L’Algérie pour mémoire au CCA de Paris: Henri Alleg, « La question » non encore élucidée - DIA
36115
post-template-default,single,single-post,postid-36115,single-format-standard,qode-listing-1.0.1,qode-news-1.0,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_grid_1400,footer_responsive_adv,hide_top_bar_on_mobile_header,qode-content-sidebar-responsive,transparent_content,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-4.12.1,vc_responsive

L’Algérie pour mémoire au CCA de Paris: Henri Alleg, « La question » non encore élucidée

DIA-30 Septembre 2018: Coïncidant avec les récentes déclarations du président de la république française Manuel Macron ayant trait à la pratique de la torture en Algérie, et notamment avec la reconnaissance de l’assassinat du martyr algérien Maurice Audin – reconnaissance tardive mais  néanmoins effective -, le centre culturel algérien de Paris a initié depuis le 21 septembre un hommage à Henri Alleg en commémoration de la parution, en février 1958, de « La question », un « texte essentiel dans lequel le journaliste Henri Alleg témoigne des tortures qu’il a subies à Alger comme tant d’autres Algériens et anticolonialistes engagés dans la lutte pour l’Indépendance. » Organisé en partenariat avec l’association « Art et Mémoire » dirigée par madame Anissa Bouayed, ce cycle comprend une exposition de peinture qui durera jusqu’au 10 novembre, regroupant de nombreux artistes anciens et contemporains, qui ont tenu à dénoncer cette barbarie coloniale par leur art et dont, Aksouh, Myriam Ben, André Masson, Lapoujade, Ernest Pignon Ernest et Mustapha Sedjal ; des documents et éditions originales de « La Question », « La Gangrène », « Pour Djamila Bouhired » et de la poésie à travers, entre autres, Djamel Amrani, Mohamed Dib, Assia Djebar, Anna Greki et Bachir Hadj Ali. La soirée du 25 a vu la projection du film  de Christophe Kantcheff intitulé « Henri Alleg, l’homme de La Question » qui a suscité des réactions et un débat avec le public présent. Un autre débat, passionnant et passionné, a également eu lieu en cette soirée du 27 septembre autour de la thématique « La Question, un texte nécessaire contre la torture », une rencontre qui a vu la participation de Nils Anderson, éditeur suisse de La Question après la censure de la publication des Editions de Minuit ;  Alain Ruscio, historien spécialiste de l’histoire coloniale et Gilles Manceron, historien et membre de la Ligue des droits de l’homme. Nils Anderson est revenu un peu sur la situation coloniale de l’époque et les étapes par lesquelles la Guerre d’Algérie est passée, sur le plan national, puis international dès la parution de La Question, un texte fondamental qui a permis de dénoncer à large public la pratique de la torture, comme le soulignera Alain Ruscio qui brossera à son tour le tableau de cette France indifférente et insouciante qui ne savait pas ou ne voulait pas savoir ce qui se passait dans cette autre partie française qu’était l’Algérie. Il rappellera cette manifestation de Belleville qui n’eut pas un gros effet, ces exactions françaises commises par ces « terroristes européens » qui avaient eux d’abord commencé les horreurs des massacres avant de voir les Algériens y répliquer pour se défendre ou se venger ; Ruscio tiendra à souligner aussi que le mot « Fellaga » est d’abord né en Tunisie avant de se voir utiliser pour désigner les combattants algériens et abordera beaucoup d’éléments cruciaux pour la compréhension de cette période coloniale qui n’a pas dévoilé tous ses secrets et qu’il a pu déceler à travers ses nombreuses recherches,  qui ont d’ailleurs donné lieu, nous dira-t-il, à un nouvel ouvrage qui paraitra en octobre prochain relatif aux rapport des communistes avec la guerre d’Algérie. L’historien Gilles Manceron, dans son intervention, abondera dans le même sens que ses collègues en rappelant toutefois cette imprégnation dans la tête des Français de l’époque de la « Supériorité des races », de la « hiérarchisation des espèces », leçons enseignées à l’école pourtant se prétendant « républicaine et laïque » ; un énorme travail de prise de conscience et de dénonciation du fait colonial et de ses pratiques abjectes et inhumaines était donc nécessaire, d’où l’importance du texte de Henri Alleg qui est paru dans des conditions très difficiles, voire impossibles, mais qui a pourtant pu voir le jour grâce à cet éditeur courageux qui a pris tous les risques – Les Editions de Minuit – alors que beaucoup d’autres avaient refusé avant lui. Une publication qui s’est vu interdite au bout d’un mois en France mais qui a resurgi en Suisse peu après grâce à Nils Anderson présent aujourd’hui à cet hommage-souvenir-mémoire car, comme le soulignera Alain Ruscio et ses amis présents, Henri Alleg, Maurice Audin, Raymonde Peschard, Catherine Guerroudj et beaucoup d’autres noms encore sont ces  «  Algériens » à qui ont doit tous Respect, Considération, Reconnaissance ; que l’Histoire ne doit pas oublier et que la Mémoire ne doit pas effacer…

Samira Bendris-Oulebsir

0Shares