Le journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, accusé de travailler pour le Makhzen marocain (Vidéo) - DIA
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Le journaliste de BFMTV Rachid M’Barki, accusé de travailler pour le Makhzen marocain (Vidéo)

DIA-02 février 2023: La direction de BFMTV a lancé une enquête interne pour comprendre l’origine de contenus diffusés par la chaîne dans des circonstances troubles. Au moins l’un porte sur le Maroc, a rapporté un média français auprès de multiples sources internes.

Une dizaine de contenus suspects ont été identifiés. Selon une source au fait de l’enquête, la direction s’interrogerait aussi sur l’influence d’autres États.

Plus précisément, des images et propos n’ayant pas suivi les circuits de validation habituels ont été diffusés pendant l’émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d’influence dont l’origine n’a pas été officiellement identifiée, selon une dizaine de sources internes informées de l’audit.

Des auditions ont notamment été lancées auprès des collègues du présentateur Rachid M’Barki, qui n’est plus apparu à l’antenne depuis la mi-janvier.

“Une enquête interne a été ouverte il y a deux semaines suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne”, a confirmé auprès du site POLITICO Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice média, la maison mère de BFMTV. “Ce journaliste est en dispense d’activité depuis le début de cette enquête et pour tout le temps de cette enquête. BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes”, a-t-il déclaré.

Contacté, Rachid M’Barki explique avoir “utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs” et qui n’ont “pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction”. Le journaliste nie toutefois tout caractère intentionnel : “Elles étaient toutes réelles et vérifiées, je fais mon métier. (…) Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait.”

« Faire briller le Maroc »

Une réunion d’urgence a été organisée par la direction des ressources humaines à la suite des révélations de POLITICO jeudi matin, afin de communiquer de premiers éléments sur l’enquête. Aucune information sur l’origine des contenus suspects n’a cependant été communiquée à ce stade. L’enquête fait l’objet de nombreuses spéculations en interne.

Plusieurs membres de la rédaction ont en tête la diffusion d’un reportage présenté par Rachid M’Barki, à propos du forum économique de Dakhla, une ville du sud du Maroc où se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022.

Sur fond d’images promotionnelles de l’événement, le présentateur y fait référence au « réchauffement des relations diplomatiques » entre l’Espagne et le Maroc, facilité, dit-il, par la « reconnaissance espagnole du Sahara marocain ». Une expression inhabituelle dans les médias français pour faire référence à la situation du Sahara occidental, au cœur d’une grave crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. Le Maroc fait pression sur la France pour qu’elle sorte de la position de neutralité qu’elle a jusqu’ici préféré adopter sur la question.

En juillet 2019, Rachid M’Barki était invité à une célébration du 20e anniversaire de l’accession au trône du roi du Maroc. D’origine marocaine, le journaliste y parlait de ses liens avec le pays dans un entretien vidéo mis en ligne par le média marocain Le 360, considéré comme proche du makhzen.

Interrogé sur sa participation à un rapprochement « à travers des ONG » entre la France et le Maroc, le journaliste affirmait vouloir « rester très discret là-dessus », ajoutant : « J’essaye d’agir à ma manière à mon petit niveau pour faire briller le Maroc. »

Le directeur général de la chaîne Marc-Olivier Fogiel avait communiqué auprès de la société des journalistes mi-janvier, avant d’officialiser plus largement l’audit.

« J’ai eu très peu de détails, j’ai juste su qu’il y avait une enquête en cours, une ingérence possible d’un Etat et la diffusion de trucs qui n’auraient pas dû l’être », nous précisait hier un membre de la société des journalistes.

La nouvelle intervient alors qu’un scandale de corruption et d’ingérence étrangère présumé secoue le Parlement européen et soulève des questions sur d’éventuelles ramifications dans différentes capitales européennes. Plusieurs eurodéputés et ex-eurodéputés sont soupçonnés par la justice belge d’avoir reçu des pots-de-vin pour soutenir des positions favorables à certains Etats étrangers, dont le Qatar et le Maroc.

Si la direction de BFMTV refuse pour l’instant de se prononcer sur une éventuelle ingérence étrangère, elle se dit prête à prendre “toutes les mesures à la fois juridiques, judiciaires, individuelles et d’organisation si nécessaire, selon les résultats de cette enquête”, explique Hervé Beroud.

Contactée au sujet d’une éventuelle opération d’influence, l’ambassade marocaine à Paris ne nous a pas encore répondu.

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