Un comédien et des journalistes impliqués dans le réseau Amir DZ : Les algériens sous le choc
DIA-26 Octobre 2018: Le matin de ce vendredi les algériens se sont réveillés avec un sentiment d’amertume, après la découverte des images choquantes du comédien Kamel Bouakaz, de l’ex joueur du MCA et de la JSK Fodil Dob et des journalistes les menottes à la main pénétrer le tribunal d’Abane Ramdane. La chaîne Ennahar Tv qui a été la seule télévision et média à diffuser les images de ces personnes impliquées dans ce réseau et qui bénéficient, faut-il le rappeler, de la présomption d’innocence tant qu’elles ne sont pas encore condamnées par la justice. Ce qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et notamment dans le milieu de la presse et des artistes. Plusieurs journalistes et artistes et fans de Kamel Bouakaz ont dénoncé le traitement médiatique de la chaîne Ennahar Tv qui s’est défendu à son tour d’être la victime du réseau du bloggeur et influenceur Amir Dz.
Silence des médias et des chaînes privées
Dans cette affaire, on notera le silence de certains médias qui n’ont ni diffusé l’information ni commenté cette affaire et encore moins se solidariser avec les journalistes et le célèbre comédien. Certains médias se sont contentés de diffuser l’information de l’incarcération de Abdou Semmar, le propriétaire du site Algériepart, tout en zappant l’information sur l’incarcération de l’autre journaliste Adlane Mellah ou du comédien Bouakaz. Sur les réseaux sociaux, ces derniers ont bénéficié d’un soutien total des internautes, au moment où d’autres ont critiqué Abou Semmar.
L’absence d’information sur les raisons réelles de l’arrestation de ces personnes très célèbres sur la scène publique a poussé certains médias à ignorer totalement cette affaire. C’est le cas des autres chaînes de télévision comme Dzair Tv, Echourouk ou encore El Bilad et surtout l’Entv. Alors que Beur TV qui employait il y a quelques mois les trois mis en cause : Semmar, Mellah et Boudiab, s’est juste solidarisée avec Mister AB qui, lui, a été incarcéré à Koléa pour une autre affaire suite à une plainte du Wali d’Alger. Pour certains journalistes, les personnes interpellées sont impliquées dans un réseau qui n’a rien à voir avec la liberté d’expression, pour d’autres comme le journaliste Mohamed Yaakoubi, seul le journaliste Adlène Mellah est poursuivi pour diffamation suites à des articles publiés, les autres sont impliqués dans un trafic d’influence.
Quand facebook piège les célébrités et les journalistes
Officiellement on ignore si certains journalistes sont accusés pour délit d’opinion ou pour leur implication dans un réseau. Dans son communiqué la Gendarmerie Nationale s’est contentée de préciser, sans citer les noms et des cas précis, que dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité, la brigade de recherches de la GN à Alger a traité sept affaires liées à « la publication de photos attentatoires sur le réseau social Facebook, le chantage, falsification de billets de banque,
divulgation de données obtenues de manière frauduleuses, diffusion de publications injurieuses aux cadres de l’Etat, participation au chantage, l’atteinte à la vie privée des personnes via des publications sur les réseaux sociaux et des sites web, la diffamation, les attaques et la diffusion d’images incitatives.
Plusieurs personnalités à l’image du maire d’Alger-Centre Hakim Bettache et du présentateur Sofiane Dani ont été entendues par le procureur en tant que victime dans cette affaire et victimes de ce réseau
criminel. Ils ont fait l’objet de marchandage et d’extorsion sous menace de diffamation et d’atteinte à la liberté des personnes via les réseaux sociaux, affirme le communiqué de la Gendarmerie Nationale.
Silence de la SNJ, réaction de RSF et mobilisation du syndicat de la presse électronique
Alors que le Syndicat National des Journalistes (SNJ) ne s’est pas encore prononcé sur l’arrestation de quatre journalistes, l’ONG française Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé dans un communiqué
l’arrestation des journalistes et des éditeurs de presse électronique Abdou Semmar, Adlène Mellah et Merouane Boudiab entre les 22 et 24 octobre 2018 et rappelle que Adlene Mellah et son rédacteur en chef Khelaf Benhadda ont déjà été arrêtés et détenus en juin dernier pour avoir couvert l’affaire de la saisie de 700 kg de cocaïne et sont toujours sous contrôle judiciaire.
Une divergence est également apparue dans le fait que les journalistes arrêtés puis incarcérés, appartiennent à la corporation de la presse électronique et pas à la presse écrite, ce qui a poussé certains confrères de la presse papier à se désolidariser.
Le syndicat des éditeurs de la presse électronique, qui n’est pas encore constitué va se réunir ce dimanche à 14h pour envisager de prendre des mesures pour apporter son soutien aux journalistes incarcérés, même si certains ne sont pas d’accord avec les procédés d’Algériepart.
Cette affaire a néanmoins mis de l’ordre dans la toile et les réseaux sociaux notamment facebook qui était devenu depuis quelques années le théâtre d’une guerre virtuelle entre des influenceurs et certaines personnalités célèbres du pays.
Salim Bey