté en prison pour avoir facilité l’attribution des marchés à des hommes d’affaires véreux. C’était l’histoire d’un homme et son destin.
Dossier préparé par Amir Hani et Salim Bey