Kamel Daoud visé par deux mandats d’arrêt internationaux
DIA-06 mai 2025: L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud fait l’objet de deux mandats d’arrêts internationaux émis par un juge du tribunal d’Oran, ville de l’ouest de l’Algérie, a rapporté Le Figaro ce mardi 6 mai, confirmant une information du Point. Le premier mandat a été émis par Interpol Algérie en mars dernier, et le second lui a été envoyé au début du mois de mai.
Me Jacqueline Laffont, l’avocate de Kamel Daoud affirme qu’une «requête préemptive sera donc déposée sans délai auprès de la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol pour s’opposer à la diffusion de ces mandats d’arrêt ».
C’est la première fois qu’un récipiendaire du prix Goncourt dont Kamel Daoud a été le lauréat en 2024 pour son roman Houris, qui relate l’histoire d’une jeune femme rescapée de la décennie noire (1992-2002) en Algérie – fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour son œuvre. Car l’auteur est depuis plusieurs mois la cible de multiples plaintes, toutes liées à son livre.
L’une d’elles, qui justifie probablement ces mandats d’arrêt, a été déposée auprès du tribunal d’Oran pour «violation de la loi sur la réconciliation nationale». Cette poursuite se fonde sur une loi de 2005, adoptée sous le régime du président Bouteflika, qui prévoit une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans contre «quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international».
Une autre plainte pour «atteinte à la vie privée» a été déposée en novembre 2024 auprès du tribunal d’Oran, par une femme accusant Kamel Daoud de s’être inspiré de son histoire personnelle, sans son consentement et en violant le secret de son dossier médical, pour écrire Houris. L’écrivain a toujours contesté ces accusations, martelant que son œuvre est une fiction inspirée de son travail sur le terrain, en tant que journaliste au Quotidien d’Oran, dans les années 1990. L’écrivain est d’ailleurs convoqué ce mercredi 7 mai au tribunal de Paris pour une première audience dans ce dossier.