Les habitants de la Casbah en colère contre Zoukh
DIA-11 décembre 2017: C’est en tout cas ce que révèlent les photos postées sur les réseaux sociaux par les habitants de la Casbah et qui dénoncent l’abandon par les services publics de cette cité séculaire.
L’image la plus dramatique qui a été postée, représente le café mythique « Malakof » où passait Cheikh Mrizek et Cheikh Hadj M’hamed El Anka , en état de délabrement. Sur le mur du café maure on pouvait lire en arabe « Zoukh n’aime pas les habitants de la Casbah ». Cette citation traduit à elle seule la situation de mort annoncée de la cité el Mahroussa (La cité gardée).
Alors que la capitale et plus particulièrement les bâtiments du centre ville, sont restaurés et repeints, la vieille cité d’Alger , la Casbah , est abandonnée à la ruine et à la destruction. Aucun programme de restauration n’a touché l’ancienne ville. Les autorités locales, les mairies et la wilaya se sont empressées de dépenser des milliards pour l’embellissement de l’ancienne cité européenne: Les rue Ben M’hidi, Rue Didouche, El biar ou encore les rues qui aboutissent vers la place des martyrs et ont abandonné un héritage de plus de 300 ans d’histoire.
La Casbah qui a été classée par l’UNESCO comme patrimoine culturel mondial a été visiblement abandonnée par les autorités locales. Une attitude désolante dans un pays qui possède une histoire ancienne riche et n’en garde aucun héritage.
Selon certaines sources, c’était l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) qui était en charge de la Casbah pour la restauration de ses principales bâtisses, mais depuis deux ans c’est la Wilaya d’Alger qui a récupéré la gestion du patrimoine. Le ministère de la Culture a estimé à l’époque qu’il n’a pas assez de budget pour gérer toute la cité tout en prenant en charge les anciennes bâtisses à travers le pays. Seulement voila , la wilaya ne possède pas les experts et les architectes spécialisés en restauration.
Cette situation a conduit les anciens habitants de la Casbah à quitter leur cité pour habiter ailleurs. Alors que certaines grandes familles ont investi pour restaurer leurs bâtisses à leurs frais.
Dans un rapport établi en 2013, l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) avait fait un excellent travail et a établi que la Casbah d’Alger comptait à cette époque 554 bâtisses en état de dégradation avancée dont 188 dans un état de « dégradation extrême » et qui constituent une menace pour leurs occupants.
Le périmètre sauvegardé de la Casbah d’Alger a perdu 17% de son parc immobilier, soit 373 maisons disparues dont l’emplacement, resté nu, menace la solidité du reste des bâtisses, relève-t-on dans le rapport de l’OGEBC.
Selon le même rapport, 908 autres maisons sont actuellement « moyennement ou superficiellement dégradées », 120 bâtisses en ruine et 120 autres fermées ou murées, mais majoritairement squattées.
Le squat de ces bâtisses « classées dangereuses » entrave le lancement des travaux de restauration tel que prévu par le plan de sauvegarde, selon l’OGEBC qui affirme avoir demandé 514 logements provisoires et 793 définitifs auprès de la wilaya d’Alger sans obtenir de suite à ce jour.
Le rapport de l’office relève, en outre, que sur les 1816 bâtisses encore debout, 271 ont subi des surélévations récentes, 171 des surélévations datant de l’époque coloniale et 41 cas d’extensions illicites.
Par ailleurs, le rapport fait état de 72 constructions illicites, entre maisons et baraques érigées à l’intérieur du périmètre de la Casbah d’Alger et appelées à être « éradiquées ».
La casbah est transformée actuellement en cité dortoir pour les travailleurs de passage ou pour les immigrants sub-sahariens.
La Casbah a besoin à elle seule d’un « plan Marshall » pour la restaurer mais aussi pour l’embellir. La veille cité peut devenir un haut lieu de tourisme avec les anciens artisans, et les habitations ancestrales si la wilaya d’Alger daignait se pencher sur son dossier.
Salim Bey