Idir, le père « d’Avava Inouva »chantée dans 77 pays s’est éteint
DIA-03 mai 2020: Le grand chanteur Idir, est mort samedi à Paris à l’âge de 70 ans, a connu une carrière internationale. Sa chanson en langue « Vava Inouva » a fait le tour du monde.
Le chanteur Idir, qui fut l’un des principaux ambassadeurs de la chanson kabyle à travers le monde, est mort, samedi 2 mai, à l’âge de 70 ans, a annoncé sa famille sur les réseaux sociaux. Hospitalisé vendredi à Paris, il a succombé à une maladie pulmonaire et devrait être enterré en région parisienne, selon son entourage.
« Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père [à tous], Idir, le samedi 2 mai à 21 h 30. Repose en paix, papa », est-il écrit dans un message publié sur la page Facebook officielle du chanteur, installé en France.
« J’ai appris avec une immense tristesse la nouvelle du décès » d’Idir, « une icône de l’art algérien », a salué dans un tweet le président de la république, Abdelmadjid Tebboune. « Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments. »
Malgré une discographie peu abondante, avec sept albums studio depuis A Vava Inouva (1976), portant le nom de son plus fameux titre, diffusé dans 77 pays et traduit en quinze langues, plus une compilation et un enregistrement public, il est devenu l’un des ambassadeurs de la chanson kabyle. Il remplissait les salles, où qu’il passe. Sa popularité dépassait ainsi largement la communauté.
« La chanson m’avait choisi »
Fils de berger, né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, un village de Kabylie, Idir — de son vrai nom Hamid Cheriet — fait figure de héros pour la communauté kabyle, dont il n’a eu de cesse de défendre l’identité et la culture.
Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur la Radio chaîne 2 change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara et sa chanson « Vava Inouva » fait le tour du monde à son insu pendant qu’il fait son service militaire. A Vava Inouva (« papa Inouva ») est une berceuse, composée par Idir et Mohamed Ben Hamadouche dit Ben Mohamed, pour Nouara. À la suite d’un empêchement de cette dernière, le titre fut interprété à la radio algérienne par Idir lui-même, jeune musicien encore complètement inconnu, accompagné par la chanteuse Mila. Le succès fut immédiat. La chanson galvanisa la population algérienne, et même au-delà, le titre galvanisa les populations maghrébines. L’orchestration en était très simple, associant essentiellement des guitares acoustiques aux voix, dans un style rappelant la musique folk telle qu’interprétée par Joan Baez quelques années auparavant.
« Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontait en 2013 Idir, imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne.
Quand il quitte l’Algérie pour venir s’installer à Paris, en 1975, c’est sur la suggestion de la maison de disques Pathé Marconi. Il avait terminé son service militaire, ses études (DEA de géologie). « Je suis venu enregistrer un 33-tours avec A Vava Inouva, qui a bien fonctionné, et j’ai commencé à envisager de rester ici puisque la chanson m’avait choisi, mais toujours avec une valise prête à partir dans ma tête. »
Il disparaît de la scène pendant dix ans de 1981 à 1991, mais sa carrière est ensuite relancée.
A l’automne 1999, profitant de l’élan donné par ses compatriotes Cheb Mami et Khaled, il signe son retour discographique avec l’album « Identités », où il propose un mélange de « Chââbi », la musique algéroise, et de rythmes empruntés aux genres occidentaux.
En 2007, il avait publié l’album La France des couleurs, en pleine campagne pour l’élection présidentielle française marquée par des débats sur l’immigration et l’identité.
Après une absence d’une trentaine d’années, le maître de la chanson kabyle a présenté en tournée en Algérie son album « Ici et ailleurs », composé en majorité de duos, en 2017.
« La culture kabyle n’est ni pire ni meilleure qu’une autre. Ce sera à ses enfants de vouloir qu’elle vive ou qu’elle ne vive pas », avait déclaré le chanteur Idir en avril 2018, lors de son passage à l’Olympia de Montréal.
Il était le chanteur algérien le plus connu dans le monde avec Khaled. Il a chanté en duo avec les plus grands Charles Aznavour, Johnny Clegg, Manu Chao, Dan Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès.
En octobre 2017 il annonce qu’il va revenir chanter en Algérie lors d’une date unique : le 4 janvier 2018 (pour le nouvel an berbère Yennayer). Ce concert, qui aura lieu à la coupole d’Alger, marquera, après une absence de 38 ans, son retour sur scène en Algérie.
En janvier 2019, un concert est organisé sur la scène de l’AccorHotels Arena à Paris pour fêter le nouvel an berbère, Yennayer 2969. Ce concert réuni les trois stars de la chanson kabyle, Aït Menguellet, Allaoua et Idir pour la première fois.
Avec Djamel Allam il était considéré comme le chanteur qui a imposé la chanson kabyle à la télévision et à la radio, au moment où plusieurs autres chanteurs Kabyles sont bannis
Idir, qui avait été hospitalisé vendredi à Paris, a succombé à une maladie pulmonaire et devrait être enterré en région parisienne, selon son entourage proche.
Amel Bouchaib