Grève à Air France: 75% des vols moyen-courriers au départ et vers Paris seront assurés
DIA-22 février 2018: Pilotes, hôtesses, stewards et personnels au sol d’Air France se mobilisent jeudi, avec une grève qui clouera au sol 50% des vols long-courriers, pour obtenir une augmentation générale des salaires de 6%, une revendication « déraisonnable » pour la direction.
La compagnie prévoit d’assurer au total « 75% de son programme », compte tenu d’un taux de grévistes « estimé à 28% ». Mais Air France annulera la moitié de ses vols long-courriers au départ de Paris.
75% des vols moyen-courriers au départ et vers Paris-Charles de Gaulle seront assurés et 85% des vols court-courriers, selon la compagnie, qui n’exclut pas « des perturbations et des retards ».
L’ensemble des syndicats représentatifs chez les pilotes (SNPL et Spaf) et les hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC et Unac), appellent à cesser le travail, ainsi que trois organisations au sol (CGT, FO et SUD) et trois non représentatives (Alter pour les pilotes, CFTC et SNGAF côté PNC).
Un rassemblement est prévu à 10H00 devant le siège de la compagnie à Roissy.
Un comité central d’entreprise (CCE) consacré à l’analyse des résultats financiers 2017 devait s’y tenir, mais la séance aura finalement lieu à Paris, pour éviter tout risque de débordement.
A l’origine du mécontentement, la revalorisation salariale appliquée en 2018, que les syndicats qualifient d' »aumône ».
A l’issue de deux séances de négociations, la direction a mis sur la table un projet d’accord prévoyant une augmentation générale – la première depuis 2011 – de 1% en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d’augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté…) de 1,4% pour les seuls agents au sol.
Accepté par deux syndicats minoritaires, la CFE-CGC et la CFDT, le texte a été invalidé par une majorité de syndicats, puis mis en œuvre de manière unilatérale par la direction.
– Revendication ‘irréaliste’ –
L’intersyndicale réclame une hausse de 6% des grilles salariales pour compenser la perte de pouvoir d’achat subie depuis 2011.
A l’heure où les comptes d’Air France s’améliorent, les efforts fournis par les salariés lors des précédents plans de restructuration (baisse d’effectifs, perte de jours de congés, etc.) doivent être récompensés, fait-elle valoir.
« Les salariés ont besoin de ce retour, de cette reconnaissance », a estimé Philippe Evain, le président du SNPL, mercredi soir sur RTL.
Le groupe Air France-KLM a affiché un bénéfice d’exploitation en hausse de 42% pour 2017 à 1,488 milliard d’euros, dont 588 millions d’euros pour la partie française.
« Si nos résultats se sont améliorés », ils restent « significativement en dessous de ceux de nos compétiteurs », a relevé mercredi le directeur général d’Air France Franck Terner devant la presse : « deux fois inférieurs à ceux de Lufthansa, trois fois inférieurs à ceux de British Airways ».
Tout en se disant « pleinement conscient des efforts faits » par le personnel, M. Terner a défendu un « équilibre réaliste » entre « une juste rétribution des efforts » et les « investissements » nécessaires.
Une augmentation générale de 6%, que la compagnie chiffre à 240 millions d’euros (40% du résultat), serait « déraisonnable et irréaliste », a-t-il insisté. Le PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, avait déjà fermé la porte aux revendications des grévistes.
M. Terner a rappelé que la compagnie avait « pour la première fois depuis 2011 débloqué les grilles » salariales et « surtout négocié un accord d’intéressement » à hauteur de « 130 millions d’euros ».
Au total, les 44.200 salariés d’Air France « percevront cette année entre 3 et 4,5% » de plus que l’an dernier, a affirmé le directeur général de la compagnie.
De leur côté, les syndicats menacent d’un mouvement plus dur « si la direction s’entête ». « La journée du 22 février n’est que le point de départ d’un rapport de force qui se construit », affirmait lundi l’intersyndicale.
Le SNPL, majoritaire dans les cockpits d’Air France (65% des voix), consulte d’ailleurs l’ensemble des pilotes jusqu’au 14 mars pour « recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail » pouvant dépasser six jours.