Huit PDG en 12 ans : qui veut détruire Algérie Télécom ?
DIA- 22 avril 2016- 14h05: Le limogeage d’Azouaou Mehmel, traduit un grand malaise dans l’entreprise publique des télécoms, l’un des secteurs les plus stratégiques du pays après l’énergie, l’industrie et la défense. L’information qui a été donné par DIA hier dès midi et relayée par de nombreux médias ensuite, mais n’a été confirmé par l’APS qu’à partir de 19h00, dénote une grande crainte sur l’image de l’opérateur historique de l’entreprise. Dans ce communiqué, le Ministère des Ptic précise que la décision de « mettre un terme » au mandat de M. Mehmel a été prise pour « insuffler une nouvelle dynamique managériale au groupe ». Créée le 5 août 2000, à la faveur de la loi portant restructuration du secteur des Postes et Télécommunications, séparant notamment les activités postales de celles des télécommunications, AT n’est entrée en activité que le 1er janvier 2003. Leader sur le marché algérien des télécommunications, l’activité majeure de l’entreprise était de fournir des services du téléphone et de l’internet par ADSL. Selon un bilan établi en 2015 par l’Autorité de régulation de la poste et télécommunications (ARPT), le nombre d’abonnés d’AT pour le téléphone fixe a atteint 3,267 millions et 1,838 million pour l’internet ADSL. Sur le plan de la gestion, l’entreprise a connu de nombreux bouleversements et déstabilisation qui ont mis à mal cette institution convoitée de nombreux opérateurs étrangers.
Que reproche-t-on Azouaou Mehmel ?
Au moment où il venait créer la première structure d’Algérie Telecom à l’étranger : Algérie télécom Europe, annoncé par la ministre des PTIC Houda Feraoun lors d’une émission sur Echourouk News, on limoge son PDG. Que reproche-t-on exactement à Mehmel ?
Un cadre bardé de diplôme : Ingénieur en électronique à l’Université des Sciences et de la Technologie d’Alger (1989), Mastère Européen en Réseaux de Transmission et Datacoms Optiques (ERTDO), ENST Bretagne France (2002). Directeur des transmissions à Mobilis de 2006 à 2008. En 2009, il est choisi auprès du PDG d’Algérie Télécom, en qualité de Conseiller en charge de la réhabilitation des réseaux de télécommunications ensuite comme Chef de la Division des Opérations au Pôle Djaweb Services où il était chargé de la gestion technique de l’infrastructure ADSL, notamment sur le plan du déploiement et de l’exploitation et maintenance. Azouaou Mehmel a même dirigé d’Algérie Télécom Mobile (Mobilis) de 2010 à 2012. Pourquoi c’est maintenant qu’on se rend compte qu’il n’a pas l’étoffe d’un manager? Il faut dire que le courant ne passait pas entre la ministre Houda Feraoun et le PDG d’Algérie Télécom. Ce dernier n’a pas accompagné la ministre lors de ses dernières sorties. Lors d’une visite à Bejaia, la ministre avait sévèrement sermonné le PDG d’AT devant ses propres employés. C’était la goutte qui a fait déborder le vase. Au siège d’Algérie Télécom, il avait beaucoup d’ennemis, dés l’annonce de son limogeage, plusieurs youyou et cris avaient salués sa mise l’écart. Son tord c’était d’avoir supprimer quelques avantages devenus coûteux pour l’entreprise publique en ses temps d’austérité.
Algérie Télécom a consommé huit PDG en 12 ans d’existence
Depuis sa mise en service en 2003, Algérie Télécom a consommé huit PDG en 13 ans d’exercice de 2003 à 2016 soit en moyenne un PDG tous les deux ans: Messaoud Chettih 2002 à 2004, Brahim Ouarets de 2004 à 2006, Khireddine Slimane de 2006 à 2008, Mouloud Djaziri de janvier à mai 2008, Moussa Benhamadi de 2008 à 2010, Mohamed Dabouz mai 2010 à août 2011, Hachemi Belhamdi d’aout 2011 à mars 2012 et enfin Azouaou Mehmel de mars 2012 à avril 2016.
Trois PDG mis en prison, un promis ministre et deux limogés
Si un des PDG a eu une promotion : Moussa Belhamadi a quitté son poste de PDG en 2010 pour celui de ministre des PTIC, les autres PDG ont traversé un grand désert : Trois d’entre eux ont même fait de la prison : L’ancien PDG d’Algérie Télécom, Slimane Kheireddine, a été condamné, le 20 octobre 2009, à cinq ans de prison ferme par le tribunal de Sétif, alors que l’autre PDG du groupe, Mouloud Djazaïri, a été condamné à trois ans de prison ferme dans la même affaire. Mais c’est Brahim Ouarets, qui a été plus affecté par l’arme de la justice, il a été condamné en mars 2007 à sept ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende pour dilapidation de fonds publics et transactions illégales. Sa première condamnation était de 5 ans. Elle a été augmentée de deux ans après l’appel de la décision formulé par son avocat. Atteint de diabète, l’ancien PDG d’AT Brahim Ouarets, qui avait battu Lacom dans le téléphone sans fil, qui avait contribué à donner une envergure internationale à Algérie Télécom, au point où France Télécom s’y intéresse, a été amputé d’un doit et a perdu un semblant de sa vue. Cette mise au pilori des trois PDG d’Algérie Télécom par les autorités, a contraint leurs poursuivants à faire profil bas et surtout à surveiller toutes les transactions. A l’heure ou nous publions cet article, la photo de Mehmel est toujours sur le site de l’opérateur historique, entant que PDG d’Algérie Télecom. Pire encore, aucune allusion et aucune trace des différents PDG qui avaient occupé le poste auparavant, comme si qu’ils n’ont jamais existé dans l’historique du personnel de l’entreprise.
Un nouveau PDG d’Algérie Télecom introuvable sur le Net
Mieux encore, aucune biographie ni photo du nouveau Directeur par Intérim M.Mohamed Sbaa n’est disponible sur internet ni sur le site du ministère des PTic. Même l’APS a diffusé l’information de sa nomination sans sa photo, c’est dire l’opacité dans laquelle prévaut cette entreprise névralgique du pays. Et pourtant ce ne sont pas des militaires ou des gens services pour être invisibles. Au contraire avec les nouvelles technologies, ils doivent manifester un grand intérêts pour la transparence.
Le nouveau directeur d’Algérie Télécom qui est ingénieur en télécommunications de formation et qui a occupé plusieurs de responsabilités comme chef de la Division des Opérations et du Développement des Réseaux, ne possède ni compte Twitter officiel, ni compte facebook visible. Son profil professionnel sur linkedin est verrouillé, démontre la crainte des responsables d’Algérie Télécom d’être visible et accessible.
Salim AGGAR
@salimaggar