Ejection ou reconduction: Haddad poursuivra-t-il son ascension ?

DIA-10 décembre 2016: Fin de mission ou reconduction pour Haddad à la tête du FCE ? Telle est la question qui alimente toutes les discussions ces derniers jours. Bien qu’il ne soit plus en odeur de sainteté avec les cercles de décisions politique, et plus particulièrement Sellal, l’homme d’affaires a néanmoins de bons appuis. Chute de « l’empereur » ou ascension aux hautes sphères ?

En effet, la bourde « protocolaire » du Président du FCE lors du forum sur l’investissement africain dernièrement, a fait office de la goutte qui a fait déborder le vase. Mettant ainsi le Premier Ministre Abdelmalek Sellal ainsi que les membres du gouvernement l’accompagnant dans uns situation d’embarras et de colère. L’onde de choc de cet incident s’est fait ressentir aussi bien au sommet qu’au plus profond de l’Etat.

Ainsi la lutte secrète et discrète qui opposait jusque-là le magnat des affaires et le Premier Ministre s’est révélée au grand jour. Et des enjeux hautement importants sont derrière cette lutte.

Après avoir fait ses excuses, en déclarant «avoir commis des erreurs, mais nous les assumons et les corrigerons », le patron de l’ERTHB a convoqué une réunion du conseil exécutif du FCE. Prévue initialement le 17 décembre prochain, une autre réunion se tient aujourd’hui sur les hauteurs d’Alger pour décider de l’avenir du FCE. 

D’ailleurs, cette réunion convoquée à la dernière minute et sans ordre du jour contrairement aux statuts du FCE suscite la colère chez les membres de l’organisation.

Cette «gaffe» n’a pas été la première puisque, depuis son intronisation à la tête de l’organisation patronale depuis deux ans, Haddad enchaîne les erreurs.  Ce dernier s’immisçait dans le champ politique, économique mais aussi diplomatique. L’on se rappelle d’une de ses déclarations choc ou il avait dit devant le Ministre des AE, M.Ramtane Lamamra « pourquoi y a-t-il des attachés militaires dans nos ambassades et pas des attachés économiques ? ». On le voyait également annonçant des décisions et des mesures qui relèvent des ministres qu’il rencontrait à tour de rôle pour leur faire part des doléances les plus pressantes du patronat.  

Pour revenir à cette réunion, différentes sources affirment  que l’actuel Président du FCE a été « conseillé » de présenter sa démission.  Selon certaines indiscrétions, un nombre de membres de l’organisation sont déçues par les agissements de M. Haddad  et ne veulent plus de lui comme Président.

Après le fiasco de ce forum, M.Sellal avait transmis un rapport à la Présidence de la République. Pour se disculper, Haddad  avait mis la bourde sur le dos de l’animatrice du forum et du ministre des affaires étrangères. Parmi les conséquences de cet échec figure le limogeage de l’Ambassadeur   d’Algérie  à Paris.

Le Clan veut placer son pion sur l’échiquier!

Par ailleurs, les mises en garde de la porte-parole du PT, Mme Louisa Hanoune depuis 2015  contre M.Haddad se sont avérées vraies.  Cette dernière dénonçant les agissements de M.Haddad, disait que l’oligarchie voulait s’emparer du pouvoir, et avait des plans pour accélérer la mise en place de l’ère d’après-Bouteflika. Selon elle, c’est M.Haddad qui dicte les projets de lois les plus libérales telle que la suppression de la règle des 51/49 dans certains secteurs d’activités ou encore la suppression des subventions de l’Etat pour les produits de base (sucre, huile, lait, entre autres). L’éjection du Youcef Yousfi l’ancien Ministre de l’Énergie, est également le fruit d’un clash avec M.Haddad. 

En effet, les enjeux de ce fiasco dépassent largement la simple faute protocolaire, et on trait plutôt à l’avenir du pays. Car depuis l’été 2016, la course à la succession de Bouteflika a démarré. Chaque clan voulant  préparer et placer son pion sur l’échiquier. Et dans cette lutte, l’actuel Premier Ministre avait déjà affiché ses ambitions et différents articles de presse citant des sources au fait du sujet, avait affirmé que M.Sellal visé le poste de Président de la République. Or, Haddad et son clan ne sont pas emballés par cette idée. Ayant fréquenté les hautes sphères politiques du pays, Haddad et ses amis veulent que se soit eux qui prennent les vraies affaires de l’Etat. Ils veulent plus être la machine à cash qui finance à coups de milliards des campagnes électorales tout en restant sur la touche. Ils veulent être les acteurs. A cet effet, la théorie de la démission du magnat des travaux publics de la tête du FCE serait illogique. Cela au vu des ses ambitions « ambitieuses » mais également en raison de ses appuis et de sa proximité avec le frère du Président, Saïd Bouteflika, qu’on sait faiseur et preneur des décisions les plus importantes. Une amitié qui est toutefois notoire, et n’est pas un secret.     

D’autre part, il semblerait que M.Sellal aurait été lâché par les riches personnalités du pays, qui ne veulent dans cette lutte pas désavouer le chef de leur clan, en finançant la campagne de l’actuel Premier Ministre.  

D’ores et déjà la lutte s’affiche passionnante et violente, ou tout les coups sont permis, va-t-on assisté à la chute de l’Empereur, ou au contraire à son ascension aux plus hautes sphères politiques du pays ?

Lamine Réda.