La France sous haute sécurité en prévision du match France-Maroc

DIA-14 décembre 2022: « Que le Maroc perde ou gagne, des débordements sont à prévoir » : en livrant ce constat, ce responsable policier ne cède pas au pessimisme. À l’instar des cadres des forces de l’ordre, il se fonde juste sur une lecture lucide du contexte à haute tension dans lequel se disputera la demi-finale de la Coupe du monde, où la France va jouer gros. «Au-delà du Maroc, c’est toute la communauté du Maghreb qui entend profiter de cet événement pour exalter la fierté du monde arabe, souffle un analyste. Plus la compétition avance, plus se propage le message d’une victoire du continent africain sur un certain nombre d’anciens pays colonisateurs ». Après les défaites de la Belgique, l’Espagne et du Portugal, c’est la France qui va donc se trouver en première ligne.

Risque de tension

Au total, pas moins de 70 unités de forces mobiles (escadrons de gendarmerie et CRS) ont été appelées en renfort à travers tout le territoire. Au total, ce sont donc 5 000 hommes de plus qui viendront compléter un maillage territorial déjà « durci » par les patrouilles de sécurité publique et les brigades anticriminalité. Les autorités savent qu’elles n’auront pas le droit à l’erreur. En amont, il a été demandé aux préfets d’organiser « des opérations de visites » dans les caves et sur les toits des immeubles pour saisir des mortiers d’artifice, pétards ou objets dangereux.

Les stratèges de la place Beauvau savent à quoi s’en tenir et prennent leurs précautions. Les quarts de finale ont envoyé un premier signal samedi dernier : les victoires du Maroc et de la France ont donné lieu à des scènes de liesse, avant que la fête dérape en seconde partie de soirée avec des violences commises sur les forces de l’ordre dans le secteur de l’Étoile et des Champs-Élysées, à Paris, mais aussi dans plusieurs villes de France dont Mulhouse, Montpellier, Lille et Roubaix. Cibles de projectiles et de mortiers d’artifices, une trentaine de policiers ont été blessés dans ces régions et plus de 170 casseurs ont été interpellés sur tout le territoire. À Paris, où une centaine de personnes ont été arrêtées, les « trois-quarts étaient des Français », a fait valoir Gérald Darmanin.

Le risque de tension sera d’autant plus fort ce mercredi que, selon nos informations, des groupuscules d’ultra-droite pourraient se mobiliser en réaction. Ainsi, à Strasbourg, des activistes gravitant dans la mouvance de l’ex Génération identitaire ont annoncé leur intention d’organiser des patrouilles pour ne pas laisser les rues se faire « envahir ». À quelques heures du coup d’envoi, policiers et gendarmes n’ignorent rien du match qui les attend.