Djaballah veut participer au futur gouvernement après les législatives
DIA-09 avril 2017: Quelle mouche « participationniste » a donc piqué les responsables des formations de la mouvance islamiste ? Après leur annonce – surprise, pour la plupart d’entre eux tant ils s’étaient inscrits avant cela dans une action résolue contre le pouvoir – de prendre part aux Législatives du 4 mai, les voilà, du moins, pour deux d’entre eux, qui se mettent à annoncer leur disponibilité à participer au gouvernement d’après ces élections. Deux jours seulement après les déclarations, allant dans le même sens, du président du MSP, Abderrezak Makri, le premier responsable du FJD (Front pour la justice et le développement) et coordinateur de l’UEJE (Union pour Ennahda, la justice et l’édification), a fait quasiment le même annonce. Invité à une émission d’une chaîne de télévision satellitaire nationale privée, diffusée dans la soirée d’hier, vendredi 7 avril, Abdallah Djaballah n’a pas écarté l’idée d’une telle participation ; de l’UEJE, un regroupement de trois partis de la mouvance islamiste composé, outre du FJD, d’Ennahda, de Mohamed Douibi, et de Harakat El-Bina, d’Abdelkader Dane, s’entend. Il a justifié cette évolution dans sa position par « l’aspiration légitime de tout parti à participer à l’édification du pays à travers ses institutions ». A l’évidence, pour mieux faire admettre son évolution en la matière, il a rappelé qu’il avait toujours milité « pour un changement pacifique et progressif dans le pays ». Dans la lancée de ses déclarations, le coordinateur de l’UEJE a affirmé que ce regroupement « n’était pas uniquement électoral mais qu’il s’inscrivait dans la perspective stratégique souhaitée de celui de la mouvance islamiste ». Un objectif pour lequel, a-t-il dit, « il ne cesserait jamais d’œuvrer » mais qui, a-t-il reconnu, « n’est pas près de se concrétiser ». S’exprimant sur le devenir de la Plateforme de Mazafran, et ce, en réponse à une question d’un journaliste participant à l’animation, Abdallah Djaballah a eu ce mot dur qui laisse supposer que celle-ci est aujourd’hui dépassée : « La Plateforme de Mazafran n’est pas le Coran », a-t-il, en effet, déclaré. Au cours de l’émission précitée, le président du FJD a eu également à s’exprimer sur ses relations avec la confrérie des Frères musulmans et sur ses positions sur ce qui se passe en Syrie. Concernant le premier point, il a affirmé « n’avoir aucun lien organique avec cette organisation internationale » ; ceci non sans reconnaître, dans le même temps, « une proximité idéologique » avec elle. Une proximité qui n’a pas manqué d’apparaitre nettement dans sa réponse relative au second : En accusant le régime syrien « de massacrer son peuple à l’arme chimique et à coup de barils explosifs », il n’a fait que reprendre les thèses des Frères musulmans sur la situation en Syrie ; notamment, du plus en vue d’entre eux actuellement, Recep Tayyip Erdogan, le président turc. Qui n’a pas hésité à qualifier les dernières frappes américaines contre la Syrie de « mesure concrète et positive » et à les juger « d’insuffisantes… »
Mourad Bendris