Dans les coulisses des débats télévisés de l’élection présidentielle tunisienne
DIA-09 septembre 2019: Depuis quelques années, notamment après le printemps arabe en 2011, qui a éclaté en Tunisie, le paysage audiovisuel tunisien s’est illustré par la qualité de ses chaînes et surtout par la diversité de ses programmes, dans la majorité copiés sur le modèle français. Contrairement aux autres pays arabes comme le Maroc, le Liban ou encore l’Arabie Saoudite qui ont bâti leur audiovisuel sur l’expérience américaine, anglaise et française, la Tunisie a construit son audiovisuel sur son expérience personnelle et cela grâce à la formation acquise à travers les différentes instituts et écoles de cinéma et audiovisuel privées et publiques qui ont été créé depuis quelques années en Tunisie. Des écoles qui ont formés des dizaines, de réalisateurs, de décorateurs, de directeur photo ou encore d’animateurs. Des métiers importants pour le lancement d’une chaîne.
Cette expérience audiovisuelle s’est sensiblement développée en Algérie depuis quelques années avec la venue de plus de 150 techniciens pour travailler dans le champ audiovisuel algérien en tant que technicien. Aujourd’hui, plusieurs producteurs et directeurs de chaînes algériennes vont en Tunisie pour produire leur programmes de qualité, c’est le cas notamment d’Echourouk Tv, mais aussi El Djazairia One il y a quelques temps et l’ENTV il y a quelques années avec l’émission Akher Kalima, qui était enregistré dans un studio dans la banlieue de Tunis, par l’équipe de Nebil Kaoui pour le compte de l’opérateur algérien Nedjma, dont il était le publicitaire.
Durant plus de dix ans, plusieurs plusieurs producteurs tunisiens ont investi dans les décors à l’image de Tarek Benamar qui a créer les studios cinéma, Nebil Kaoui avec Nessma Tv, ou encore son concurrent direct Sami El Fahri qui est devenu le champion des concepts internationaux avec « Deal or no deal », « Vendredi c’est permis » ou encore on la version tunisienne de « On n’est pas couché ». En l’espace de 10 ans, les producteurs tunisiens ont détrôné les libanais ( qui étaient champion des programmes télés dans la région MENA) dans l’acquisition des franchises internationales, en rachetant les concepts les plus rentables d’Endemol et d’Arthur de TF1.
L’audiovisuel en Tunisie était devenu une entreprise rentable, ce qui faisait travaillait des centaines de personnes et la télévision publique Tunisienne n’a plus de monopole des programmes de télévision, ainsi depuis quelques années, la Tunisie possède des télévisions au programme de qualité qui concurrence les chaînes libanaises, syriennes ou encore égyptiennes. C’est le cas pour Nessma Tv, Hannibal Tv, Hiwar Tounes, ou encore Atassia et Carthage+, récemment.
A coté de cela, la puissance de la télévision publique Ex RTT (Radio télévision tunisienne) est restée intacte. Elle a su s’adapter à la concurrence des chaînes privées et à garder la main sur le nerf de la guerre : La publicité.
C’est d’ailleurs dans les studios de la télévision publique que s’est déroulé le premier débat télévisé, animé par différents candidats dans une présidentielle tunisienne pluraliste.
Ainsi à 8 jours de la date du scrutin, l’Etablissement de la télévision tunisienne (ETT) a organisé, pour la première fois, un débat du genre, permettant aux candidats pour la magistrature suprême tunisienne de confronter leurs idées et présenter leurs programmes, tout en répondant à des questions tirées au sort. Un débat à l’américaine avec chacun son temps de parole.
Chaque prétendant bénéficiera de 90 secondes pour répondre et pourra être relancé ou interrompu par les autres prétendants. Les journalistes feront office de modérateurs. Elyes Gharbi (Journaliste de la chaîne Nessma Tv) et Asma Bettaieb.
Le tirage au sort sur l’ordre de prise de parole et les questions à poser aux candidats aura lieu au siège de la télévision tunisienne, et ce, en présence d’un huissier ainsi que des membres de la
Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) et de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), ainsi que des représentants du comité d’éthique du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
Un jury pour la sélection des journalistes-animateurs tunisiens radio et TV a été mis en place. Il
réceptionnera l’ensemble des questions posées par le Comité mixte de la Haute Commission électorale indépendante et la Haute Autorité de la communication audiovisuelle mais aussi la réception d’un ensemble de questions supplémentaires posées par la société civile.
Il est à noter que la télévision tunisienne s’est conformée aux normes les plus élevées de confidentialité sous le contrôle des différents organismes concernés.
L’émission a été tournée sur les hauteurs du Belvédère, au rez-de-chaussée de la bâtisse de la télé tunisienne et dans le studio 900 (m2), portant le nom de Néjib Khattab. Trois plateaux aux couleurs tunisiennes, le rouge et le blanc, ont été construit pour la circonstance sous les directives du chef décorateur Taoufik Béhi. L’émission a été réalisée par Mohamed Ali Saidane.
L’émission a été diffusé en simultané par d’autres chaîne, grâce à la télévision tunisienne qui a mis à leur disposition le signal de diffusion « clean feed ».
Si la technique a été à la hauteur des attentes, il reste beaucoup à faire dans le contenu politique puisque les candidats qui sont à leur première expérience.
Salim Bey