Cœur terroriste - DIA
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Cœur terroriste

DIA-08 mai 2016: C’est le matin, le café fume et les bruits de fond de la radio se font de plus en plus inquiétants. Des bribes d’informations me parviennent ! Elles ont franchi le brouillard du sommeil dans lequel je suis encore malgré moi. « Un puis deux, gare, bombe, Belgique, victime… déflagration ». Des mots qui deviennent quasiment familiers. Je mets plus de son pour entendre et essayer de comprendre ce qui se passe. Une histoire inquiétemment répétitive, incompréhensible, on s’informe, on s’imagine l’horreur … on consulte internet, allume sa télévision et lis les journaux cherchant à comprendre et lire entre les lignes, les raisons qui peuvent pousser à faire cela. On a beau chercher on ne comprend toujours pas… alors on enchaine les émissions où des spécialistes en tout genre tentent de nous expliquer l’inexplicable ! des exclus, des fous de Dieu, des jeunes, des arabes… voilà que les vieux démons et les vieux débats ressortent de leur boites sont dépoussiérés pour expliquer… on s’égare, on reparle de l’’immigration, de religion, de politique, chacun a son mots à dire, son explication, son petit moment télévisuel mais au final, une fois seul avec nos pensées, on ne comprend toujours pas. On ne comprend pas comment on peut être satisfait d’avoir blessés, tués des femmes, des enfants, des jeunes et moins jeunes… ? Comment on peut se satisfaire en appuyant sur un détonateur et de savoir que soi-même on part en morceau ?

Qu’y- a-t-il dans la tête d’un terroriste à ce moment précis où au milieu de tous, il sait qu’il va mettre fin à sa vie et celles des autres ? je donnerai beaucoup pour comprendre  car tant que l’on n’a pas compris on ne peut combattre. Comment on peut accorder si d’importance à sa propre vie et celles des autres ? Je reste bloquée sur cette idée de comprendre comment l’espoir a déserté le cœur du terroriste à ce point ? je n’arrive pas à me faire une raison, je n’arrive pas à accepter qu’ils décident quand les gens vont mourir ! Je n’accepte pas qu’ils s’imposent la terreur croyant ainsi diffuser un message ! Ils pensent montrer leur courage mais ne font que démontrer leur lâcheté …

Le cœur des terroristes dysfonctionne au point de vouloir arrêter le battement de vie d’un pays, d’une ville, d’une population qui continuent de fonctionner sans eux.

On est de ces générations qui n’ont pas connu la guerre… nous n’avons pas eu à laisser partir quelqu’un pour ne plus le revoir, nous n’avons pas connu la privation ni la douleur des ventres vides, ni les bruits sourds et lointains des bombardements… on est de ces générations qui ne connaissent de la guerre, que les pullulant faits divers racontés par d’autres, les manuels scolaires pour les anciennes guerres tandis que les plus récentes nous sont rapportées par les journalistes ou témoignées par les victimes ; des victimes  qui nous paraissent si lointaines que leurs douleurs ne nous atteignent pas vraiment ou du moins pas longtemps… On est de ces générations de l’état monde, et nous ne connaissons des frontières géographiques que les limites financières qui nous empêchent de les franchir.

Par contre on sera la première génération à ressentir la peur provoquée par une guerre invisible, qui nous étrangle de ses doigts glacés sans que nous puissions la regarder dans les yeux. Comme un mauvais esprit, elle est là, tourne autour de nous, se manifeste un temps, par surprise au moment où l’on a commencé à l’oublier.

On est comme des soldats aveugles, armés jusqu’aux dents qui fendent l’air inutilement sans jamais atteindre cet ennemi sombre, furtif qui s’insinue dans notre quotidien et le chamboule. Fruit de nos actions, peut être même de nos mauvaises actions. Même dans nos pires cauchemars, on n’aurait pu imaginer avoir des troupes, postées aux endroits névralgiques afin de dissuader un ennemi invisible qui frappe n’importe où,  sans même se soucier d’être attrapé, car il se rend vite insaisissable par le sacrifice de sa personne. Quel ennemi est plus redoutable que celui que l’on ne voit pas, qui agit sous couvert et se tapie dans l’ombre. On dirait presque un conte maléfique visant à nous exercer à être continuellement sur nos gardes, sur le qui vive, tendu comme des arcs, sursautant au moins bruit suspect.

Comme quand nous étions petits et que les ombres nous faisait peur, je ferme les yeux et m’adresse à ce spectre menaçant et je lui dis que jamais il ne m’empêchera de me promener, jamais il s’imposera plus que de raison, jamais il ne prendra possession de mon esprit et de mes peurs car je n’ai rien à me reprocher … ma sérénité m’appartient, l’espace public aussi, la foi en un monde meilleur où, lui-même, apaisé, trouvera sa place. Il ne videra pas les villes, les trains, les gares, les bus, les bureaux … un jour, comme les mauvais rêves, il disparaîtra lorsqu’il se rendra compte que les gens continuent de vivre, son sacrifice sans valeur sera vain… privilégiant le dialogue, la communication, l’amour de soi et d’autrui, les gens se réuniront contre lui, tendront la main à leur voisin et essayerons d’oublier leur nombril pendant un long moment, bien après le choc, les débats, et les récriminations, … « La haine, c’est la colère des faibles » et la bêtise c’est le recours des pessimistes ;  L’ennemi invisible se lassera de ne pas être vu, de ne pas être considérée et il décidera de se faire entendre autrement.  Se nourrissant de la peur de ce sentiment de pouvoir sur les autres, il s’affaiblira de les voir peut réagir à ses sollicitations. Progressivement ignorée et peu redoutée, son image s’efface…l’ennemi disparait ! D’invisible nocif, il passe à invisible tout court ! Et dans mes rêves, je me dis que nous aurons tiré des leçons de ce désastre : lesquelles ? À chacun de trouver les siennes !

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