L’armée française derrière le blocage des archives de la guerre d’Algérie
DIA-25 janvier 2021: Enchaînant sur la question relative à la levée du secret-défense sur les archives, M. Manceron a relevé que des forces au sein de l’armée française sont derrière le « blocage », signalant qu’il y a aujourd’hui une bataille menée par de nombreux historiens, archivistes et juristes pour s’ériger contre ceux qui « veulent empêcher la libre communication des archives, prévue par la loi, au prétexte d’un processus complexe de +déclassification+, document par document, par les institutions qui les ont émis, c’est-à-dire le plus souvent l’armée ».
« Encore aujourd’hui, il y a dans l’armée française des forces qui s’opposent à la reconnaissance et à la vérité sur cette page de notre passé. C’est de là que vient le blocage », a-t-il relevé.
Toutefois, a-t-il ajouté, « il y a d’autres forces dans la société française qui demandent la reconnaissance et la vérité sur cette page de notre histoire », soulignant que ces « forces l’emporteront tôt ou tard. J’espère bientôt ».
« La demande de connaissance et de vérité sur la lutte d’indépendance nationale qui se manifeste actuellement dans la société algérienne, va dans le même sens que ce combat d’une partie de la société française », a-t-il conclu.
Il est vrai que l’institution qui se charge des archives du ministère de la défense française l’établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), l’équivalent de l’INA de l’armée française. Les fonds de l’ECPAD sont riches de plus de 13 millions d’images et 36 000 titres de film. Le fond archives de la guerre d’Algérie est composé de 163 474 photographies et 1 200 titres de films 1945-1964.
Les images ont été prisent essentiellement par des éléments de l’armée française du SCA (Service cinéma des Armées) et dispatché en quatre catégories. L’ensemble « Algérie » (référence ALG) est composé de la production de la section d’Alger du SCA, réalisée entre 1945 et 1964. Les photographies correspondantes étaient très largement diffusées aux organismes de presse de l’époque. Les opérations de maintien de l’ordre de 1954 à 1962, la vie quotidienne d’unités très variées y occupent une place centrale. Les photographies aériennes offrent une bonne étude sur les divers paysages algériens. Enfin, des reportages englobant plus de trois mille photographies concernent les sites de Reggane et d’In Ecker, où furent effectués les premiers essais nucléaires français, ainsi que Hammaguir, où furent lancées les premières fusées spatiales.
L’ensemble « Bled » (référence BLED) est constitué de reportages effectués pour illustrer les articles de la revue Le Bled, éditée à l’attention des troupes servant en Algérie, soit 13 468 clichés riches d’une iconographie centrée sur la vie quotidienne des unités.
L’ensemble « Flament » (référence FLA) se compose de clichés pris par le sergent-chef Marc Flament qui accompagna le colonel Bigeard au sein du 3e régiment de parachutistes coloniaux (RPC) durant le conflit. La vie quotidienne de la population, les combats des troupes aéroportées coloniales (principalement les 3e et 8e RPC), ainsi que les opérations de maintien de l’ordre durant la bataille d’Alger, constituent l’ossature thématique du fonds.
La partie cinématographique du fonds comprend les magazines réalisés par le SCA (Magazine militaire Algérie-Sahara, Magazine des armées) et des films documentaires relatifs aux opérations militaires, au patrimoine, aux événements politiques locaux, aux actions civilo-militaires et au domaine économique (références SCA). L’ECPAD conserve aussi les épreuves de tournage (référencées ACT) qui constituent une source précieuse, car souvent inédite, de recherche.