DIA- 04 janvier 2017: Les dernières émeutes et actes de vandalisme enregistrés dans certaines wilayas du centre du pays, notamment à Bejaia ont mis à nu la faillite de la communication gouvernementale, mais aussi l’absence quasi-totale de la classe politique.
Le gouvernement ne s’est mis à communiquer qu’après coup, c’est-à-dire après que des émeutes éparses, suivies d’actes d’incivisme eurent éclaté dans certaines localités du pays. Le gouvernement aurait pu anticiper et mener des campagnes de sensibilisation et d’explication aux citoyens au lieu de laisser le terrain à des spéculateurs ayant exploité ce vide dans la communication institutionnelle.
Le gouvernement à travers ses différents canaux a multiplié les déclarations dans lesquelles il a expliqué que les produits de première nécessité et dont les prix sont soutenus par l »Etat, ne sont pas touchés par les augmentations. Il s’agit notamment du lait et de la semoule dont les prix n’ont pas bougé et si augmentation il y a, cela est le résultat des spéculateurs et des commerçants malhonnêtes.
A titre d’illustration, le ministère des Travaux publics et des Transports n’a réagi qu’après l’augmentation des prix par des transporteurs privés, alors que les inspecteurs et contrôleurs du ministère du Commerce brillent par leur absence.
L’absence de l’Etat, dont le rôle est régalien, a permis aux spéculateurs de décider de leur propre gré des augmentations anarchiques. Les prix de plusieurs produits ont été revus à la hausse bien avant le 1er janvier 2017 au vu et au su des autorités, lesquelles ont laissé faire. Cela a encouragé les spéculateurs et les intermédiaires à imposer leur loi et à décider d’augmentation sur augmentation, ce qui a été exploité par des forces occultes pour se mêler à des grévistes pacifiques.
La classe politique s’est contentée du rôle de spectateur ou de donneur de leçon. A l’exception du Front des forces socialistes (FFS), les autres partis observent un silence incompréhensible. Le FFS a appelé la population de Bejaia à la vigilance pour déjouer les manœuvres des apprentis sorciers, exprimant son « inquiétude » de voir la situation dans cette wilaya « dégénérer » à la suite d’un appel anonyme à une grève des commerçants.
Même réaction du PT à travers son député Ramdane Youssef Tazibt, qui a réagit sur sa page facebook et à l’APN. Certains députés issus du FLN et du RND l’ont même empêché de parler de ce qui s’est passé à Bejaia.
De son côté, Amar Ghoul, président du parti Tajamou Al Jazair (TAJ) a demandé au Pouvoir d’ouvrir les voies du dialogue avec les citoyens. Les partis d’opposition, notamment les islamistes, ont relevé qu’ils avaient averti le Pouvoir quant aux dangers que présentaient les dispositions de la loi de finances de 2017. Toutefois, ils n’ont pas appelé d’une manière formelle, à l’exemple du FFS, la population à faire montre de vigilance du fait des aventuriers qui se mêlent aux jeunes émeutiers.
Ces partis politiques semblent avoir préféré adopter la position du «wait and see» en attendant de voir la direction du vent pour se positionner sur ces émeutes. Une attitude opportuniste dans la mesure où il s’agissait de prendre position en faveur de l’Algérie qui doit être préservée des plans machiavéliques des forces du mal. Les associations de la société civile ont également brillé par leur absence, à l’exception de l’Association des oulémas algériens, présidée par Abderrezak Guessoum, qui a appelé la population au calme.
Cependant, il faut rendre hommage aux citoyens anonymes qui multiplient les appels à travers les réseaux sociaux pour dissuader les Algériens de recourir à la violence. Ils ont rejeté toutes formes de violence pour exprimer leur mécontentement quant aux augmentations tous azimuts des prix.
Amir Hani