En difficulté, Aigle Azur abandonne ses vols vers le Portugal et se concentre sur l’Algérie
DIA-12 Août 2019: Aigle Azur la deuxième compagnie française, juste après Air France, a révélé dans un communiqué ses difficultés financières et annonce son plan de survie pour l’avenir. Après l’abandon de ses destinations brésilienne et chinoise, elle annonce son retrait du Portugal et se concentre sur l’Afrique et plus précisément sur l’Algérie, qui reste sa destination la plus rentable.
La compagnie aérienne emploie 1.400 travailleurs et utilise des avions qu’elle loue. Elle dispose de 9 Airbus A320 et 2 Airbus A330. Si Aigle Azur dessert essentiellement l’Algérie, elle a ouvert l’année dernière une ligne long-courrier Paris-Pékin, qui a été un échec. La ligne Paris-São Paulo risque elle aussi de fermer rapidement.
Selon Le Figaro, les propriétaires des avions qu’Aigle Azur loue souhaiteraient les récupérer car ils ne veulent pas prendre le risque de ne pas être payés. La compagnie répond que c’est faux, ajoutant qu’elle dispose d’une trésorerie de 25 millions d’euros et que tous les vols sont maintenus. Elle explique également qu’elle compte bien assurer tout son programme de vol.
Malgré l’entrée dans le capital en 2012 du groupe chinois HNA, à hauteur de 48%, la compagnie ne s’est pas ressaisie. Sa stratégie long-courrier a été un échec. Le groupe chinois HNA, propriétaire notamment de Hainan Airlines et de Hong Kong Airlines est en difficulté et David Neeleman, un entrepreneur américano-brésilien réputé dans le transport aérien, fondateur de plusieurs compagnies aériennes comme le transporteur brésilien Azul et actionnaire de TAP Portugal) pourrait se retirer du consortium. La compagnie française cherche un nouvel actionnaire pour sauver l’entreprise qui avait créée en 2001 par l’algérien Arezki Idjerouidène,
La compagnie a démenti les informations du Figaro ce jeudi, selon lesquelles elle était menacée d’être clouée au sol en raison de la volonté des sociétés de location d’avions de récupérer leurs appareils de peur de ne pas être payées, elle n’a pas nié avoir des difficultés « à l’instar d’un bon nombre d’acteurs du secteur, notamment en Europe », et a confirmé « travailler sur différents projets pour assurer sa pérennité à la fois sur le moyen et long terme ».
Certes, avec une trésorerie de 25 millions d’euros environ, Aigle Azur a de quoi passer l’été. Mais la situation s’annonce plus tendue pour l’hiver, période de basse saison. Surtout si la médiatisation de ses difficultés ralentit les prises de réservations, synonymes de rentrée de cash.
La compagnie aérienne Aigle Azur aurait trouvé un accord pour vendre à la low cost Vueling ses activités entre Paris-Orly et Faro, Funchal et Porto. Une expertise a été demandée par les représentants du personnel.
Après avoir tenté de rassurer ses passagers sur le maintien de son programme de vols à court terme, tout en reconnaissant ses difficultés financières, la deuxième compagnie française a selon La Tribune présenté aux représentant du personnel ce qui ressemble à un plan de survie. Il passerait notamment par la cession, « pour entre 15 et 30 millions d’euros », de ses trois routes entre l’aéroport de Paris-Orly et le Portugal à la low cost Vueling, filiale du groupe IAG aux côtés de British Airways, Iberia, Aer Lingus et Level. Une filiale serait créée avec un avion et « des personnels navigants volontaires » uniquement pour opérer sur cet axe, et serait ensuite revendue à Vueling – qui du coup récupérerait des créneaux de vol à Orly, où elle propose une quinzaine de routes dont justement Lisbonne et Porto. Ni Aigle Azur, ni IAG ou Vueling n’ont commenté cette information.
Outre cet abandon du Portugal, qui ferait suite à ceux de Pékin et Sao Paulo, Aigle Azur devrait recentrer ses activités vers CDG : Roissy accueillerait alors une partie du programme de vol vers l’Algérie, ceux vers le Mali et les charters, tandis que ne resteraient à Orly que certaines liaisons vers l’Algérie et celles vers Moscou et Kiev. L’expertise demandée par les représentants des quelque 1400 salariés ne devrait pas dépasser deux mois selon La Tribune, les syndicats d’Aigle Azur n’ayant pour le moment pas réagi – tout comme le Ministère de l’Economie qui surveille la situation via le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI).
La direction de la compagnie aérienne expliquait la semaine dernière qu’à l’instar de « bon nombre d’acteurs du secteur, notamment en Europe, Aigle Azur ne nie aucunement avoir des difficultés dans un contexte particulièrement difficile (flygscam, projet d’éco contribution, surcapacité hiver dernier en Europe, impact pétrole automne 18) ». La compagnie « travaille sur différents projets pour assurer sa pérennité à la fois à moyen et long terme. Son Comité d’Entreprise (CE) en est actuellement saisi et l’étudie dans les prérogatives qui sont les siennes. Toutes les forces vives d’Aigle Azur sont mobilisées pour assurer le transport, le confort et la sécurité de ses milliers de passagers ». Et elle annonçait un nouveau record pour le mois d’aout en cours « en termes de chiffre d’affaires, battant tous les précédents chiffres d’affaires mensuels réalisés ». Mais elle rappelait aussi qu’avec « l’appui et surtout les assurances de ses partenaires : le chinois Hainan Airlines (filiale de son actionnaire de référence le groupe HNA) et le brésilien Azul », le développement des vols longs courriers « était la meilleure réponse à apporter car garanti par ces partenariats et donc sans risques. Imprévisibles, des évolutions récentes dans le soutien apporté à Aigle Azur par ses actionnaires a mis à mal cette stratégie ». La vente à Vueling des vols activités vers le Portugal devrait permettre à Aigle Azur de compenser ces manquements de la part des actionnaires.
R.E
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