Kamel Daoud et son roman « Houris » favori des critiques littéraires pour le Goncourt 2024
DIA-03 novembre 2024: Le plus prestigieux des prix littéraires francophones doit être décerné à l’un de ces quatre auteurs à la mi-journée au restaurant Drouant à Paris, comme le veut la tradition depuis l’édition 1914 du Goncourt.
Cette élection, décidée par dix jurés, risque d’être serrée entre deux fictions, Houris (éditions Gallimard), sur les massacres de la «décennie noire» algérienne, et Jacaranda (éditions Grasset), sur l’après-génocide au Rwanda.
D’après six journalistes littéraires interrogés par Livres Hebdo, Kamel Daoud part favori. Ils sont cinq à le voir couronné, dont l’une d’entre elles qui avance que deux jurés «auraient récemment viré de bord», au profit de l’auteur franco-algérien.
Dans le milieu de l’édition parisien, on entend ce même pronostic revenir très souvent. «Kamel Daoud l’aura, pour des raisons non pas littéraires, mais politiques», selon un éditeur qui parlait sous couvert d’anonymat.La décision de l’Algérie d’interdire aux éditions Gallimard le Salon international du livre d’Alger, du 6 au 16 novembre, pourrait avoir joué en sa faveur.
« Recours »
D’après un autre éditeur, Gaël Faye aurait «le profil du Goncourt idéal». À savoir très populaire, auteur d’un best-seller adapté au cinéma (Petit pays), et, ce qui serait une première dans un palmarès dominé par les écrivains bourgeois d’un certain âge, musicien, chanteur et slameur.
Les deux romancières du dernier carré, Sandrine Collette avec Madelaine avant l’aube (éditions JC Lattès) et Hélène Gaudy avec Archipels (éditions de L’Olivier), sont des outsiders. «Elles peuvent servir de recours si le jury n’arrive pas à se mettre d’accord. Surtout Sandrine Collette», estime une éditrice. La romancière qui a fait ses gammes dans le roman noir fait figure de favorite pour le quotidien Le Parisien, qui a aimé son histoire d’enfant sauvage dont l’arrivée bouscule un village.
Donnée importante : les deux dernières finales sont allées jusqu’au maximum des 14 tours, avec cinq voix pour un prétendant, et cinq voix pour l’autre. Dans ce cas, la voix du président du jury compte double, en l’occurrence Didier Decoin en 2022 et 2023. Or ce président a changé. Philippe Claudel, élu à cette fonction en mai, en privé, a laissé comprendre qu’il ferait tout son possible pour éviter ce scénario.
Il pourrait pousser vers une solution négociée si jamais le premier tour devait donner cinq voix à un prétendant et cinq voix à un rival. Autre donnée à prendre en compte: lors de ces deux élections en 14 tours, les éditions Gallimard avaient été battues.