Elections au Congrès américain: Les démocrates remportent une victoire partielle
Les démocrates américains ont remporté une victoire partielle mardi aux élections législatives de mi-mandat, gagnant la Chambre des représentants mais perdant du terrain au Sénat, un tableau nuancé dont Donald Trump s’est saisi pour revendiquer un succès personnel.
Deux ans après la victoire choc de l’homme d’affaires, propulsé à la Maison Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, la « vague » anti-Trump annoncée n’a finalement pas eu lieu.
Les Américains ont élu un 116e Congrès divisé, qui promet deux dernières années de mandat mouvementé au 45e président des Etats-Unis.
Donald Trump a proclamé un « immense succès », lui qui avait martelé que ces élections étaient un référendum sur sa présidence.
Habile, il avait pris soin ces derniers jours de souligner avoir surtout fait campagne pour les candidats républicains au Sénat dans sa rafales de rassemblements « Make America Great Again », faute de temps, disait-il, pour les républicains en lice pour la Chambre, beaucoup plus nombreux.
Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Mais la perte de la Chambre, en dépit d’excellents indicateurs économiques, reste un revers pour le magnat de l’immobilier.
Donald Trump a appelé le chef de ses troupes au Sénat, Mitch McConnell, pour le féliciter « sur les avancées historiques » à la chambre haute, où son parti a renforcé sa majorité, selon sa porte-parole Sarah Sanders.
– « Contre-pouvoir » –
Après deux ans d’une présidence Trump qui a profondément divisé les Américains, les démocrates ont promis d’employer leur nouvelle majorité à la chambre basse, à partir de janvier 2019, pour servir de « contre-pouvoir ».
Mais ils ont aussi semblé tendre la main à l’autre camp. Leur chef à la Chambre, Nancy Pelosi, a promis d’oeuvrer pour trouver « des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions ».
En prenant le contrôle de la chambre basse, les démocrates s’offrent la possibilité de lancer une procédure de destitution contre le président américain. L’état major démocrate a laissé entendre qu’il était réticent à déclencher cette option explosive, probablement vouée à l’échec dans un Sénat républicain, qui a le dernier mot.
Reste à voir si la jeune garde progressiste fraîchement élue tiendra les rangs.
L’opposition aura aussi les mains libres pour lancer des enquêtes parlementaires à tout-va, notamment sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et Moscou.
Mais en maintenant le contrôle du Sénat, les républicains gardent notamment la main sur les confirmations des nominations présidentielles à la Cour suprême.
Les deux chambres devront s’accorder sur le budget, ce qui promet d’âpres batailles.
Lui qui n’est jamais aussi convaincant que dans les combats, Donald Trump pourrait trouver dans les luttes au Congrès un terreau fertile pour sa campagne de réélection en 2020.
– Economie et immigration –
La carte électorale sénatoriale jouait grandement, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concernait des Etats majoritairement conservateurs.
A l’Université d’Irvine, 60 km au sud de Los Angeles, les électeurs se sont pressés en nombre.
John Savarese, étudiant en psychologie de 26 ans, a grandi à Fullerton, une ville d’Orange County réputée pour être très conservatrice. Mais il a voté démocrate. Ses parents sont des républicains convaincus, il est fiancé à une jeune fille d’origine mexicaine, Américaine de première génération: « Quand je vois les difficultés que sa famille endure en ce moment, je ne pouvais pas ne pas voter », explique-t-il à l’AFP.
Nicky Davidson, étudiante en biologie, 20 ans, a elle voté républicain au nom de ses « croyances chrétiennes » notamment. Donald Trump « fait les choses différemment, et c’est ça dont nous avons besoin », explique-t-elle.
Reprenant l’argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago, étant « extrêmement satisfait de l’économie ».
Le magnat de l’immobilier, qui avait commencé sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de « violeurs », a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration, n’hésitant pas à déployer des milliers de militaires à la frontière avec le Mexique.
« C’est une invasion », a-t-il martelé pendant des semaines, à propos des migrants d’Amérique centrale.
Electrique, secouée par la violence, cette campagne a aussi été marquée par un grand élan d’enthousiasme.
Jamais autant de femmes, ni de femmes issues de minorités, n’ont été élues au Congrès, surtout du côté démocrate où la colère anti-Trump s’est cristallisée dans un nouveau souffle politique.
La démocrate du Kansas Sharice Davids, avocate férue d’arts martiaux, est devenue la première Amérindienne élue au Congrès en l’emportant sur des terres conservatrices.
Ilhan Omar et Rashida Tlaib, respectivement du Minnesota et du Michigan, sont devenues les deux premières femmes de confession musulmane élues à la Chambre des représentants.
Grande première aussi dans le Colorado, où le démocrate Jared Polis est devenu le premier gouverneur ouvertement gay d’un Etat américain.
L’espoir démocrate Beto O’Rourke, qui avait reçu tardivement le soutien de la chanteuse Beyoncé, n’a pas réussi à créer la surprise au Texas. Le sénateur sortant Ted Cruz, auquel Donald Trump était venu prêter main forte, a été réélu à l’issue d’une course très serrée.